Chapitre 39: La quête du puissant

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L'indignation monta parmi les compagnons d'Orland lorsque Doryu annonça que l'As du Mystère devait demeurer sur l'île. Madrec, emporté par une colère froide, s'avança vers le puissant, les poings serrés.

— À quoi joues-tu ? Pourquoi Orland doit-il rester ici ? Explique-toi ! lança-t-il d'une voix tranchante, le défi vibrant dans ses mots.

Les autres membres du groupe s'approchèrent, partagés entre inquiétude et incompréhension, leurs regards rivés sur Doryu. Mais avant que celui-ci ne puisse répondre, Orland intervint, sa voix violente rompant le silence.

— Silence ! hurla-t-il, d'un ton glacial. Vous oubliez à qui vous vous adressez ! Vous parlez à un puissant, sur son propre domaine. Si Doryu le voulait, il pourrait nous réduire en esclavage ou nous massacrer sans effort.

Ses paroles résonnèrent intensément , laissant ses compagnons silencieux. Leurs regards, d'abord emplis de défi, vacillèrent alors qu'ils comprenaient l'avertissement de leur aîné.

Doryu, visiblement un peu embarrassé par cette tirade, baissa les yeux avec un sourire gêné. Il reprit la parole d'un ton plus mesuré :

— Eh bien, c'est vrai que j'ai ce pouvoir, mais inutile d'exagérer, répondit-il en haussant les épaules. Ce n'est pas dans mes habitudes de jouer les dieux tyranniques.

Puis, adoptant un air plus sérieux, il se tourna vers L'As du mystère.

— Orland Gaffia, tu sais aussi bien que moi que recourir à la magie d'un puissant n'est jamais sans contrepartie. Il n'y a pas si longtemps, tu as usé de l'un de mes sorts. Une année de servitude, à partir de maintenant, est le prix à payer.

Un murmure choqué parcourut le groupe. Avant qu'ils ne puissent réagir, Doryu poursuivit, sa voix se faisant grave :

— Sachez cependant que le temps, ici, ne fonctionne pas comme dans votre réalité. Une année sur cette île équivaut à un siècle dans le plan d'existence des êtres inférieurs.

Le sang de Madrec ne fit qu'un tour. Incapable de supporter cette mascarade, il éclata :

— C'est injuste ! Comment peux-tu exiger cela ? Que comptes-tu faire de lui ?

— Un puissant dispose de ses serviteurs comme bon lui semble, répondit Doryu avec un sourire narquois. Peut-être que je le forcerai à nettoyer mes temples chaque jour, et à danser pour mon plaisir chaque nuit... Qui sait ?

Le reste du groupe partageait l'angoisse de Madrec, imaginant pour leur ami des épreuves sans fin, des visions de travaux forcés et de tortures perverses qui envahissaient leurs esprits.

Doryu, amusé par leur réaction collective, éclata d'un léger rire et secoua la tête.

— Allons, ne dramatisez pas autant, dit-il, une lueur sournoise dans les yeux. Je plaisante. Je ne suis pas un monstre sans cœur. En réalité, Orland aidera les satyres en cuisine et me divertira avec des tours de magie. Il vivra bien mieux ici que dans le monde des mortels, soyez-en sûr.

Malgré ses paroles qui se voulaient rassurantes, Madrec sentit ses entrailles se nouer. Il ne pouvait se résoudre à laisser Orland à ce sort, aussi "agréable" que Doryu le prétendait.

— Il doit bien y avoir un autre moyen, une possibilité de négocier, fit-il, l'espoir brillant dans ses yeux.

Voyant sa détermination, Doryu esquissa un sourire malicieux.

— Ah, voilà ce que j'espérais entendre, dit-il doucement, son sourire s'élargissant alors qu'il évaluait ses options.

Il leva lentement la main vers son visage, attirant leur attention. D'un geste fluide, il retira le coquillage nacré qui masquait son œil gauche. Aussitôt, une série de tentacules visqueux et grisâtres jaillit de la cavité vide, ondulant comme des serpents affamés. Ils se dirigèrent vers le groupe, dégageant une hostilité palpable, avant de se rétracter brusquement sous le contrôle de Doryu. Une menace silencieuse resta suspendue dans l'air.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant