Aylee
Les jours suivants, je les passe chez John et sa compagne, Sarah. Tous deux viennent d'avoir une petite fille avec laquelle je passe le plus clair de mon temps. J'adore les enfants et je suis toujours ravie de pouvoir m'occuper d'elle, au plus grand bonheur de ses parents, épuisés par ses nuits agitées.
J'ai également repris la main sur les comptes du Ritz et j'ai été désappointée de ne voir aucune rentrée d'argent. Les dépenses, quant à elles, sont toujours aussi bien présentes. Je me suis rendue au Ritz plusieurs fois dans l'espoir de tomber sur Reed mais en vain. De même, personne là-bas ne semble avoir son numéro de téléphone, ce qui me semble aberrant. Ce type est un fantôme et je doute un moment de sa réelle existence.
Le week-end approche. Je suis en train d'aider Sarah à préparer à manger lorsque mon téléphone vibre. Je décroche aussitôt quand je vois le numéro de John s'afficher. Dash, notre collègue en charge de la sécurité de l'hôtel, lui a demandé de rappliquer quelques heures plus tôt sans lui donner de raisons précises, ce qui m'a d'ailleurs fortement irritée. Pourquoi ne pas m'avoir proposé de venir également? J'étais tentée d'accompagner John mais il m'a convaincue de rester avec Sarah en me promettant qu'il ne serait pas long.
-Allô?
-Aylee, il faut que tu viennes au Ritz, l'inauguration a lieu ce soir, tous les employés y sont conviés.
Une nouvelle vague de colère s'empare de moi. Même si je me doutais que l'ouverture approchait, jamais je n'aurai imaginé que Reed organiserait un événement à cette occasion. Je doute d'ailleurs que cela attire grand monde. J'en informe Sarah et fonce à ma voiture pour rouler jusqu'au Ritz. Je me gare en trombe devant l'entrée et, en sortant, je remarque un homme à la carrure imposante, semblant jouer le rôle de vigile, posté devant la porte. Je m'apprête à le dépasser pour entrer, mais il me stoppe d'une main ferme.
-Soirée privée, vous ne pouvez pas entrer.
-Je travaille ici, lui dis-je, acide.
Le vigile me toise une seconde avant de sortir une liste et un stylo de sa poche.
-Ton nom ? me demande-t-il.
-Aylee Levinski.
Je le vois raturer avant de me laisser passer. Je ne m'attarde pas à poser plus de questions et entre en furie.
Je témoigne à présent du changement opéré au sein de l'hôtel et cette vision me cloue sur place.
À la place du pub rustique si accueillant se tient désormais une salle aux allures de boîte de nuit. Les murs en bois sombres sont maintenant tapissés de cuir noir capitonné et des lustres en diamants diffusant une lumière tamisée ont remplacé les abat-jours vintages qui pendaient depuis le plafond. Plusieurs tables basses en verre ainsi que des fauteuils en velours pourpres trônent un peu partout dans la salle qui servait autrefois de salle de séjour et ici et là, j'aperçois les barres de fer maintenant dressée depuis des podiums jusqu'au plafond. Je reste statufiée devant ce décor aussi bien luxueux que sinistre et bouillonne de plus belle en pensant aux coûts que cette transformation radicale a dû représenter. Contre toute attente, la salle est remplie de monde en train de boire et engagé dans des conversations animées.
Une jeune femme portant un plateau s'approche de moi. Elle est vêtue d'un mini-short et d'un crop top mettant ses formes rondes en avant, et ses paupières et ses lèvres sont maquillées de paillettes dorées qui brillent dans l'obscurité.
-Je te serre quelque chose, ma belle ? me dit-elle d'une voix langoureuse.
-Non, je suis Aylee Levinski, je travaille ici.
Son expression dubitative m'indique qu'elle n'a aucune idée de qui je suis.
-Le vestiaire pour les danseuses est là-bas, dépêche-toi, le show va bientôt commencer !
-Je... quoi ? Quel show ?!
La serveuse me fait un signe de la tête en direction du fond de la salle où les occupants du bar viennent maintenant s'attrouper avant de se détourner de moi pour aller servir une table occupée par des hommes visiblement bien amochés si j'en crois leurs yeux vitreux et leurs rires gras.
Je me faufile à travers la foule pour découvrir ce qui suscite tant d'attention et me retrouve face à une scène entourée de lourds rideaux rouges. Un homme s'y tient debout, prêt à prononcer un discours. Avec sa peau hâlée, son sourire ravageur et ses yeux pétillants, il dégage une prestance charismatique qui, du haut de ses un mètre quatre-vingt-dix, m'impressionne autant qu'elle me déstabilise.
-Mesdames, Messieurs, dit-il d'une voix enjouée, bienvenue et merci d'être venus aussi nombreux ce soir. Aujourd'hui est un jour particulier puisqu'il marque l'ouverture de notre nouveau QG !
Des acclamations et des applaudissements résonnent tout autour de moi. Parmi l'audience, j'aperçois des hommes en costume et quelques femmes aux tenues révélatrices. Je n'ai aucune idée du QG dont il parle, et surtout, depuis quand ont-ils décidé de s'installer au Ritz ?!
-Mon frère Mack et moi avons récemment acquis le Ritz pour continuer à étendre notre réseau et faire florir nos affaires pour votre plus grand plaisir !
Le type se tourne furtivement vers une silhouette assise au fond de la scène, à moitié dissimulée dans l'ombre, trônant sur un fauteuil en velours noir. Des cheveux longs ondulés retombant sauvagement sur ses épaules robustes, une barbe épaisse et parfaitement taillée recouvrant sa mâchoire carrée, Mack Reed scrute la salle de ses yeux ténébreux. J'aurai presque pu le trouver beau si ce type n'avait pas délibérément saccagé l'hôtel de mon parrain. Ses yeux perçants se posent soudain sur moi, me déclenchant des frissons le long de l'échine. Je m'ébroue et détourne le regard pour me reconcentrer sur le discours de son frère.
-Tous les employés du Ritz garderont bien sûr leur emploi, assure ce dernier, vous aurez certainement toutefois remarqué quelques changements, mais sachez qu'ils ont été entrepris dans l'unique but de lui redonner toute sa splendeur et sa prospérité. Sur ce, Mesdames et Messieurs, je déclare le Ritz officiellement réouvert !
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Never get me [Romance mafia]
Misteri / ThrillerAylee Quand l'hôtel de mon parrain tombe entre les mains de la mafia irlandaise, je n'ai qu'un objectif : me battre pour récupérer ce qui me revient de droit. Seulement, leur chef, Mack Reed, ne le voit pas de cet œil-là. Aussi bien cruel que séduis...