Chapitre 12

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Aylee

Je crois que je vais vomir... Oui, c'est ça, je vais vomir. Voir mon patron et une de ses concubines s'adonner à une partie de jambes en l'air était vraiment la dernière chose à laquelle je souhaitais assister. J'ai du insister pour qu'ils s'interrompent, sans ça, ils auraient poursuivi leurs petites affaires en ma présence. J'ai eu une envie insoutenable de lui balancer ma façon de penser mais il a accepté que je revienne et que j'occupe une des chambres. Je me suis donc contenue et me voilà entrain de défaire ma valise et de ranger mes affaires dans les différents rangements et Dieu sait que j'ai le choix.

Certes la reconversion de mon hôtel m'horripile mais je dois admettre que les chambres sont magnifiques et parfaitement équipées. La salle de bain en marbre noire possède une baignoire en plus d'une douche hammam. En face du lit king size se trouve un dressing occupant toute la largeur du mur et dans le coin opposé des fauteuils en velours pourpres. De plus, les murs sont extrêmement bien isolés de sorte que je n'entends presque pas la musique du club venant de quelques étages plus bas.

Allongée sur mon lit au confort sans égal, je m'accorde un peu de répit pour échafauder mon prochain plan. En vérifiant les transactions du compte du Ritz, le nom de Borowski n'est apparu nulle part. Sans surprise étant donné que ce fils de chien s'efforce de rester dans l'ombre depuis des années. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'aucune collaboration n'existe entre lui et Reed. Et les tentatives de soudoiement de mon patron montrent qu'il préfère les échanges en cash pour plus de discrétion. Non, si je veux trouver des infos sur Borowski, je dois tendre l'oreille, épier ses allées et venues, voire fouiller dans ses affaires. J'ai conscience des risques mais je me dois de tout tenter. Mes yeux dérivent vers le cadre photo posé sur ma table de nuit. Sa joue collée à la mienne, Mia sourit de toute ses dents en direction de l'objectif. À l'époque où cette photo a été prise, jamais je n'aurai deviné autant de secrets derrière son regard espiègle. Jusqu'à ce jour où j'ai découvert toute la vérité.

7 ans plus tôt

Je viens passer l'aspirateur sur la moquette de notre chambre contiguë en pestant contre ma petite sœur qui laisse trainer ses affaires partout. Je ramasse ses chaussettes et les balance dans le bac à linge sale avant d'aspirer sous son lit. Elle et moi partageons 20 mètre carré dans notre appartement du quartier Est de Dublin, la moindre des choses et qu'elle fasse un effort pour garder cette pièce vivable. Je râle dans ma barbe lorsque je percute un objet dur sous le lit. Je me penche et aperçois une boîte dont je ne connaissais aucunement l'existence. Lorsque je l'ouvre, je découvre plusieurs centaines de billets de livres. Mon cœur manque un battement. Notre mère ne roule pas sur l'or et le peu d'argent qu'elle gagne sert à payer le loyer et la nourriture alors d'où peut bien provenir tout ce cash ?

-Rends-moi ça !

Mia apparaît alors sur le pas de la porte et m'arrache la boite des mains.

-Il vient d'où tout cet argent ?

-ça te regarde pas !

-Mia !

-On me l'a donné, voilà !

-Contre quoi ?

-Contre rien du tout !

-Donc t'es entrain de me dire que quelqu'un de bienveillant t'a donné du cash, comme ça ?

-Exactement !

Irritée, ma sœur range sa boîte sous son oreiller avant de s'atteler à... à rien du tout. Elle fait mine de plier ses vêtements étalés sur son lit. Si elle croit que cette conversation est terminée, elle se gourre.

-Mia, tu l'as volé ?

-Mais tu me prends pour qui, sérieux ?! Non, je l'ai gagné cet argent !

-En faisant quoi ?

Ma sœur cadette se tait et c'est là que je comprends. Les nuits qu'elle passait dehors, soi-disant à trainer avec ses amis, les soutien gorges en dentelle que j'ai retrouvés il y a quelques semaines dans notre armoire, maintenant ça... Je ne peux pas le croire et pourtant, je dois en avoir le cœur net.

-Mia, ne me dis pas que...

-Quoi, Aylee ?! Hein ? C'est un problème peut être ? Tu crois qu'avec le salaire de misère de Maman, on arriverait à joindre les deux bouts ? A ton avis, comment la facture d'électricité a été miraculeusement payée le mois dernier, hein ?

Je la regarde, éberluée. Oui, ma petite sœur souffre davantage que moi de notre niveau de vie mais jamais je n'aurai pensé que cela l'aurait poussé à faire l'impensable.

-On aurait pu se débrouiller mais Mia, putain, tu ne peux pas vendre ton corps au premier venu !

-C'est bon, y a pas mort d'homme, et puis il faut bien manger, merde !

-Je peux pas te laisser parler comme ça, et puis qui t'a embarqué là-dedans ?!

-Un mec à qui j'ai parlé à la sortie du lycée, il est aussi polonais.

Je reste abasourdie face à son attitude désinvolte.

-Mia, mais c'est complètement illégal, d'autant que tu n'as même pas 18 ans !

-Dans 6 mois...

-Il faut que j'en parle à Maman, je peux pas laisser passer ça.

-Tu peux bien, elle captera enfin qui paye ses factures.

-Elle fait ce qu'elle peut !

-Si elle n'avait pas quitté papa sur un coup de tête pour nous embarquer dans ce trou perdu, on n'en serait pas là !

Je souffle d'exaspération. Je ne veux pas relancer le débat sur la séparation subite de nos parents cinq ans plus tôt et qui a provoqué notre départ de la Pologne, notre pays natal pour rejoindre notre grande-tante en Irlande et finir dans son appartement miteux.

-Peu importe, je ne peux pas te laisser faire. On... on va trouver une solution.

Never get me [Romance mafia]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant