Chapitre 18

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Il était presque une heure du matin. Gabriel était nu, trempé de sueur, allongé contre Emmanuel et reprenait tranquillement son souffle. Ils avaient passé la soirée ensemble dans les quartiers du premier ministre, puisque ceux du président étaient occupés par Brigitte. Il ne fallait pas qu'elle les surprenne au mauvais moment, pas qu'elle les surprenne tout court d'ailleurs.

La soirée avait été plus que merveilleuse. Les deux hommes avaient réussi à mettre le travail de côté (un peu) et à se concentrer uniquement l'un sur l'autre. Emmanuel s'était révélé très doux et tendre avec lui. Il lui avait même fait la cuisine et Gabriel s'était complètement laissé aller dans ses bras pour le reste de la nuit. 

Malgré leurs tentatives de discuter, ils ne pouvaient résister à l'alchimie qui existait entre eux. Chaque regard, chaque parole qui pouvait être interprétée différemment, les rendait fébriles. Ils avaient fait l'amour une première fois dans la cuisine, puis dans le salon et le dernier round s'était joué dans la chambre. Ils étaient décidément en grande forme. 

Repus, épuisés, mais pleinement comblés, les deux hommes était l'un contre l'autre en silence depuis quelques minutes. Pas l'un de ces silences comme avec Stéphane, où personne n'osait vraiment prononcer le premier mot sans risquer de faire crier l'autre. Non, c'était un silence tranquille, apaisé. Ils étaient totalement complémentaires, ils voulaient les mêmes choses, résonnaient de la même façon. 

Gabriel avait peut être trouvé le mode de relation qui lui convenait. Ils ne se voyaient pas tant que cela pour des moments plus intimes, mais suffisamment pour lui convenir et d'une manière tellement...explosive, qu'ensuite il pouvait s'en passer pour quelques jours. Mieux encore, il avait l'impression que l'attente décuplait même ses sensations. Ils ne s'attardaient pas sur des petits détails et vivaient leur nouvelle relation au jour le jour. Gabriel savait que c'était chose actée désormais. Il aimait cette relation, il tenait à Emmanuel et ne laisserait personne le priver de son petit plaisir secret. 

Il avait beau avoir Stéphane dans un coin de la tête, quoi de plus normal compte tenu de la situation, il n'arrivait plus à retrouver cette impression bizarre de tristesse et de gêne qu'il avait pu ressentir dans la journée en pensant à lui. Il s'était trouvé presque cruel de s'être jeté aussi "facilement" dans les bras d'un autre presque le lendemain de sa rupture. Mais maintenant il fallait vivre pour soi. 

– Je ferai mieux de rentrer je pense, finit par dire Emmanuel. Il avait la main dans les cheveux de Gabriel et jouait distraitement avec quelques unes de ses mèches. 

– Il ne faudrait pas inquiéter Brigitte, affirma Gabriel. Il se sentait parfois un peu coupable de trahir celle qu'il considérait presque comme une amie. 

Puis son côté politicard lui rappelait que dans ce milieu, moins d'avis on avait, mieux on se portait. Tout ce qui finissait par exploser était toujours lié à des relations, des amis qui ont trahi les autres du jour au lendemain, bref Gabriel avait quelques amis certes mais il se gardait bien de leur faire tout commentaire sur sa vie. Du moins, il ne racontait que le strict minimum et uniquement des choses de "surface". 

Emmanuel se leva et s'habilla tranquillement sous les yeux de Gabriel qui le dévorait encore du regard. Il le matait sans aucune honte et ne s'en cachait pas. Emmanuel le surprit et rigola. 

– Profite de la vue, dans les prochains jours ça risque d'être compliqué de remettre ça, souffla-t-il 

Gabriel grimaça. L'emploi du temps était très chargé, entre l'Assemblée, les réunions des ministres, les déplacements, tout ça pour Gabriel, et puis sensiblement la même chose pour Emmanuel mais en trois fois pire. Les deux tourtereaux n'auront pas beaucoup de temps libre. Du moins, pas assez pour se voir. Ils avaient une réunion bientôt mais ça allait aussi être trop risqué de tenter quoi que ce soit comme rapprochement. 

