Aesir Leifson

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- Elle a complètement oublié d'où elle venait. C'est comme si ses souvenirs s'étaient modifiés pour convenir à sa vie ici. Regardes, si tu lui demandes... Tiens, Gamine ! Viens par ici.

- Tony, tu ne devrais pas l'appeler comme ça ! Elle te prend pour son père, tu devrais au moins jouer le jeu le temps que cette histoire soit réglée, conseilla Pepper.

Hedda arriva à toute allure, trainant derrière elle un polochon qu'elle avait habillé d'un smoking hors de prix customisé a l'acrylique.

- Mon costume ! C'est pas vrai ! Mais où est-ce que tu es allée chercher ça ? Pas bien, pas bien du tout ! Aller, lâche ça !

Mais la petite refusait de lâcher, pleine d'espièglerie.

- Bon et puis mince, garde-le, il est foutu de toutes façons.

Stark se tenait la tête, épuisé. Cela faisait maintenant plus d'une semaine que la petite fille était là et il était tout bonnement incapable de gérer son énergie.

- Tony, ce n'est rien, tu en a plein des comme ça, le rassura Pepper qui voyait bien qu'il perdait pieds.

Il prit une chaise.

- Ce n'est pas le smoking, c'est juste... Je ne peux pas, tu comprends ? Je ne peux pas. J'ai toujours voulu avoir des enfants mais pas là, pas maintenant, pas tout de suite et pas dans ces conditions surtout. Je voulais que tout soit différent...

Pepper posa une main derrière sa tête et se mit à son niveau.

- Je suis sûre que Thor trouvera une solution.

- Mais même s'il en trouve une Pepper, que se passera t-il ? Rien ! Elle souffrira plus mais elle sera toujours là et je devrais quand même l'élever. En fait j'en viens à me demander si ce ne serait pas mieux qu'elle reste dans cet état.

Il tourna la tête pour Observer Hedda dans la pièce d'à côté qui dansait la valse avec son bonhomme-polochon.

- Quitte à ce qu'elle doive passer sa vie ici, autant qu'elle ne garde pas tous ces affreux souvenirs. Loki n'avait peut-être pas tord.

Pepper souriait, elle était aux premières loges pour voir le coeur de Stark fondre petit à petit. Il avait beau avoir du mal avec la gestion du quotidien, il était loin d'être indifférent et un attachement commençait à naître en lui. Un lien fragile et secret qu'elle seule pouvait détecter. De son côté, elle s'était déjà fortement liée à la fillette. Il n'avait pas fallut longtemps avant que l'instant maternel fasse son oeuvre.

Hedda était un vraie petit rayon de soleil. Une joie de vivre intense et une sincérité hors du commun se déversaient dans la tour Stark et petit à petit, lui donnaient des airs de foyer.

Les semaines passèrent. De petites habitudes pointaient discrètement le bout de leur nez. L'odeur des crêpes de bon matin, les dessins-animés en fond sonore, les jouets, toujours plus nombreux, éparpillés un peu partout. Et puis tout à coup, ce qui devait être un dressing devint une chambre d'enfant.

Pepper et Tony ne mentionnaient plus, même entre-eux, les circonstances de l'arrivée de la petite. Si les premiers temps ils avaient l'impression de devoir jouer la comédie, bientôt, tout devint naturel. Les étreintes, les rituels, les rires. Rien ne sonnait plus faux. Tout s'organisait maintenant autour d'Hedda. Ils se relayaient pour qu'il y ait toujours au moins l'un deux à la maison et prirent des dispositions pour sécuriser l'étage où ils vivaient et s'assurer que personne ne puisse tomber sur elle par hasard. Elle était comme leur petit trésor, leur secret.

Thor, de son côté, n'avait pas l'air pressé de revenir sur Midgard. Mais cela avait peu d'importance, Stark ne comptait plus sur un antidote. Même s'il l'appelait toujours « Gamine », il était vraiment devenu un père pour elle et ne s'occupait plus de savoir d'où elle venait ni qui la lui avait emmenée et encore moins pourquoi, tout ce qui comptait c'était cet amour naissant et inespéré, ce lien aussi étrange qu'honnête et profond qui se tissait un peu plus chaque jour.

- Sur Asgard -

Après son jugement, Loki s'était retrouvé enchainé dans une charrette et on l'avait mené avec d'autres esclaves jusqu'aux camps de Migroïr. Il s'agissait de l'endroit le plus hideux de tout Asgard. Rien n'y poussait. Il n'y avait que boue et arbres dévastés. Cet endroit avait été le théâtre de nombreuses batailles. Si nombreuses que la terre en fut épuisée et le roi désigna cette région pour y bâtir des camps d'entrainements et des prisons.

La colère de Loki le rongeait, elle était omniprésente, comme une entité s'accrochant à chacun de ses pas. Sa magie bouillait dans ses veines ce qui empirait ses blessures. Il avait beau tenter encore et encore de lui trouver un échappatoire, de la faire sortir, juste un peu, juste une fois, juste ce qu'il faut pour se guérir, il n'y avait rien à faire. La magie restait prisonnière, une prisonnière brûlante, fiévreuse, continuellement fuyante et conflictuelle.

Inoffensif et brisé comme il l'était, Loki n'avait été reconnu par personne et c'était là son unique soulagement. Ici, au milieu de ses compagnons de misère, il n'était qu'un esclave infirme. On le méprisait mais pas parce qu'il était le Dieu de la malice, seulement parce qu'ici, il n'était qu'un rien de plus qu'un insecte aux yeux de ses maîtres.

- Ton nom ! Gronda la voix du vieux général Kroll.

Loki resta bouche ouverte, tiré trop violemment de ses pensées. Il ne s'était pas préparé à cette question, son esprit confus ne parvenait pas à se décider.

- Alors ? Ton nom je te dis !

- Je... hum...

L'homme posa sa lame sous le menton du prince déchu.

- Aesir ! Aesir... Leifson.

- Très bien, Aesir Leifson. Tu va vite comprendre qu'ici, quand je pose une question, j'attends qu'on me réponde, déclara t-il en écorchant brièvement la gorge de Loki qui resta de marbre. Plus rien ne semblait pouvoir le blesser d'avantage. Il ferait ce qu'il faudrait pour rester en vie mais il ne se soumettrait pas à la peur. Son absence totale de réaction suscita de nombreux murmures

Une fois tous recensés, ils furent libérés de leurs chaines et parqués dans d'immenses tentes. Il y avait au mois soixante hommes par tente, tous plus vigoureux et plus grands que Loki. Ils étaient déjà soldats, déjà plus forts, plus solides, plus rapides. A côté d'eux, le dieu de la malice était pareil à un enfant mal nourrit.

Kroll entra dans la tente et commença a expliquer ce qui se passerait le lendemain. Loki se sentit partir lorsqu'il apprit qu'il allait devoir se battre contre l'un d'entre eux. Il n'avait tout simplement aucune chance.

HeddaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant