Bonnie Parker

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Peu importe comment il s'y prenait, Loki était incapable ne serait-ce que de tenir une dague. Ses mains malhabiles et souffrantes parvenaient à peine à retenir la lame quelques secondes. Les colosses se présentaient devant lui et avaient presque pitié de sa condition. Les combats s'enchainaient. Quelques fois, il parvenait à se faufiler et à éviter ses adversaire par de de brusques défilements mais il ne pouvait pas fuir constamment. A chaque fois, inévitablement, il finissait au sol.

Loki n'avait jamais jamais vécu l'expérience de la vulnérabilité à ce point. Si c'était la rage qui le maintenait debout les premiers jours, ce fut bientôt tout autre chose : l'espoir. Il ne savait pas en quoi il espérait mais il ne lui restait que cela. Il ne pouvait ni compter sur sa famille, ni sur son rang, ni sur ses pouvoirs. Il ne pouvait plus compter sur rien, rien d'autre que le temps. Le temps et peut-être une opportunité, une brèche, quelque chose qui un jour lui permettrait d'échapper à tout ça.

Les brèches, ça avait toujours été son truc. Il n'avait peut être plus une si grande estime de lui-même à ce moment-là mais il avait encore confiance en son instinct et en sa ruse.

Sa priorité était tout d'abord de trouver un échappatoire aux combats car les blessures se multipliaient et sans magie, la guérison devenait particulièrement lente. Pour cela, il mit au point une stratégie selon laquelle il deviendrait le serviteur personnel d'Olav, le second de Kroll. Un homme discret qu'on ne voyait presque jamais hors de sa tente. Pour se faire, il devait d'abord gagner sa confiance. Et pour gagner sa confiance, il devait trouver le moyen de se faire remarquer. Il fallait qu'Olav le voit et l'estime. Puisqu'il ne brillait pas dans les duels, il fallait autre chose...

- Sur Midgard -

Pour son âge, Hedda était particulièrement perspicace et inventive. Elle se faufilait sans mal dans l'atelier de Tony pour y dégoter de quoi se faire des cabanes. Enfermée nuit et jour dans cette tour, le temps devenait long et ce qui au commencement était charmant et sécurisant, devint très vite limitant, frustrant, insupportable. Elle se sentait comme dans un aquarium et passait son temps collée à la vitre à rêver de pouvoir sortir. Elle ne comprenait pas pourquoi ça lui était interdit. La seule explication qu'on lui donnait était que c'était trop dangereux. Stark lui fit croire qu'elle était malade et ne pouvait être exposée à l'air extérieur et encore moins aux autres. Mais la petite ne craignait pas pour sa vie. Son désir d'évasion devint si fort qu'il vira à l'obsession. Bientôt, ce n'étaient plus des bouts de cabanes qu'elle allait chercher mais des outils, des tournevis, des pinces, des scies, tout ce qui aurait pu lui ouvrir les portes du monde extérieur. Evidemment, rien de tout cela ne pouvait suffire à briser le système de sécurité.

Pourtant elle s'acharnait. Elle tapait, rayait les vitres, détachait les joints pour sortir de sa cage. Elle avait besoin de sortir. Ce n'était plus une curiosité, plus une envie mais un besoin.

Un matin de Décembre, dans le grand salon, Tony la trouva une fois de plus affairée à cogner la baie vitrée avec une petite clé à molette.

- Hey Bonnie Parker, on ne joue pas avec ces trucs-là, je te l'ai déjà dit un million de fois.

Il s'approcha de la petite et lui demanda de lui rendre l'outil d'un simple geste de la main. Elle s'exécuta en râlant.

- Tu es très forte, je ne t'ai même pas vu passer. Mais, là, il faut vraiment que tu arrêtes, tu pourrais vraiment te faire mal.

Hedda restait silencieuse, les yeux fixés vers l'horizon à travers l'immense baie vitrée. Une petite larme ruissela contre sa joue.

- Laisse-moi sortir, s'il te plait.

Voyant le sérieux de sa protégée, Tony mit un genoux à terre pour se mettre à son niveau.

- Ce serait trop risqué.

- Je... Je ne peux pas respirer, finit-elle par répondre après avoir inspiré profondément.

Stark était interloqué, elle ne semblait avoir aucun problème pour respirer. Si elle n'avait pas eu l'air si triste, il aurait pensé qu'il s'agissait simplement d'une excuse pour le pousser à l'emmener dehors avec lui mais.

- Hedda... Commença t-il avant de poser une main sur son épaule.

Mais à peine sa paume eut-elle frôlé la petite qu'elle se mit à hurler.

Une gigantesque bourrasque s'engouffra dans l'appartement, brisant la vitre et projetant Tony à l'autre bout de la pièce. Hedda n'avait pas bougé d'un centimètre, comme si le vent était passé au travers d'elle sans lui imposer aucune pression.

Terrifiée, elle recula. L'air l'enserra doucement pendant quelques secondes avant de retomber. Elle pouvait enfin le sentir couler en elle, dans ses poumons, dans ses cheveux, dans ses veines.

Derrière elle, un gémissement retentit, celui de Tony, le front et les mains entaillés par les morceaux de verre qui avaient volé vers lui. Il tenta de se relever mais sa tête avait cogné contre le bar si fort qu'il en était encore sonné. Il se laissa retomber le temps de reprendre ses esprits, les yeux écarquillés.

- Qu'est-ce... Hedda, qu'est-ce que tu as fait ?

Encore sous le choc de ce qui venait de se passer, la fillette ne répondit pas mais se contenta de courir vers Tony, les yeux remplis de larmes, d'angoisses et de culpabilité.

- Je suis désolée ! Je suis désolée ! Je n'ai rien fais ! Je...

L'ascenseur s'ouvrit après quelques bruitages électroniques.

Le système de sécurité avait encore une faille à laquelle Stark n'avait pas pensé. Lorsque son intégrité physique était particulièrement menacée, Jarvis envoyait l'information à une personne, lui donnant par la même occasion l'accès aux codes confidentiels.

Cette personne, celui qui entra dans le salon dévasté, c'était Happy.

HeddaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant