Chapitre 9

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Il était très difficile d'échapper à la surveillance de Vivian, mais Erryn, par chance, était très douée dans ce domaine.

Depuis leur conversation, le soir où le roi était arrivé, elle s'efforçait de se faire oublier. Modèle absolu d'obéissance et de soumission.

Vivian lui avait interdit de se rendre à Centralia et Erryn comptait bien lui désobéir. Sa fenêtre d'action était étroite, mais elle misait sur l'effervescence causée par le départ du convoi pour s'éclipser discrètement. Le temps que l'on se rende compte de sa disparition, il serait trop tard et Vivian n'oserai pas la mettre en danger en trahissant son escapade. Du moins, elle l'espérait.

Elle avait passé beaucoup de temps à observer les soldats qui se préparaient déjà au trajet retour et, la veille, elle avait avec succès dérobé la clé d'un des nombreux chariots servant au transport des vivres.

Ensuite, elle s'était présentée en tant que demoiselle de compagnie et avait dû, pour la première fois de sa vie, user de ses charmes pour parvenir à ses fins. Elle avait craint que le soldat ne la prenne pas au sérieux et la confonde avec une enfant à cause de sa petite taille.

Elle n'avait rien tenté d'impudique bien sûr, mais le jeune soldat vêtu aux couleurs des Herbrâns avait rigolé à ses plaisanteries et légèrement rougit quand elle lui avait offert son plus beau sourire. Ensuite, il avait gentiment accepté d'aller déposer dans le palanquin le petit coffre qu'elle avait préparé pour que l'invitée qui voyagerait dedans ait de quoi s'occuper durant le trajet puis avait fait mine de s'en aller, mais avait fait demi-tour dès qu'il avait eu le dos tourné puis avait dérobé la clé avant de se sauver, le cœur battant, comme la voleuse qu'elle était.

Au petit matin Erryn avait suivi le rituel habituel et s'était rendu avec les autres sur l'esplanade pour le départ du roi et de Kayla. Dès que les prêtresses s'étaient mêlées à la foule, elle avait pris la poudre d'escampette. Son amie serait peinée de ne pas la voir au moment du départ, mais sa déception ne serai pas de longue durée.

Puis, bénissant intérieurement les Tibestis pour leur amour des toits en terrasse elle avait couru aussi vite qu'il lui était physiquement possible, bondissant de toits en toits afin d'éviter le détour des rues sinueuses de Tibesti et la foule amassée jusqu'aux portes de la Cité dans l'espoir d'apercevoir la royauté.

En plein saut, les jambes battant dans le vide et les cheveux pris au vent, la jeune femme avait savouré la sensation grisante d'avoir l'impression de voler. Pour la première fois depuis longtemps, elle s'était sentie libérée.

Le souffle erratique et le cœur battant à tout rompre, Erryn avait réussi à atteindre sa carriole et à se cacher derrière une étagère bringuebalant, pour une fois reconnaissante pour sa petite taille. Elle y était restée dissimulée jusqu'à ce que les chariots ralentissent et que l'on commence à dresser le camp pour le repas du midi.

Les cheveux enroulés sous un turban et vêtue d'un pantalon ainsi que de vieilles bottes, elle était passée inaperçu parmi les garçons d'écurie et les commis de cuisine. Rebroussant chemin elle s'était ensuite dissimulée sur la route, dans un talus quelques lieues en amont et avait attendu que le palanquin transportant Kayla arrive.

Elle n'avait pas eu de difficultés à se glisser dans la cabine et faisait maintenant signe à son amie de ne pas faire de bruit. Elle tâtonna pour dégrafer le foulard dissimulant ses traits et lui offrit un sourire radieux.

« Erryn ! glapit Kayla, stupéfaite.

- Chut ! répliqua-t-elle en posant un doigt sur sa bouche ».

Empoignant le coffret qu'elle avait fait déposer dans le palanquin elle y farfouilla jusqu'à retrouver une des jupes qu'elle y avait cachées.

Dans l'ombre des flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant