Chapitre 35

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Lav se jeta à sa poursuite, suivie de son équipage, mais l'inconnue se plaça sur son chemin et, sans tergiverser davantage, passa à l'attaque.

Erryn ne prit pas le temps de regarder comment cette dernière s'en sortait et accéléra le mouvement. Un bruit de course lui apprit que plusieurs avaient échappées à sa nouvelle "amie" et s'étaient lancées à ses trousses. Elle avait gagné quelques précieuses secondes, mais le ponton humide et glissant rendait la course difficile et elle perdait de la vitesse.

Une détonation sonore retentit, ricochant dans le port et arrachant un cri à la foule présente sur les quais. Surprise, Erryn trébucha et tomba à genoux, s'égratignant les mains quand un projectile invisible la frôla, lui causant une vive brûlure sur la joue. Elle porta la main à son visage et se releva en jetant un œil en arrière. Quelques gouttes de sang teintèrent le bout de ses doigts.

« Non ! » entendit-elle Lav hurler, « Pas de ça ici ! » Mais Erryn ne s'attarda pas pour voir de quoi elle parlait. Si elle parvenait à atteindre les quais et à se mêler à la foule, elle avait une chance de s'en sortir.

Mais sa chute lui avait fait perdre quelques précieuses secondes et, brusquement, une épaule s'enfonça dans son dos, la propulsant violemment en avant. Elle roula plusieurs fois au sol, griffant le bois dans une tentative d'arrêter sa chute. Ce fut finalement un vieux bollard d'amarrage tout rouillé qui l'empêcha de tomber à l'eau. Étant donné la douleur cuisante qui irradiait son épaule, Erryn était certaine de finir avec, au minimum, un vilain hématome.

Elle se releva et s'élança de nouveau en direction de la cacophonie du port, esquivant habillement les bras tatoués qui essayèrent de la ceinturer. Le cœur battant, elle palpa sa poche afin de vérifier que les documents étaient toujours là, au moins tout ce chaos n'aurait pas été en vain.

Atteignant enfin le bord du quai, elle se mêla à la foule sans ralentir. Le souffle un peu court et le pouls filant, Erryn se faufila sous le bras d'un gros marchand de poisson, rampa sous son étale et se glissa dans une ruelle discrète enveloppée d'ombres sombres projetées par les murs rapprochés et les draps en train de sécher, suspendus aux étages.

Elle s'arrêta sous un avant-toit, la poitrine soulevée par l'effort, à l'affut de cris ou de signe de poursuite. Aucun bruit alarmant ne lui parvint et Erryn se laissa lentement glisser le long du mur humide, dans le recoin le plus sombre qu'elle put trouver. Ses poursuivantes devaient s'être perdues dans le déluge de vices qui noyait le port, elles ne la retrouveraient pas de si tôt. Sauf si leur mystérieux ami intervenait une nouvelle fois pour localiser sa soi-disant énergie. La jeune femme se remit debout avec un grognement de douleur et se hâta de reprendre le chemin du palais qui, si elle en croyait la conversation qu'elle avait épiée, s'agissait du seul endroit où Lav et ses acolytes ne mettraient pas les pieds.

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* *

Re-pénétrer à l'intérieur de l'enceinte du palais ne fut pas une mince affaire.

Le soleil avait déjà bien entamé sa descente sous l'horizon rougeoyant, projetant de longues ombres sur le palais lourdement gardé.

La jeune femme ne s'arrêta qu'un bref instant pour essuyer la sueur de son front du revers de la main tout en réfléchissant à son plan pour s'introduire dans la forteresse sans se faire repérer.

Dès son arrivée à Centralia, Erryn avait passé des semaines à recueillir des informations sur le fonctionnement de la sécurité du palais et, à présent que la nuit tombait, ces précieux savoirs trouvaient tout leur intérêt. Il s'avérait que le moyen le plus sûr pour échapper aux regards affutés des gardes des entrées principales – et à celui, commère, des passages des domestiques – était d'escalader la façade du palais lui-même.

Dans l'ombre des flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant