Chapitre 16

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Aylee

De nos jours

Je raccroche mon portable, les nerfs à vif. Cela va faire cinq fois que les agences immobilières rejettent mes candidatures pour des appartements. Les demandes ne courent pourtant pas les rues dans Cullen et mon dossier est complet alors qu'est-ce qui cloche, bon sang ? Lorsque je leur demande les raisons de leur refus, elles mentionnent un bref : « on a trouvé un ou une locataire correspondant mieux au profil », mais quel profil ?! Je balance mon téléphone sur mon lit. Je ne peux quand même pas passer ma vie ici, sachant ce qui se passe dans les pièces voisines.

D'autant que ma chasse à l'info ne m'a mené nulle part jusque-là. Aucun des employés à qui j'ai discuté ne connaît Borowski. Le bureau de Mack est sans arrêt sous surveillance, de sorte que je peux pas fouiner à la recherche d'indices, et Dash m'assure n'avoir toujours pas d'infos à son sujet. Une nouvelle impasse me guette. D'autant plus que j'ai la désagréable impression d'être suivie. Dès que je mets un pied en-dehors de ma chambre, les hommes de Mack ne me lâchent pas du regard jusqu'à ce que j'atteigne mon bureau.

Cette impression se confirme lorsque je me rends ce soir à la clinique pour rendre visite à ma mère. A peine ai-je rejoint ma voiture qu'un SUV s'est mis à ma suite. Depuis la chambre de ma mère, je vois le véhicule et deux types du clan Reed attendre sur le parking en fumant leur clope.

-Il faut que tu te débarrasses d'eux, me lance ma mère.

-Quand bien même j'y parviens, je n'ai toujours rien sur Borowski.

Ma mère souffle de lassitude avant de m'asséner :

-Ma fille, tu ne lis donc jamais les nouvelles ?

Elle balance nonchalemment un journal sur son lit et je m'en empare avant de lire un encadré encerclé au stylo.

-Connor a ouvert son cabinet à Dublin.

« Le Dr Andrew Connor vous accueille toute la semaine de 8 :00 à 18 :00 dans son cabinet gynécologique situé dans le quartier Rathmines... »

Aucune photo n'accompagne l'encadré mais c'est bien son nom. Une colère sourde nait en moi à cette nouvelle. Comment ce porc peut-il être autorisé à exercer ? A l'époque, ce foutu gynéco travaillait pour Borowski. Il sait forcément où il se trouve.

Je sens le regard brillant de ma mère sur moi. Elle sait à quoi je pense. Sans m'attarder, je fourre l'article dans mon sac et quitte l'hôpital.

Il faut à tout prix que je me rende à Dublin. Mais avant cela, je dois me débarrasser de mes deux chiens de garde qui me suivent à la trace.

De retour à l'hôtel, je me dirige d'un pas rageur en direction du bureau de Mack. Franck y est toujours posté mais je ne lui laisse pas le temps de protester et viens balancer mon pied contre son tibia qui lui arrache un râle de douleur avant de rentrer en trombe. En pleine discussion avec son frère et ses coéquipiers, Mack se détourne et me fixe de son regard brillant.

-C'est quoi votre putain de problème ?! ça ne vous suffit pas de vous imposer dans ma vie, il faut en plus que vous envoyez vos sous-fifres m'espionner ?

Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres, décuplant ma rage. Je ne sais pas ce qui me retient de lui sauter à la gorge.

-Sortez.

Je fais un pas vers lui pour en découdre mais me contient quand ses hommes se dirigent vers la sortie. Je reste plantée là, une seconde décontenancée, avant de croiser mes bras et le fusiller du regard.

Assis sur son fauteuil, une cheville maintenant posé sur son genou, Mack m'invite à m'asseoir en face de lui.

-Je n'ai pas envie de discuter, dites à vos chiens de garde d'arrêter de me suivre, sinon je...

-Sinon, tu quoi ?

-Croyez-moi, vous ne voulez pas le découvrir.

-Oh j'ai entendu parler de tes petites crises d'hystérie, Bella.

Ses mots réveillent un peu plus ma colère. Il fait certainement référence à la fois où j'ai explosé un verre sur le crâne d'un client quand j'étais plus jeune après qu'il a posé ses paluches sur moi. Cette histoire m'a suivi même des années après, si bien qu'à Cullen, tout le monde me connaît comme la « furie » quand mon agresseur n'a reçu que des railleries de la part de ses congénères. Mon parrain a fait en sorte qu'il ne remette plus les pieds ici et plus aucun client n'a osé s'approcher de moi depuis. Je ne devrais pas être étonnée que Mack me balance ça à la tronche, après tout, il est de la même trempe.

-Tous mes employés ont une garde rapprochée. C'est dans leur contrat.

-Je n'ai pas besoin de protection, je suis une grande fille au cas où vous ne l'auriez pas remarquée.

Mack se caresse la barbe puis sans ajouter un mot, il se lève et s'approche à grand pas vers moi. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il m'agrippe en clé de bras et vient me plaquer contre le mur.

-Et la grande fille que tu es a su anticiper mon geste, peut-être ?

-Lâchez-moi, vous me faites mal !

Mack desserre son étreinte mais sans pour autant me lâcher, il me fait pivoter et saisit mes poignets avant de les placer au-dessus de ma tête. Je tente de me libérer en lui balançant des coups de pied mais il vient se plaquer un peu plus contre moi pour m'immobiliser.

-Alors ?

Envahie par la colère et l'humiliation, je le fusille du regard, sans trouver rien à redire.

-Voilà pourquoi mes hommes te suivent à la trace, Bella. Le monde extérieur n'est pas fait pour les femmes.

-A cause de types comme vous ! rétorqué-je.

-Crois-moi, il y a bien pire que moi, mais ça tu le sais déjà, n'est-ce pas ?

Je ne sais pas à quoi il fait allusion, que sait-il de moi au juste ? Non, il bluffe. Il ne peut pas savoir. Mack me fixe de ses yeux noirs. Je distingue de la détermination mais aussi... de l'empathie ? Ses yeux glissent sur mes lèvres. Encore haletante, ma poitrine se soulève contre son torse. Son corps gainé est toujours pressé contre le mien et sa main me maintient toujours à sa merci. Une vague de chaleur s'immisce dans mon ventre, et ce n'est pas de la colère. Non, c'est bien du désir que j'éprouve pour ce bougre. Mack finit par me lâcher, me laissant presque dans un état de frustration.

-Que ce soit bien clair, Bella, c'est moi qui prends les décisions ici, et si je juge que mes employés ont besoin de protection, alors je mettrai autant d'hommes que nécessaire pour leur coller aux basques, que tu le veuilles ou non.

J'assimile ses paroles comme du poison. Inutile de discuter avec lui. Je trouverai un moyen d'outrepasser ses ordres. Je le dépasse, non sans lui jeter un regard noir et pars me réfugier dans ma chambre. J'ai besoin de réfléchir et sa présence m'est trop insupportable.

Never get me [Romance mafia]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant