Chapitre 1: Malheureuse rencontre part 2/3

322 41 323
                                    


Avertissement : Ce chapitre contient des scènes de violence explicite et est destiné à un public averti (18+).

                           *
Dans l'atmosphère autrefois chaleureuse de Cosuria, la pause déjeuner à la "Bienheureuse" incarnait l'unité des villageois. Sous la bienveillance de George et Maria Ladié, l'auberge prospérait en harmonie. Mais suite à leurs morts, tués par des brigands, cinq mois plus tôt, une ombre planait sur le village.

La Bienheureuse, cœur battant de Cosuria, était une taverne à l'atmosphère agréable. Les poutres en bois massif supportaient un plafond bas et les murs étaient ornés de souvenirs du village. Des tables en bois usé, polies par les années, accueillaient les villageois dans une ambiance conviviale.

Ce jour-là, la sérénité fit place à l’effroi. D'un coup de pied brutal, le commandant Gaëtan Sevré fracassa la porte de la taverne, laissant entrer un vent glacial. Les rires moqueurs des soldats résonnaient, piétinant sans vergogne l'hospitalité qui régnait autrefois ici.

Gaëtan, avec une froideur implacable, fixait la jeune aubergiste.

— Ton nom et ton âge. Dépêche-toi !  aboya-t-il, ses yeux perçants rivés sur elle.

—  Estelle... dix-neuf ans, balbutia-t-elle, le regard effrayé.

Estelle Ladié, fille des anciens propriétaires de l'auberge, se retrouvait paralysée sous l’intensité de l’interrogatoire. Son cœur battait à tout rompre et elle pouvait sentir le poids des regards oppressants des soldats. Elle tenta de se ressaisir, mais la peur la tenaillait, rendant son corps lourd et sa voix incapable de se faire entendre.

Le commandant Sevré, mécontent de l'attitude hésitante de la jeune femme, s'avança d’un pas menaçant, son regard noir ne laissant place à aucune pitié.

— Où se trouve le forgeron ? Réponds, femme ! lança-t-il, sa voix coupante.

Estelle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. La question résonnait dans son esprit, mais la terreur, grandissant à chaque seconde, bloquait ses pensées. Ses mains tremblaient, ses jambes semblaient ne plus pouvoir la porter, et son regard vacillait entre les soldats, espérant qu’un miracle se produirait.

Le commandant, voyant son silence prolongé, frappa violemment la table de son poing, faisant sursauter toute la salle.

— Tu va me répondre ! Où est-il ? hurla-t-il, l’impatience déformant ses traits.

Chaque fibre du corps d'Estelle était pétrifiée. Ses yeux, remplis d’angoisse, se posèrent un instant sur les villageois présents, mais personne ne bougea. Les visages fermés de ses voisins trahissaient la même peur : l'intimidation avait pris le dessus. Le silence de la salle pesait, et elle se sentait seule, totalement incapable de parler, oppressée par la présence brutale de Gaëtan et de ses hommes.

Soudain, une voix enfantine s'éleva, défiant le commandant.

— Laisse ma sœur tranquille ! Vous, les soldats, vous êtes des monstres ! Vous n'avez rien à faire ici !

Le cœur de l'aubergiste battait à tout rompre. Lucas, son petit frère de huit ans, défiait déjà l'autorité des soldats. Avec ses cheveux blonds ébouriffés et ses yeux pétillants d'audace, il était l'incarnation de l'innocence et de la bravoure. Mais le cruel Gaspard, irrité par l'audace de l'enfant, le saisit violemment par le col et le gifla avec force.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant