À la maison

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— Tiens ! Mon frère me rend visite ! C'est trop d'honneur. Dois-je m'incliner ?

— Loki, je t'en prie...

— Quoi ? Ô Thor, tu viens te délecter de ma punition ? Ce spectacle te satisfait-il, mon frère ?

— Tu sais bien que ça ne me réjouis pas !

— Mais ça ne te pose pas de problème non plus.

— Ce n'est pas comme si tu ne l'avait pas cherché. C'est toi qui t'inflige tout ça, encore et encore.

— J'espère que tu plaisante.

Le grand blond tenta de s'adosser à une étagère mais celle-ci vacilla et les ouvrages qu'elle contenait manquèrent de tous se retrouver par terre. Il fit comme si de rien était et s'écarta discrètement. Loki soupira.

— Je ne plaisante pas, reprit-il. Défier notre père...

— Notre père ! Ton père, pas le mien. Tu n'a que son nom à la bouche, tu es comme lui. Tu le suivrais jusqu'à la mort s'il te le demandais.

— Tu exagères toujours...

— J'exagère ? Ne nous a t-il pas tous conduits sur le chemin du sang lorsqu'il a condamné notre soeur ?

— Loki, tu sais très bien pourquoi il a prit cette décision...S'il y avait eu un autre moyen, n'importe quel moyen tu peut me croire, j'aurai tout mis en oeuvre pour la sauver... Père l'aurait sauvée.

— En a tu seulement cherché, mon frère ? Il y en avait. Il y avait d'autres moyens, j'ai trouvé d'autres moyens et ... Et toi ? Tu n'a pas bougé le petit doigt !

— Loki... Ne cessera-tu jamais de...

— Et après on dit que c'est moi qui n'ai pas de coeur.

Grognant de douleur, le dieu de la malice se leva pour refermer les rideaux que son frère avait ouvert en arrivant.

— Loki, Mère m'envoie te chercher. Il faut que tu manges.

— Va t'en.

A peine Thor fut sortit que la colère de Loki éclata, faisant voler tables, chaises et livres aux quatre coins de la chambre. Mais la magie utilisé lui provoqua d'horribles maux. Ses mains semblaient bouillir, enfler et imploser simultanément. Il tomba à genoux, incapable de contenir la souffrance. Si son corps était affaiblit par le jeûne et les blessures, sa haine pour son père adoptif ne faisait au contraire que croitre et se renforcer.

Cela faisait cinq jours qu'il se refusait à quitter sa chambre. Il savait qu'il ne saurait garder le contrôle s'il se confrontait de nouveau à Odin. C'était encore trop tôt.

Enfermé dans l'obscurité, il songeait. Il songeait à Hedda, il songeait à son avenir, il cherchait des chemins, des chemins qui pourraient la ramener.

« Il faut prendre ton mal en patience » lui répétait sa mère. Elle aussi était persuadée que tout n'était pas encore joué. Mais elle avait raison. Si Odin semblait croire que le temps ferait son oeuvre et qu'il finirait par tout avouer, il se trompait. Loki était décidé à faire preuve de patience et d'obstination. Le nez dans ses livres, il explorait toutes les possibilités.

Toutes prophéties doivent-elles nécessairement se réaliser ? La fatalité ne serait-elle pas qu'une invention pessimiste ? Et le libre-arbitre dans tout ça ? Ne peut-on pas choisir son propre chemin ? Malheureusement, rien de ce qu'il lisait n'allait en ce sens.

— Sur Midgard —

L'infusion avait agit exactement comme Loki l'espérait. La petite était tombée dans un profond sommeil. Un sommeil lourd qui dura jusqu'au lendemain midi. Stark était paniqué. Il ne pouvait se résoudre à faire venir un médecin étant donné la nature extra-terrestre de sa protégée et des plantes ingérées.

Lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux, la petite avait l'air perdue. Installée dans un immense lit, elle tenta de se redresser mais sa tête était si lourde qu'elle renonça. Rien ne lui était familier. Les murs et le plafond tournaient dans sa tête. C'était si désagréable qu'elle en gémit.

Dans la seconde, Stark surgit et se précipita à son chevet, posa délicatement une main sur son front.

— Pas de fièvre, constata t-il un peu étonné. Comment tu te sens ?

Hedda plissait les yeux comme si elle ne comprenait pas la question. Elle regardait tout autour d'elle, à droite, à gauche, l'air totalement dépassée, désorientée.

— Tu m'entends, gamine ?

— Ga-mine, répéta t-elle les yeux dans le vague.

— Jarvis, diagnostic.

//— Activité cérébrale normale, monsieur. //

Tony Fronça les sourcils.

— Je crois que tu fais erreur mon vieux.

— Où est-ce qu'on est ? Demanda t-elle soudain, semblant reprendre un peu de force.

— Eh bien, on est toujours au même endroit.

— Où est-ce qu'on est, c'est quoi cet endroit ?!

Elle commençait à s'agiter et à se glisser hors des couvertures. Tony la retint doucement par les épaules.

— Papa ! Où est-ce qu'on est ?!

Le visage de Stark pâlit. Est-ce que c'était lui qu'elle appelait ainsi ? Non. Impossible.

— Jarvis, diagnostic approfondi des fonctions cérébrales et neurologiques !

//— Rien à signaler, monsieur. //

— Dis... dis-moi... Tu sais que... Commença t-il.

Mais il ne put finir sa phrase, les bras de la petite se refermèrent sur lui fermement. Elle se blottit contre lui à la manière d'un petit chaton. Ce geste le bouleversa au plus haut point. Ému par ce contact inattendu et ne sachant pas bien comment réagir, il se contenta de tapoter le dos de la petite fille pour la réconforter mais il se sentait profondément mal à l'aise, n'ayant pas du tout les codes pour parer à cette situation.

Pour la première fois de sa vie, il se sentit responsable d'un autre être humain. Si jusqu'à présent il était resté dans le déni, désormais il ne pouvait plus se voiler la face : Elle était là et elle allait rester là, son frère ne reviendrait pas la chercher.

— Tu... Tu te souviens de qui je suis ? Interrogea t-il tout de même, perturbé par la manière dont elle venait de l'appeler.

Elle hocha la tête sans décoller de son torse.

— Et... C'est à dire ?

— Tu es Papa, répondit-elle.

Les bras lui en tombèrent.

— Jarvis !

//— Elle est en parfaite santé, monsieur.//

— Jarvis, appelle Pepper.

//— Très bien, monsieur. //

— Où est-ce qu'on est...?

Stark reprit son souffle, luttant contre ses émotions totalement contradictoire et contre les larmes qui lui montaient aux yeux.

— À la maison. 

HeddaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant