Le soir venu, Gabriel parvint à s'échapper d'une énième réunion pour rejoindre le bureau présidentiel. Pour une fois, il parvenait à sortir une excuse que personne ne pouvait réfuter. "Le Président m'attend", généralement aucun ne bronchait.
Lorsqu'il entra, Emmanuel était en grande discussion avec Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, qui ne devait son maintien au gouvernement que par les Jeux Olympiques qui approchaient. On ne vire pas un ministre de l'Intérieur à six mois d'une échéance d'une telle envergure.
Gabriel le méprisait amèrement, c'était un profiteur de première qui ne voulait qu'une chose : son siège de premier ministre et un ticket VIP direct pour 2027. En somme, il convoitait la place de Gabriel et n'allait pas s'arrêter avant de l'avoir. Le nouveau premier ministre s'était fait une promesse : après les JO, le lendemain même, ce bon vieux Gérald allait sortir de son gouvernement, la tête basse. Gabriel imaginait déjà la scène, s'en délectant d'avance.
C'était sûrement l'une des choses qu'il attendait le plus en 2024.
Quelques minutes plus tard, Bruno Le Maire, ministre de l'économie, franchit le seuil de la porte et s'excusa du retard. Emmanuel hocha la tête et ouvrit leur séance de travail. Gabriel remarqua soudainement qu'il continuait à vouvoyer les autres ministres et qu'eux aussi en retour. Le tutoiement était-il un privilège pour le premier ministre ?
– Vous le savez, demain notre nouveau premier ministre va faire son discours politique à l'Assemblée nationale. Personne n'est dupe sur l'accueil que vont lui réserver la majorité des députés, LFI, RN et compères. La semaine prochaine on aura les QAG, ils vont globalement tous te taper dessus. Pour une fois, Gérald sera un peu tranquille, dit Emmanuel en souriant ironiquement.
Gérald lâcha une moue au président en guise de réponse, que Gabriel interpréta comme un "accouche et ne m'emmerde pas" mais le Premier ministre ne rajouta rien à la situation, qu'il trouva déjà très tendue.
Ces ministres, il les connaissait bien. Il avait été sous les ordres de Bruno fut un temps et avait travaillé en collaboration avec Gérald. Voilà que maintenant il les dirigeait.
Il savait que ça agaçait profondément Gérald, qui avait vu son petit égo de petit homme politique ratatiné sur place en moins de 3 jours. Dire que tous les médias titraient une arrivée imminente de Gérald ou de Bruno en tant que premier ministre. En deux heures à peine, le vent avait tourné. Gabriel avait coiffé tout le monde au poteau.
Comment dire à deux monstres politiques, deux ministres de longue date, qu'ils ne méritaient pas le poste et que c'était finalement un petit jeune, ministre depuis 5 mois de l'Éducation, qui allait leur piquer la place ? Il y avait de quoi s'en mordre les doigts et insulter quelques arbres généalogique. Gabriel sourit intérieurement.
Le Président avait fait fort. Il avait réussit à rendre la situation encore plus catastrophique qu'auparavant : les ministres se détestaient entre eux et voulaient plus que jamais leurs chutes respectives. Décidément, les trois années de travail qui s'annonçaient allaient être pour le moins rocambolesques. Mais c'était là tout l'enjeu, calmer les ardeurs des uns, faire avec les ambitions des autres, pour créer un clan politique resserré et imprenable. Gabriel comptait bien y parvenir.
La suite de la réunion passa rapidement. Le Président voulait faire un point sur les mesures phares qui seront annoncées le lendemain au parlement par Gabriel. Histoire que tout le monde s'entende et entende à nouveau les priorités de l'exécutif. Il faudrait éviter des boulettes à J+2 du remaniement, ça serait mal vu.
Ce fut Bruno, qui visiblement avait du mal avec les horaires, qui prit congé en premier, 10 secondes après la fin de la réunion. Gérald discuta encore quelques instants avec le Président d'un sujet précis et bientôt, avant même que Gabriel ne prenne la mesure de ce qui s'annonçait, il se retrouvait une nouvelle fois seul avec le Président.
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TENTATIONS - Emmanuel Macron x Gabriel Attal
FanficDeux monstres politiques. L'un, président depuis près de 7 ans, l'autre fraîchement nommé premier ministre. L'un est fatigué par le pouvoir, habitué aux frasques politiques, l'autre est dynamique, ambitieux et veut plaire aux Français. Un renouveau...