Chapitre 40

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Aylee

J'ai marché plus de deux heures avant de regagner Cullen et prendre un bus jusqu'à Dublin pour me réfugier dans le premier motel. Mack m'a laissé partir sans broncher. Il a dû sentir que quoi qu'il fasse, il ne me fera pas changer d'avis. Ma rancœur à son égard est bien trop immense, et même si cela me fend le cœur, il fallait que je rompe. J'ai retrouvé mon portable et mon portefeuille après avoir fouillé dans sa chambre et je m'en suis aussitôt emparée avant de patienter dans le salon pour pouvoir lui cracher toute mon amertume. J'avais espéré au moins des explications, des excuses de sa part mais non. Il a préféré souiller la mémoire de ma mère en la traitant de « toxique ». Sa fierté et son arrogance ont encore une fois pris le dessus et m'ont poussée un peu plus vers la sortie. Ses derniers mots résonnent en moi. Non, ma mère n'était pas tendre avec nous, mais parce qu'elle se souciait de nous et de notre bien-être.

La mort de Mia fut comme un échec pour elle. Pendant toutes ces années, elle a porté cette culpabilité et n'avait qu'une obsession, retrouver celui qui a osé lui prendre sa fille. Maintenant qu'il a été retrouvé, elle semblait enfin reprendre pied pour finalement... un sanglot s'empare de moi tandis que je réalise que je ne la verrais plus. Ma maman, ma petite maman... Si forte et fragile à la fois, si droite... si... seule. Je prends conscience que je viens de perdre ma seule famille. Mia, mon parrain, maintenant elle... la douleur est insoutenable. Je ne sais même pas où elle a été enterrée. Est-elle à Cullen auprès de mon parrain ? Ou à Dublin, auprès de ma sœur ? Cédant aux larmes et aux sanglots, je m'efforce de me lever pour me rendre au cimetière afin d'en avoir le cœur net mais lorsque j'ouvre la porte, Adan est posté à l'embrasure, prêt à toquer.

-Aylee, je...

Ses yeux sont bourrés d'empathie mais je n'ai pas besoin de ça. Je m'apprête à le dépasser mais il me retient.

-Non, attends !

-Lâche-moi !

-Aylee, écoute-moi, tu ne peux pas rester seule, tu as besoin d'aide.

Je me débats avec le peu de force qu'il me reste mais Adan ne me lâche pas.

-Aylee !

Une voix chevrotante résonne alors à mes oreilles, sauf que ce n'est pas celle d'Adan. Non... cette voix que j'avais presque oublié depuis toutes ces années. D'un geste de rage, j'essuie mes yeux remplis de larmes et lève la tête vers l'homme que nous avons fui.

-Papa ?

Jen Levinski a pris quelques rides et ses cheveux autrefois bruns sont maintenant parsemés de gris. Pour autant, je reconnais parfaitement son aura si paternelle. Ses yeux rougis par les larmes me scrutent avec tristesse et dans l'attente de ma réaction. Croulant sous les émotions, je finis à genoux sur le sol à chercher ses bras. Il se précipite alors vers moi et me serre contre lui tout en me berçant et en déposant ses lèvres sur mon crâne tandis que mon visage abonde de larmes.

-Mon bébé, ma puce, tu m'as tellement manquée. Je suis désolé... pardonne-moi de ne pas t'avoir retrouvée plus tôt.

Je n'ai pas la force de lui répondre, pourtant, dieu sait que j'ai envie de lui dire à quel point je l'aime et que j'en voulais à ma mère de l'avoir quitté. Je n'ai jamais trop su pourquoi. Tout ce que je sais, c'est qu'il était tendre avec nous et que s'il avait pu, il l'aurait empêché de partir.

Tous les deux assis sur le lit, la tête posée sur ses genoux, mon père me caresse les cheveux tout en me murmurant des mots réconfortants dans ma langue maternelle. J'avais oublié à quel point il était beau.

-Comment m'as-tu retrouvée ? parvins-je enfin à prononcer entre deux sanglots.

-Mack Reed.

A ce nom, mon ventre se serre.

-Comment a-t-il su ?

-Il a apparemment découvert mon existence dans les affaires de ta mère.

Je me redresse, sans comprendre.

-Aylee, il ne voulait pas que tu saches mais il faut que je te montre... ta mère... elle n'était pas la femme que tu crois être.

Je le regarde sortir son téléphone puis lancer une vidéo où je reconnais la chambre d'hôpital de maman. Je découvre alors avec horreur ses aveux filmés par Mack et je me sens devenir folle. Si mon père n'avait pas été là, j'aurai certainement perdu pied. Il me parle alors des circonstances de leur séparation, qu'ils s'étaient tous les deux disputés au sujet de notre éducation et qu'elle était partie du jour au lendemain en nous emmenant avec elle. Il avait tenté de nous retrouver pendant toutes ses années mais en vain. Puis il me parle de Mack et que son frère a débarqué à Varsovie pour tout me raconter et m'inciter à venir me retrouver. Un élan de gratitude m'envahit tandis que je réalise tout ce que les Reed ont fait pour moi. J'ai besoin de les voir, j'ai besoin de LE voir, lui, mon homme, mon sauveur.

Never get me [Romance mafia]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant