Hedda

C'est une bouilloire

Tony observait scrupuleusement le sachet que Loki avait déposé la veille. Aucune odeur n'en émanait, rien de familier. Il avait beau faire des recherches poussées, il ne trouvait rien sur ces plantes. Elles ne venaient pas de son monde et c'est précisément ce qui l'inquiétait. Il s'interrogeait sur leurs effets, le dieu de la malice n'ayant pas précisé pourquoi sa soeur devait consommer ce breuvage. Etait-ce sans danger ?

Au point où il en était, Stark décida de lâcher l'affaire et d'arrêter de se poser des questions. La situation lui échappait, il savait qu'il n'avait plus le contrôle alors à quoi bon chercher des réponses qu'il n'obtiendrait jamais ? En d'autres circonstances, il aurait pu s'acharner longtemps mais là, il était seul, il était démuni et il puis au final il n'avait aucune raison de penser que Loki voudrait faire du mal à la fillette considérant le mal qu'il s'était donné pour la sauver. Résolu, il mit le sachet à tremper dans une tasse d'eau bouillante.

— Qu'est-ce que c'est ? Demanda Hedda qui s'était levée sans que Tony ne s'en rende compte.

— C'est... Je ne sais pas. Tu sais toi ?

Hedda fronça les sourcils.

— Bin, ça, c'est une tisane, il faudrait être bête pour ne pas le voir.

— Exact ! C'est une tisane.

— Mais ça, qu'est ce que c'est, ça ?

— Oh, ce truc-là ? Vous n'en avez pas sur Asgard ?

— Non, je n'ai jamais vu ça.

— C'est seulement une bouilloire. Ça sert à... Eh bien à faire bouillir de l'eau.

L'air complètement fascinée par la bouilloire, Hedda tendit la main pour s'en emparer mais Tony la coupa dans son élan.

— Ah, non, non, non ! Ce n'est pas pour les enfants, ton frère me tuerait si il t'arrivait quelque...

Mais la fillette devint sombre.

— Ne faites pas semblant, je sais que vous n'en avez rien à faire, ni de lui, ni de moi. Je sais très bien que tout ce qu'il m'a dit est faux. On était à peine arrivés que vous avez essayé de le tuer !

La surprise pouvait se lire sur le visage de Tony. Il ne s'attendait pas du tout à ce genre de discours de la part d'une gamine. Il s'encarta du plan de travail pour lui faire face.

— Tu as raison.

— Alors vous admettez...

— Oui, tu as raison. Je n'en ai rien à faire de ton frère. C'est vrai, je suis désolé, c'est comme ça, je peux pas le voir. Mais en fait, pour une fois, on s'en fiche de moi. Toi, tu lui fais confiance, pas vrai ?

— Oui.

— Tu crois qu'il aurait prit le risque de te confier à moi s'il pensait que je ne saurais pas faire la part des choses ?

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— S'il pensait que... que je ne saurais pas faire la différence entre un dégéné... Euh... Entre un dieu qui essaye d'envahir la terre et une petite fille innocente ? Toi, tu n'a rien fait pour que je te déteste. Pour l'instant, dit-il avec un sourire taquin.

L'atmosphère se détendit légèrement mais la petite restait fermée, songeuse. Elle avait épuisé toutes ses larmes durant la nuit et de ce fait, elle ne pleurait plus. Mais son esprit était ailleurs.

— Tiens, l'infusion est prête.

La fillette fit une mine dégoutée et repoussa la tasse sur la table.

— Aller, aller, un petit effort.

— Non.

— Quoi, « non » ?

— Hors de question.

— Ca ne doit pas être si mauvais.

— Je déteste les tisanes.

— Je t'en prie, si ton frère m'a donné ça c'est sûrement pour une bonne raison.

— Je m'en fiche. Il n'avait qu'à pas s'en aller s'il voulait vraiment que je la boive !

— Aller gamine... Rien qu'une gorgée, goûte au moins !

A contre coeur, Hedda prit la tasse et y posa les lèvres, avalant difficilement le liquide verdâtre. Elle fit mine de vomir immédiatement.

— Voilà, content ?

Tony leva les yeux au ciel et se demandait comment il allait gérer une enfant pareille.

— En fait, ton frère n'a pas précisé la quantité... Il n'a pas dit si c'était une gorgée où une tasse...

— Ah non hein ! S'exclama Hedda en reculant à toute vitesse.

— C'est peut-être important !

— Non ! J'ai fais ce que tu voulais, tu me laisse tranquille maintenant !

Elle quitta prestement la cuisine pour se réfugier sur le canapé. Tony se mordit les lèvres de frustration.

— Bon bah ça y est, là j'ai une bonne raison de te détester, lâcha t-il désespéré.

Pas de réponse. Il avança dans le salon en sa direction.

— Gamine ! Aller revient. Si je met un peu de sucre... Ou du miel... ? Qu'est-ce que t'en dis, t'aimes bien le miel ?

Mais au moment où il finissait sa phrase, son visage blêmit. Hedda était inconsciente, recroquevillée en boule sur un plaid. Au début il crut à une blague mais quoi qu'il entreprenne pour mettre fin à la duperie présumée, elle ne bougeait pas d'un poil.

— Merde ! Merde ! C'est pas vrai... Maudit magicien !