QUE CHOISIR ?

Deux Fois ! P2

PDV Charles

Les images du crash tourbillonnent dans ma tête, une danse chaotique entre le métal et mes pneus qui s'entrechoquent. Les regrets s'accumulent, comme des poids supplémentaires sur mes épaules.

Assis dans ma voiture, roulant pour me défouler, les mains serrant le volant, les images passent en boucle. Au fil des kilomètres, je décélère, la colère cède laissant progressivement la place à une profonde déception envers moi-même. La course que j'ai dû abandonner hante mes pensées.

Arrivé à un point de vue surplombant la ville, je m'arrête pour contempler le paysage qui s'étend sous mes yeux. Les lumières de la ville scintillent comme des étoiles lointaines, témoins silencieux de la course effrénée de la vie. Je sors de la voiture, m'adosse contre le capot, laissant le vent emporter quelques mèches rebelles de mes cheveux. Mes yeux fixent l'horizon, cherchant des réponses. Et dire qu'il ne reste qu'une dizaine de tours. Qui finira la course ? Carlos aura-t-il réussi à tenir sa troisième place ? Max sera-t-il premier ou deuxième ? Pourquoi je me torture comme ça ? J'ai perdu, c'est le jeu, non ?

Après une longue inspiration profonde, je regagne ma voiture et rejoins l'hôtel. Je reçois un message de Carlos qui s'affiche sur le tableau de bord de la voiture, disant "Je sais que ce n'est pas facile, mais j'ai eu la troisième place. J'espère que ça ira. Après le podium, je passe te voir. Ça te va ?"

Même si je lui fais la tête, je lâche un "ok" et me reconcentre sur la route. Une fois arrivé, je pars m'enfermer dans la chambre. Je me dirige vers la salle de bain. L'eau chaude me fait un bien fou. Je pourrais y rester des heures, mais malheureusement, c'est au bout d'une vingtaine de minutes que je sors, habillé d'un jogging noir, d'un tee-shirt bleu et d'une serviette autour du cou pour éviter de mettre de l'eau partout, mes cheveux encore mouillés. N'ayant pas envie de faire à manger, je demande à l'hôtel s'ils peuvent m'apporter le menu du soir. En attendant, j'allume la télé, baisse le son et m'assieds sur le canapé. Mon téléphone à la main, je clique sur Instagram. Les images du podium de Carlos défilent ainsi que celles de Red Bull et les autres écuries. J'aime certaines d'entre elles avant de le poser pour récupérer mon repas. Vient le choix crucial, quel film regarder ? Ayant branché mon ordi à la télé, je lance Netflix. C'est au bout d'une bonne dizaine de minutes que je choisis un film d'action, plus exactement un James Bond. J'ai eu l'occasion de le rencontrer une fois et c'est un acteur vraiment intéressant. Sa connaissance pour les voitures et sa passion sont incroyables. On voit qu'il aime faire ce métier. J'éteins quelques lumières pour me mettre plus dans l'ambiance, récupère un plaid qui était dans l'armoire et m'installe confortablement. Je pars vérifier que la porte soit ouverte pour Carlos car je risque de ne pas l'attendre.

Puis, je lance enfin le film, mais c'est trente minutes plus tard que je commence à piquer du nez. Mettant pause, je regarde mon téléphone. Aucun message n'apparaît. Je me lève du canapé, éteins mon ordinateur et la télé, et pars fermer la porte à clé. Encore une fois, Carlos n'est pas venu. Je pars me mettre au lit. La tristesse m'envahit. Pourquoi ? Qu'ai-je fait ? J'éteins mon téléphone avant de faire ce que je n'ai pas envie de faire. Ne voulant pas être plus triste que je le suis déjà. Allongé dans mon lit, mes pensées tourbillonnent. La tristesse est là, mais un sentiment plus fort dont je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Ce sentiment d'être rejeté par celui qu'on ne veut pas perdre. Ai-je été trop collant ? Mais c'est lui qui n'a pas voulu me lâcher ? Ai-je fait assez d'efforts ? Je me re mange pourtant ? chose que je ne pensais pas pouvoir faire il y à encore cinq mois. Trop de questions sans réponse. Puis vient la colère, vous savez ce sentiment d'être trahi, rejeté par une personne qu'on affectionne beaucoup. Oui ! c'est ça ! C'est lui ! Il aurait pu prévenir que je n'espère pas trop. Je finis par m'endormir au bout de quelques minutes.