Dans l'ombre des flammes

Chapitre 52

La lumière du soleil pénétrait par un interstice dans les lourdes tentures, traçant un chemin chaud sur le visage de Kayla. Elle remua, la lumière la tirant des profondeurs d'un sommeil auquel elle ne se souvenait pas avoir succombé. Ses yeux s'ouvrirent pour trouver Azar agenouillé à côté d'elle, son visage, un nœud d'inquiétude et de frustration.

« Tu t'es endormie à même le sol », lui fit-il remarquer, sa voix trahissant son malaise.

L'esprit de Kayla se réveilla en sursaut, et les évènements de la veille lui revinrent sous la forme de flashs. L'arrestation d'Erryn, sa colère bouillonnante dirigée contre Azar alors qu'il l'enfermait dans sa propre chambre, contre Damen qui l'avait empêchée de voir son amie...

La fureur se ralluma en elle, un feu qui n'avait été qu'étouffé, pas éteint. Elle commença à se redresser, repoussant la main tendue d'Azar malgré les protestations de son corps ankylosé après une nuit passée à dormir par terre.

Où Erryn avait-elle passé la nuit ? Était-elle même encore en vie ?

« Je ne veux pas t'entendre, Azar », dit-elle, la voix tranchante comme une lame. « Je dois trouver Erryn. Elle a besoin de moi ».

La mâchoire d'Azar se serra, son mécontentement évident.

« C'était imprudent de ta part d'essayer d'intervenir, répliqua-t-il en haussant le ton. Tu aurais pu être arrêtée. Et tu sais aussi bien que moi que tu ne survivrais pas à une nuit aux cachots. Il n'y a plus rien à faire pour elle maintenant ».

Le cœur de Kayla battait la chamade, son inquiétude pour Erryn se heurtait à la résignation exaspérante qu'elle entendait dans la voix d'Azar et à la peur que cela lui inspirait. Elle voulait crier, déchaîner la tempête de ses émotions, mais le regard d'Azar la retenait, une force qui commençait à éroder sa détermination.

« Crois-tu que je ne suis pas désolé de la tournure des évènements ? poursuivit-il, sa voix s'adoucissant. Mais que dirait Erryn si elle te voyait enfermé à ses côtés ? Crois-tu que cela l'aiderait ? »

La question resta en suspens, un hameçon appâté par la culpabilité qui commençait lentement à se répandre en elle. Kayla pouvait voir l'inquiétude se dessiner sur les traits d'Azar, et cela la rongeait, lui rappelant la détresse que ses actions lui avaient causée.

« Kay, je m'inquiète pour toi, dit-il, sa voix dépassant à peine un murmure. Quand je t'ai vu provoquer Damen de cette façon..., mon cœur s'est arrêté. J'ai déjà perdu une femme dans ma vie ne peux pas te perdre aussi ».

Ses mots eurent sur elle l'effet d'une douche froide, étouffant sur son passage l'ardeur de sa colère. Il ne faisait que rarement référence à sa mère, mais Kayla connaissait les traces que sa mort avait laissées sur le cœur de son ami. Les mêmes fêlures glacées que le sien arborait tristement.

Son ressentiment s'estompa tandis qu'elle observait les yeux d'Azar, la profondeur de son inquiétude, son affection pour elle.

Il tendit doucement la main vers elle, ses doigts la frôlant, semblant hésiter avant d'entrer en contact avec sa joue. Fermant les yeux, la jeune femme abaissa son visage, le posant dans la paume de sa main. Son toucher était léger, comme une plume, mais chargé d'une émotion longtemps contenue.

Elle rouvrit les yeux et les leva vers lui. Son regard ambré était le miroir du sien et la compréhension silencieuse de l'inquiétude qu'elle portait.

Leurs respirations se mêlèrent, devenant un seul souffle synchronisé aux battements de leurs cœurs tambourinants. Kayla pouvait sentir la chaleur du souffle d'Azar contre ses lèvres, une caresse douce-amère qui promettait du réconfort au milieu de sa peine.