Chapitre 28

17 3 3
                                    

Une note parvint à Erryn dans la matinée, l'informant qu'un paquet en provenance de Keahi l'attendait à la Bibliothèque.

Elle s'y rendit pour le récupérer, mais trouva les lieux vides. Sur le comptoir l'attendait un énorme paquet sur lequel était épinglé un mot lui faire savoir qu'il s'agissait des ouvrages qu'elle avait demandés. Elle le prit et rejoignit tant bien que mal les quartiers de Kayla où elle passait le plus clair de son temps.

La jeune femme entama précautionneusement la montée des larges marches de l'escalier principal sans que personne daigne lui proposer de l'aide. Ce n'est que presque arrivée en haut que quelqu'un l'interpella. Elle appuya son lourd chargement sur le bord de la rambarde et chercha des yeux son interlocuteur.

Le Prince Neven gravit trois par trois les marches qui le séparait d'elle et la salua avec un sourire éclatant. Elle le lui rendit poliment en amorçant une révérence, mais le prince l'interrompit.

« Ce n'est pas nécessaire », lui dit-il gentiment. Il fit un geste en direction de son paquet. « Permettez-moi de vous aider ».

Comme elle s'appretait à refuser, il insista.

« Je porte vos affaires et en échange, vous me guidez jusqu'à la Princesse. Je souhaite m'entretenir avec elle, si elle est toujours disponible.

– Bien sûr, elle s'attendait à votre visite.

– Excellent, j'espérais vraiment avoir une discussion avec elle avant le début des négociations ».

Elle le guida sans un mot jusqu'à un nouvel escalier, ne sachant si elle devait relancer la conversation. Finalement, ce fut lui qui rompit le silence.

« Je vous ai vu observer les soldats à l'entrainement ce matin. Est-ce un passe-temps habituel pour une Demoiselle ici ?

– Je suis libre de m'intéresser à ce que je souhaite. Pardonnez-moi, mais je ne me souviens pas vous avoir vu à la caserne. Où dites-vous que vous m'avez vue ?

– Effectivement, je ne suis pas descendu jusqu'à la caserne. Pour être honnête, je pense que ma présence sans invitation aurait été malvenue. Je vous ai aperçue depuis ma fenêtre.

– Mais... Votre chambre doit se situer à des centaines de mètres de là !

– Je possède une excellente vue ».

Sa réponse fit rire la jeune femme qui secoua la tête, incrédule. Elle lui jeta un coup d'œil et croisa le regard pétillant du prince.

C'était étrange cette façon qu'il avait de la mettre à l'aise. Il lui était facile d'être en sa compagnie, un peu comme s'ils se connaissaient depuis longtemps.

« Où sont vos compagnons ? demanda-t-elle.

– Je crains qu'Adham et Caladrius ne soient plus intéressés par l'aspect touristique de notre séjour que par la politique.

– Pourquoi vous ont-ils accompagnés dans ce cas ?

– Il n'y a personne d'autre en qui j'ai le plus confiance pour assurer mes arrières.

– Est-ce que vous nous considérez comme des ennemis ?

– Voilà une question bien imprudente...

– Je suis désolée, s'empressa-t-elle de se reprendre. Il ne s'agissait là que de la curiosité de ma part.

– Les questions posées par curiosité sont rarement anodines, fit remarquer Neven en la jaugeant du coin de l'œil.

– Alors je retire ma question et en pose une autre. Une amie m'a dit que certains Avelíns possèdent des ailes...

Dans l'ombre des flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant