Chapitre 9

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Aylee

Cette entrevue est pire que ce à quoi je m'attendais. J'ai voulu lui donner le bénéfice du doute mais ce type est sans vergogne et assume pleinement la reconversion du Ritz. Je le revois me scruter de son regard sardonique. Putain, mais quel rustre ! Et comment ose-t-il tenter de m'acheter avec son argent sale ? Pour qui m'a-t-il prise ?! Son charme et sa fortune n'ont aucun effet sur moi et je suis ravie d'avoir pu le lui montrer en l'envoyant paître. Même si mes menaces ne l'ont pas fait tressaillir, je suis prête à les mettre à exécution. Bella... S'il croit que je vais craquer pour ce genre de surnom de midinette, il peut se foutre le doigt dans l'œil !

A peine rentrée chez John et Sarah que j'appelle le notaire qui s'est chargé du testament de mon parrain. Il confirme l'authenticité du document écrit et signé par mon parrain et que le Ritz porte désormais le statut légal de club de strip tease, ce qui me fait bouillir. Quand je lui rapporte les scènes dont j'ai été témoin, il me suggère de me rendre au poste de police. Evidemment... L'idée ne m'enchante absolument pas mais je n'ai pas le choix. Je dois me faire aider, quitte à devoir renoncer à ma dignité. Sans plus tarder, je fonce alors au commissariat de Cullen.

Depuis ma dernière visite il y a un an, rien n'a changé. Le crépis du vieux bâtiment est délavé et fissuré par endroit. A l'intérieur, les bureaux sont calmes et peu bondés. A croire que Cullen est une ville paisible. Je ravale la rancœur qui me remonte la gorge et me présente à l'accueil où est posté un jeune policier. Son visage avenant me rassure quelque peu et j'ose espérer qu'il prendra rapidement ma requête au sérieux.

-J'aimerais signaler du proxénétisme, m'annoncé-je.

Le jeune homme semble une seconde désarçonné avant de reprendre en contenance :

-Bien sûr, Madame, l'inspecteur Volk va vous recevoir.

Le nom que je redoutais...

-Y aurait-il un autre agent disponible ?

-Non Madame, navré, me répond le jeune homme d'un air sincèrement désolé. Il est chargé de ce type de... problème.

Je déglutis avant de me résigner. Ma dernière entrevue avec ce bougre m'a poussée à replonger dans l'enfer mais il faut à tout prix que j'essaie. Il représente la seule autorité ici apte à faire quelque chose contre Reed.

Après plusieurs minutes d'attente qui me semble durer une éternité, le policier m'invite à rejoindre le bureau de Volk. Celui-ci m'accueille de ses yeux plissés et de son sourire de pervers, affalé sur son fauteuil et les doigts croisés derrière sa tête.

-Levinski, quel plaisir de vous revoir.

Je ne peux pas en dire autant, sale porc.

-Un autre service à me demander ?

-J'aimerais dénoncer une maison close.

-Et laquelle ?

-Le Ritz.

-Votre parrain n'en est-il pas propriétaire ?

-Vous n'êtes pas sans savoir qu'il est décédé et qu'il a légué son hôtel à Mack Reed.

-J'en suis désolé, dit-il faussement. Et vous me dites que l'hôtel est devenu un lieu de prostitution ?

-Oui.

-Avez-vous des preuves ?

-Non, mais je... je comptais sur la police pour enquêter. J'ai vu des femmes occuper des chambres avec des hommes.

-Comme beaucoup de chambres d'hôtel, Levinski.

Je me sens dangereusement bouillir. Clairement, il feint de ne pas me croire.

-Il a tenté de me corrompre pour que je ne le dénonce pas, faites un tour au Ritz et vous le verrez par vous-même !

Volk reste silencieux. Je crois percevoir une lueur amusée dans ses yeux et je comprends enfin.

-Vous étiez à l'inauguration, n'est-ce pas?

Un sourire mesquin se dessine sur le visage bourru du policier. Putain, pourquoi ne suis-je pas étonnée... Chargé de la lutte anti-proxénétisme, mon cul. Ce type doit sûrement couvrir tous les porcs qui sévissent dans cette ville.

-Je peux essayer de parler à Reed, reprend-il, mais vous me connaissez maintenant, rien ne se fera sans contrepartie.

Et on y est... Ce type n'a pas changé. À quoi m'attendais-je? Mes poings se serrent pour refreiner une nouvelle envie de meurtre. Volk arque les sourcils dans l'attente de ma réponse. Sauf qu'il est hors de question que je cède une seconde fois. D'autant que notre premier "deal" m'a menée vers une impasse. Avant de débiter des mots qui me vaudront une nuit en prison, je me lève et fuis de là sous ses rires goguenards.

Je me réfugie dans ma voiture, les nerfs à vif. Mon esprit cède à des souvenirs insoutenables. Son sexe puant dans ma bouche, son air hagard tandis qu'il se vidait sur ma poitrine. Tout ça pour obtenir une info de lui qui ne m'a mené à rien. Je frappe ma tempe à l'aide de mon poing pour exorciser ses flash du passé puis fouille dans mon sac à la recherche de mes anxiolytiques avant de les gober. J'ai bien tenté d'assouvir ma vengeance suite à sa supercherie, seulement, cette brute épaisse ne quitte jamais son flingue.

Je m'efforce de passer outre et me reconcentre sur mon objectif : me débarrasser de Reed. Faute de pouvoir obtenir de l'aide de la police, il ne me reste qu'une option. Mais je dois d'abord consulter ma mère à ce sujet. C'est donc déterminée que je quitte mon bureau pour me rendre à la clinique de Saint-Anne où elle séjourne.  

Never get me [Romance mafia]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant