Le trajet jusqu'à la capitale leur avait paru une éternité, mais c'était déroulé sans incident. À force d'intérêt, le capitaine des Herbrâns avait même fini par leur détacher Evander comme leur interlocuteur privilégié pour toutes leurs demandes. Et le jeune homme avait joué son rôle à la perfection, les abreuvant (entre autres) de gâteaux et de sucreries en tout genre. C'était grâce à lui qu'elles avaient pu obtenir l'autorisation d'effectuer une partie du trajet à cheval plutôt que couchées dans le palanquin.
Ils avaient croisé peu de monde et évité les villages. Quand leur route avait rencontrée celles de marchands, de caravanes et autres voyageurs, c'était toujours les derniers qui s'étaient écartés du chemin, têtes baissées. Erryn avait surpris quelques regards curieux. Qui donc étaient ces deux femmes escortées par les troupes d'élites du roi ? Mais personne n'avait, ne serait-ce que tenté de poser une question. On ne questionnait ni les affaires du roi, ni les Herbrâns. On se soumettait en se faisant aussi petit que possible afin de ne pas gêner le passage. Et c'était tout.Même si certains se montraient agacés par la lenteur que leur imposait la présence du palanquin, la plupart des hommes étaient d'humeur décontractée, bien que vigilants, et les deux jeunes femmes eurent même l'occasion de sympathiser avec d'autres membres de leur escorte, ce qui leur permit d'en apprendre davantage sur la cour centralienne - ses usages, ses dangers et ses membres.
Au plus grand soulagement d'Erryn et de Kayla, elles n'avaient pas revu le roi depuis leur départ de Tibesti. On les avait informées qu'il avait quitté le convoi avec sa garde personnelle pour rejoindre Centralia au plus vite, ce qui avait grandement contribué à détendre l'ambiance pendant le reste des dix jours qu'avait duré le voyage.
À présent, peu de temps après avoir fini leur pause-déjeuner et reprit la route, Erryn chevauchait paisiblement à côté de son amie quand Evander surgit à leurs côtés.
« Madame, dit-il en s'adressant à Kayla, j'ai quelque chose à vous monter. Cela devrait vous plaire. »
Il éperonna sa monture et gravit au galop la colline qui se dressait devant eux. Les deux jeunes filles l'imitèrent curieuses et se retrouvèrent sans voix devant le spectacle s'étendant à leurs pieds.
Loin en contrebas, construite dans une vallée verdoyante, se trouvait la plus grande ville qu'elles n'aient jamais vue.
Centralia
Capitale et centre névralgique du pays. Le cœur battant d'Aeda.
Bordée par de nombreux champs, bois et villages de tailles variées la cité étaient une véritable forteresse. Une muraille titanesque l'encerclait dans sa totalité, la rendant impénétrable une fois les herses abaissées et les lourdes portes fermées. Derrière les murs se serraient des milliers de maisons, de foyers et de monuments en tout genre. Et au centre, dominant toutes vies de sa taille spectaculaire : le palais royal. Construit sur les hauteurs, il projetait sur la ville une ombre massive qui semblait murmurer : "Je vous surveille, vous m'appartenez". Bien malgré elle, Erryn comprenait pourquoi un homme régnant depuis un tel lieu s'était laissé à dominer le monde.
De là où ils se tenaient, elle pouvait apercevoir ce qui ne pouvait être que le temple et plus loin, un bâtiment circulaire. N'ayant aucune idée de ce dont il pouvait s'agir, elle posa la question à leur compagnon.
« Ça, c'est le Dôme. Une sorte d'immense arène. Il sert principalement lors des duels judiciaires ou pour les exécutions. Parfois aussi pour les tournois organisés par le roi », se dépêcha-t-il d'ajouter en avisant la grimace de la jeune femme. Celle-ci ne répondit rien, perdue dans la contemplation de la ville grouillante de vie.
Quatre grandes routes pénétraient la cité selon les quatre points cardinaux. Trois étaient visibles depuis leur poste d'observation. La dernière, dissimulée au sud par l'énorme masse du château, débouchait sur un gigantesque port. D'ici, le plus grand fleuve du pays descendait en direction du sud pour se jeter dans la mer sacrée aux pieds de l'Olundra.
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Dans l'ombre des flammes
FantasíaLes cinq Cités sont enfin réunies. Après plus de cinquante ans de conflit, le royaume est enfin à l'aube de la paix. À moins que les apparences ne soient trompeuses... Car le danger rôde dans la pénombre. Des ennemis oubliés trépignent, prêts à frap...