Ils ne nous ont jamais aimés . 24

81 8 2
                                    




Mes frères . 24


" J'vois tout c'que j'ai pas et j'dis pas tout c'que j'sais "

Mack le Bizz Freestyle, Dinos









« Toute sa vie, Anatole voulait qu'on le voie, mais pour la première fois de sa vie, il comprit que tout le monde le voyait, mais qu'on avait choisi de ne pas le regarder.

Parce qu'il y a quelque chose de dérangeant dans la douleur des autres. La détresse des autres fait peur surtout quand on pèse ce que l'on a perdre en mettant sa tranquillité en danger pour peut-être même pas arriver à sauver cette personne dans l'impasse. Alors on compatit, mais on n'ira jamais jusqu'à sacrifier son existence pour un gosse qui n'est pas le nôtre. On regarde un gamin se débattre dans cette boue épaisse et s'enfoncer dans ses sables mouvants à chaque fois qu'il tente vainement de s'en sortir. Il n'y a rien à faire. On pense qu'il n'y a rien à faire alors on interdit même à ses enfants de lui tendre un bâton pour essayer de l'aider parce qu'on a perd qu'eux aussi soient engloutis par ce monstre mouvant.

Le monde assiste à la lente agonie d'un gamin qu'on qualifiait de mal chanceux.

Lorsque, Anatole prit conscience que le monde avait choisie l'indifférence face à sa douleur, il pensa qu'il préférait encore l'époque où il croyait qu'on ne le voyait pas.

Dans sa détresse, ce garçon a fini par perdre la raison. Dans sa douleur, il a hurlé, mais seul l'écho de ses supplications lui est revenu en pleine face. L'humain est plus compatissant quand il est trop tard et quand il peut encore agir, il préfère lâchement attendre que d'autres agissent.

Au milieu de toutes ces personnes accoutumées à l'indifférence, il y en avait une qui refusait de banaliser la douleur de ce garçon. Au milieu de tous ces gens, il y avait un jeune homme qui aurait tout fait pour tendre la main à son ami, peu importe les risques que cela comportait. Au milieu de la détresse silencieuse d'Anatole, il y avait Pierre. Si ce monde ne voyait plus les gamins comme Anatole alors lui, il les voyait. Il voyait son ami sombrer et il s'était promis de ne jamais le lâcher quel qu'en soit le prix.

Sa paix résidait dans la paix des gens qu'il aimait et Anatole, cet ami qu'il trouvait si formidable, était également de sa famille alors Pierre aurait réellement tout fait pour que ce dernier trouve la paix. Du moins, une douce accalmie parce qu'il en avait besoin. Anatole était sur le point de céder, il allait craquer et donner raison à son père sur le fait qu'il n'était qu'un bon à rien.

Quatre jours, avant sa disparition du paysage, Anatole avait contacté Pierre pour lui demander de se voir. Pierre s'inquiétait parce qu'il n'avait plus de nouvelles de son ami depuis des jours alors cette sollicitation le ravit sincèrement.

Anatole n'entra pas dans les détails et expliqua à son ami qu'il avait dû s'en aller de chez Clément Fresson. Pierre voulut en connaitre les raison, mais Anatole dans ses messages préféra rester évasif sur la question. Il le fut davantage quand Pierre lui demanda où il dormait à présent. Anatole lui expliqua être hébergé chez un ami sans jamais citer Thomas.

Il proposa à Pierre de se voir quatre jours plus tard dans le parc où ils avaient l'habitude de traîner ensemble. Pierre avait pas mal de choses à faire, mais il promit d'être là.

Ce même jour de la prise de rendez-vous, Pierre perdit son portable alors pour converser, il devait passer par le téléphone d'un autre ami.

Leur rendez-vous était un jeudi, le seize mars 2017.

LE PÉTRICHOROù les histoires vivent. Découvrez maintenant