Hedda

Tombée de sa poche

 Le ciel se mélangeait à l'onde flamboyante. L'eau était si claire, si pure qu'on pouvait y voir les nuages danser. Elle reflétait les oiseaux si fidèlement qu'il suffisait de la regarder pour se perdre dans ses songes. Frigga était de celles qui aimaient s'y perdre justement. Mais ce soir là, juste avant que le soleil ne se couche, elle s'en alla rejoindre le gardien du Bifröst, Heimdall.

— Dis-moi comment elle va, je t'en prie. J'ai besoin de savoir.

Les yeux du gardien s'enflammèrent un instant.

— Elle va bien, votre majesté.

La souveraine eut l'air partiellement soulagée.

— Que fait-elle ?

— Elle est en train de lire.

— Est-elle seule ?

— Ma reine...

— Je t'en prie, dis-moi.

— Elle n'est pas seule, votre altesse.

Frigga restait accrochée a ses yeux comme pour voir en eux. Les mots d'Heimdall constituaient la seule consolation qu'elle pouvait encore espérer, le seul lien qui subsistait avec sa fille.

— Heimdall... Dis-le moi.

— Ma reine... Je ne peux pas.

— Tu sais bien que je n'en dirais rien à Odin.

— Je le sais. Mais je ne peux prendre ce risque. Nous sommes déjà deux à savoir où elle se trouve. Pour moi, c'était inévitable mais je veux vous éviter de devoir garder un tel secret, moins vous en saurez et moins Odin pourra vous manipuler pour découvrir la vérité.

— Il ne ferait jamais une telle chose, il n'est pas comme ça.

— Même si sa vie en dépend ? Ou la vie de son héritier ?

-- ...

— Sur Midgard —

Pendant que Pepper s'occupait de la petite Hedda quelques étages plus haut, Tony avait fait appeler Thor afin de trouver une explication aux effets de cette mystérieuse infusion. Evidemment, il devait faire très attention à ce qu'il disait et surtout ne pas compromettre le secret. Mais il espérait bien trouver un remède. Ainsi il avait inventé une petite histoire dans laquelle Loki aurait fait tomber ce sachet lors de leur première rencontre au moment des évènements de New-York. Et ce n'était pas Hedda qui aurait bu la tisane mais lui-même. Bien que le récit fut peu crédible, il se disait que le grand blond n'y verrait que du feu. Et... Il avait raison.

— Oh non, ses plantes sont tout à fait inoffensives. Ma mère m'obligeait à en boire quand j'étais petit pour trouver le sommeil.

— Eh bien c'est assez intense comme pisse-mémé...

— Non, je pense que le problème doit venir du sachet.

— Le sachet ?

— Oui... Je ressens comme une espèce de... Un sortilège. Mais...

— Quel genre de sortilège ?!

— En fait, je ne suis pas sûr. Ça n'a jamais été trop ma spécialité tous ces trucs bizarres... Mais je ferais mieux de demander à Loki directement, si c'est tombé de sa poche, il doit en être à l'origine.

Le regard de Thor faisait des vas-et-viens entre le sachet et Tony.

— Mais en fait, j'arrive pas à comprendre... A quel moment tu t'es dit que ce serait une bonne idée de boire un truc pareil ? Je veux dire, j'ai beau être son frère, je jette tout ce qu'il m'offre, dans le doute... Quand on était gamin, tu sais ce qu'il faisait ? Il s'amusait à mettre du venin de serpent dans mon jus de pomme. A partir de là je me suis dit... Non ! J'adore Loki mais... Enfin je veux dire, je l'adore, non pas vraiment, on a beaucoup de problèmes, je veux dire, la communication... Enfin, des trucs de frères. Et puis, et puis après ce qu'il a fait à New-York, je veux dire, quand j'ai dis que je l'adorais, je voulais dire... Enfin, oublie ça. Ce que je voulais dire c'est : Mais qu'est ce qui t'es passé par la tête !?

— Plus de tisane, s'empressa de répondre Stark sans réfléchir.

— Plus de tisane ? Tu as prit le risque de boire ça parce que tu avait la flemme d'aller en acheter ?

— C'est... ça.

— Waouh ! J'ai jamais rien entendu d'aussi con ! Là tu fait fort, tu fait très fort, Stark. Quand je vais raconter ça aux autres, s'esclaffa le dieu du tonnerre.

Mais Tony gardait son sérieux.

— Alors à part un gros dodo et des hallucinations, pas d'autres effets ?

— J'ai.. J'ai du mal à reconnaître les gens, enfin je confonds les gens plutôt. Tu vois, là par exemple je ne sais pas si tu es toi où si tu es... Je ne sais pas... Mon père.

Thor leva un sourcil, bouche ouverte, il avait l'air particulièrement amusé par la situation.

— D'accoooord. Bon, dans ce cas, je ramène le sachet avec moi. Je demanderais à mon frère ce qu'il a fabriqué dessus et si c'est dangereux. Bon en ce moment c'est un peu tendu mais...

— Tu crois qu'il pourrait, comment dire.... Inverser le truc ? Faire un sortilège qui conjurerait celui-ci ?

— Ah ça aucune chance !

— Comment ça aucune chance ?

Le dieu du tonnerre se mit à mimer Odin écrasant les mains de Loki, accompagnant la scène de bruitages sensés représenter le son des os qui se brisaient. Il se jeta ensuite au sol et hurla comme un sanglier transpercé d'une lance. Tony le regardait complètement décontenancé, sans comprendre le moins du monde ce que tout cela était sensé vouloir dire.

Thor se releva, non peu fier de sa performance.

— Du coup, maintenant, plus de magie ! Il y a été un peu fort mais... Enfin, c'est une histoire de famille, disons qu'il l'a quand même bien mérité, ce n'est pas toi qui me contredira !

Stark renonça à comprendre ce qu'il se passait exactement mais il se doutait des raisons de cette punition. Il soupira ce qui n'échappa pas à Thor. Il n'aurait jamais cru que les souffrances de Loki pourraient à ce point ne pas l'arranger.

— Mais, peut-être que ma mère pourra faire quelque chose. Ce sera d'ailleurs bien plus sûr. Aller, je ne traîne pas plus, je te tiens au courant dès que j'en sais d'avantage ! En attendant, repos !

Le dieu asgardien fit une tape sur l'épaule de Stark avant de s'éjecter au travers de la vitre avec son marteau. Il y avait du verre partout dans la salle à présent. Tony leva les yeux au ciel.

— Aller, encore une à changer. Quel abruti !