Au fond, Gabriel s'en fichait. Il n'y avait pas que le sexe qui comptait, il aimait de plus en plus la présence d'Emmanuel. Il le suivait depuis un moment, depuis la création de La République En Marche, son premier mandat, la campagne pour le second, il était de tous les fronts. Il l'admirait déjà depuis des années alors rien que le fait qu'il puisse maintenant admirer d'autres parties plus intimes de lui le rendait fébrile. Il appréciait ces moments. 

Emmanuel prit congé après lui avoir fait un baiser d'adieu évocateur et Gabriel s'endormit quelques instants après. Pour une fois il ne se couchait pas à 3 ou 4 heures du matin comme ça lui arrivait ces derniers temps. Tout ceci l'avait épuisé mais aussi apaisé. Il pouvait dormir directement sans se retourner toutes les 20 minutes. 

La journée du lendemain s'avéra pleine de surprises. Et pas des moindres. Gabriel apprit qu'une de ses ministres avait encore fait des siennes et dû se rendre en urgence à son bureau pour tenter de régler le problème. Il avait ensuite été confronté à la presse qui voulait absolument des réponses, sans quoi la polémique n'allait cesser d'enfler. 

Et de toutes façons, comme c'était prévisible et prévu, la polémique enfla. Gabriel tenta tant bien que mal de travailler les dossiers à l'ordre du jour mais tout le monde l'accaparait toutes les minutes pour parler de la polémique, savoir la marche à suivre. Agacé, il finit par envoyer bouler la moitié de ses ministres qui ne cessaient de l'emmerder, en les renvoyant vers la note qu'il avait faite pour tout le monde. Violons accordés, ministres calmés, il pouvait enfin travailler. 

Enfin ça, c'était sans compter sur son téléphone qui n'arrêtait pas de sonner. Et alors qu'il allait répondre sèchement à quelqu'un qui avait eu l'audace de l'appeler deux fois de suite, quelqu'un toqua à la porte de son bureau. Comme de toutes façons rien de pire ne pouvait arriver, il se massa les tempes et autorisa la personne à entrer. 

Alexis Kohler entra. Gabriel avait presque oublié qu'il avait mijoté, voire comploté contre Stéphane et lui (puisque tout montrait que c'était un complot) avec son grand ami Alexandre. Ou peut être que c'était pas son ami. Il se mêlait de tout de toutes façons. Autant il fallait dégager sec les personnes, collaborateurs ou autres, qui se permettaient ce genre de frasques, autant la présence d'Alexis était presque indispensable. Justement ses oreilles entendaient tellement tous les bruits de couloir qu'il était devenu presque le rapporteur des ragots, jusqu'à ce que les gens viennent à en oublier presque son vrai métier de base, secrétaire général de l'Élysée. 

– J'essaye de vous joindre depuis tout à l'heure, dit simplement Alexis. Un ton informel mais avec quand même une once de reproches. Gabriel décida de ne pas relever. 

– On me harcèle depuis un moment. C'est à quel sujet ?

– Brigitte veut vous inviter à dîner ce soir, j'avance le rendez vous d'une heure avec l'équipe de communication.

Gabriel hocha la tête. On ne pouvait toujours rien refuser à la Première dame. La réunion de communication pouvait très bien être décalée par son équipe, il ne voyait pas pourquoi c'était Alexis qui s'en était chargé. Boh, il avait dû croiser Brigitte ou l'avoir par message et il était passé voir l'équipe du premier ministre avant de le prévenir. C'était sur son chemin. 

Un dîner donc avec la femme de son amant. Merveilleuse idée pour finir la journée en beauté.

TENTATIONS - Emmanuel Macron x Gabriel AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant