Les réponses qu'on espère . 18" J'suis parti sans dire "au revoir", je reviendrai sûrement sans dire "bonjour" "
Au revoir, Dinos
Jeudi 12 octobre 2023,
Centre pénitentiaire de Vendin-le-Viel ( Pas-de-Calais )
- Il y a quelque chose de jouissif à regarder un homme rendre son dernier souffle. Un peu comme au lit avec votre partenaire, c'est une multitude des choses qui mènent à cette extase finale qui est l'agonie de ces garçons.
André s'arrêta un instant, un sourire froid et figé, le regard suspendu dans le vide d'un air presque nostalgique avant de lâcher un bref rire rempli de complaisance.
- Ce moment où on leur promet que s'il se montre gentil alors il pourra repartir. Ça m'a toujours fait rire de les voir autant naïfs. Faut croire que le désespoir peut faire perdre le peu de bon sens que l'on a, vous ne pensez pas ? Demanda-t-il en fixant le journaliste en face de lui.
Le journaliste gardait son sang-froid et demeurait de marbre, tenant fermement son enregistreur entres les doigts.
- Ils sont soudain moins fiers quand ils comprennent que peu importe les larmes, les supplications, les promesses et les voix mielleuses, ils ne sortiront pas vivants de là. J'aime les voir en prendre conscience et déceler ce dernier espoir disparaître dans leurs yeux. D'ailleurs, jusqu'au dernier souffle, ils y croient. Ils croient réellement qu'une personne va traverser la porte et qu'ils n'iront pas rejoindre les autres. Vous avez des garçons Raphaël ? Demanda soudainement l'homme d'un air emballé et enthousiaste.
- Non. Je n'ai pas d'enfants.
- J'ai deux fils. Ils ont presque votre âge. Marc a trente-deux ans maintenant et Hugues, vingt-neuf ans. Ce sont de bons garçons et quand ils étaient petits, je les prenais avec moi au travail.
- Dans votre cabinet de vétérinaire ? S'assura le journaliste en connaissant déjà la réponse.
- Oui. Marc voulait devenir vétérinaire comme papa. Il disait qu'il voulait comme moi sauver les animaux et Hugues adorait suivre son grand-frère. Ils ne se disputent jamais et Marc est un grand-frère merveilleux. Jamais. Jamais je n'ai vu mes deux garçons se disputer. Ils s'adorent tellement. C'est de bons gamins, mais ça, je vous l'ai déjà dit, sourit-il avec un air presque humain sur le visage.
- Ils vous manquent vos fils, n'est-ce-pas, André ? Demanda volontairement le journaliste qui voulait à tout prix le pousser dans ses retranchements.
L'homme de cinquante-neuf ans changea presque immédiatement de visage et soudain, une rage indescriptible survint dans ses yeux et sa posture changea également.
- Je suis enfermé ici donc c'est normal que je ne puisse plus voir mes gamins, mais ce sont de bons garçons, dit-il en déviant son regard de son interlocuteur.
- J'ai été visité les tombes de vos garçons, lâcha volontairement le journaliste.
Cette fois-ci, il remarqua que la rage déborder de tout part comme s'il ne parvenait plus à la contenir. Le journaliste connaissait le dossier de ce tueur en série par cœur et savait parfaitement que c'était le seul sujet qui parvenait à le sortir de ses gonds.
- Vous n'aviez pas le droit, s'emporta André d'une voix grave et enragée.
André, bien que menotté, les gardiens gardaient un œil sur lui afin d'intervenir dès l'instant où le journaliste aurait été en danger.