Chapitre 38

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« Où sont tes livres ? » demanda Kayla à son amie en guise de salutation. Elle était contrariée qu'Erryn se soit encore une fois sentie obligée de lui dissimuler la vérité. Cela faisait maintenant plus d'une demi-heure de minutes qu'elle l'avait croisée dans une aile du palais où elle n'avait aucune raison de se trouver. Elle-même y était seulement parce que... Elle préférait ne pas y penser pour le moment.

Erryn avait prétendu se rendre dans ses quartiers pour récupérer un livre qu'elle y avait laissé. À présent, elle était enfin de retour, après une absence bien plus longue que nécessaire, échevelée et les joues roses, les vêtements froissés et sans aucun livre à la main.

« Je les ai oubliés..., répondit-elle l'air vaguement embarrassé devant son visage fermé.

– Je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines à me mentir. Erryn, je m'inquiète pour toi ! Je te reconnais à peine.

– Je ne mens pas, je les ai vraiment oubliés. Pour être honnête, j'ai complètement oublié de monter les chercher.

– Où étais-tu dans ce cas ?

– Je ne peux pas répondre à cette question, s'excusa Erryn sincèrement désolée.

– Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ? J'en ai assez d'être tenue dans l'ignorance. Je veux que tu me dises ce qu'il se passe.

– Est-ce que c'est réellement important pour toi de savoir ?

– Dis-moi ».

Elle voyait bien à la culpabilité déformant le visage de son amie qu'elle était sur le point de céder. Sans qu'elle ait à ajouter quoi que ce soit, le regard d'Erryn se fit lointain et ses épaules s'affaissèrent comme si un poids venait de s'abattre sur ses épaules. Et pour la première fois, Kayla eut l'occasion de voir la pression qui pesait réellement sur la jeune femme depuis leur arrivée à Centralia.

« Qu'y a-t-il de si terrible pour que tu craignes autant d'en parler ? Je sais que je t'ai promis de ne pas te pousser tant que tu ne serais pas prête, mais je me ronge les sangs. Tu disparais, tu reviens avec une mine affreuse ! Je ne peux plus rester passive et garder bonne conscience ».

Ses paroles atteignirent leur but et Erryn vint s'asseoir près d'elle, non sans s'être assurée qu'elles étaient hors de portée d'oreilles de son escorte.

« Avant d'expliquer, je voudrais m'excuser. Je m'excuse de t'avoir tenu dans le noir. La vérité est que je n'osai pas en parler parce que je suis terrifiée. J'ai peur parce que j'ai mis les pieds dans quelque chose qui me dépasse totalement ».

Elle s'interrompit brièvement avant de reprendre :

« Tu te souviens de ce que nous a raconté Liorah à propos d'Êtres extraordinaires qui auraient marchés parmi les Hommes il y a des siècles ?

– C'est de ce mythe dont se servent les Nekams pour justifier leurs crimes.

– Eh bien, je ne crois pas que ce soit un mythe ».

Kayla sursauta et écarquilla les yeux vers son amie dans un mouvement sidéré.

« Erryn, je ne trouve pas cela très amusant.

– C'était le soir où j'ai rencontré la mère de Deepali », expliqua Erryn à voix feutrée en lui faisant signe d'écouter ses explications. Elle poursuivit. « Mais quelque chose n'allait pas depuis le début. Ça a commencé par une ombre qui me suivait, comme une tâche tapie au bord de ma vision ».

La jeune femme sentit son pouls s'accélérer de façon perceptible et l'inquiétude s'installa dans sa poitrine tandis qu'Erryn continuait de parler.

« Quand je suis repartie, la sensation est revenue et ce coup-ci, j'ai aperçu la silhouette d'un homme dans la ruelle derrière moi. Quand j'ai essayé de le confronter il – c'est justement cela le problème – il s'est évaporé devant mes yeux ! Comme de la fumée. Et une minute plus tard, à peine, je suis tombée sur une scène horrible dont je préfère t'épargner les détails. C'était inhumain ».

Dans l'ombre des flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant