Chapitre 21

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Gabriel était d'une humeur massacrante. Déjà parce qu'il avait passablement mal dormi, ensuite parce qu'il avait renversé son café dès le matin et enfin parce que sa directrice de cabinet faisait absolument n'importe quoi depuis quelques heures. Aussi sûrement à cause de ce que le président lui avait dit de faire la veille, qui l'avait mis en rogne. Gabriel avait réussi à être un bon ministre de l'Éducation nationale, il avait redoré l'image de ce poste et s'était fait une belle percée dans les sondages d'opinion. Depuis qu'il était premier ministre, il avait l'impression de marcher sur des oeufs à chaque instant. La polémique le guettait à chaque tournant et il n'était jamais tranquille. Que ce soit ses ministres adeptes des casseroles, Stéphane, les bourdes de ses députés, la crise qui s'annonçait, les journalistes qui fouinaient partout et de plus en plus, il n'avait jamais la paix. 

Il pensait que le drame viendrait de cette masse à emmerdes mais elle venait d'arriver directement du bureau présidentiel. Il savait que c'était parfois son rôle de prendre les coups, mais pas à ce point là et pas sur quelque chose qui n'était ni sa faute ni celle de son gouvernement. Comment dire aux Français que le Président jouait avec l'argent de leurs impôts depuis des années mais que c'était la faute de son gouvernement, en poste depuis un mois ? Personne n'allait y croire. 

De toutes façons, il était obligé d'aller au combat. Sa directrice de cabinet était sur le coup depuis ce matin pour coordonner son équipe et écrire son discours. Donc c'était la guerre, puisque personne ne savait quoi dire réellement. 

- « Le bureau du président pourrait donner des directives, non ? » s'indigna presque sa chef de cabinet qui s'agitait sur son siège depuis dix bonnes minutes. Gabriel, lui, un café à la main (il tenait le gobelet fermement, il ne tenait pas à changer de costume pour la deuxième fois) restait impassible, vidé de toute énergie. 

- « Voyez directement avec l'une de ses attachées » répondit simplement le premier ministre en se levant. Il avait d'autres choses à faire, de toutes façons il ne savait pas quoi dire non plus et il finirait par lire son discours deux heures avant sa prise de parole. C'était inutile qu'il reste une seconde de plus ici à regarder son équipe taper des mots sur un document, des mots qui le mettaient en rogne. 

Il sortit du bureau et rejoignit le sien, non loin. Il claqua la porte et s'affala sur son fauteuil en sirotant son café, le regard dans le vide. Emmanuel l'avait bien eu sur ce coup là. Pourquoi fallait-il absolument une prise de parole ? Si c'était comme ça que ça devait se passer à chaque casserole du gouvernement, il y aurait eu trois prises de parole par jour depuis 7 ans. 

Heureusement, pour se changer les idées, il avait une réunion sur le bien être animal avec quelques conseillers et représentants concernés. Il allait lâcher ces problèmes un instant et se focaliser sur d'autres. La réunion fut, malheureusement pour lui, insipide et ponctuée d'échanges houleux entre tous les intervenants. Gabriel dû même hausser la voix pour leur dire de rester calme (sinon c'était lui qui allait crier et ça, il valait mieux éviter). 

Pour le déjeuner, il préféra rester seul et avaler deux trois sandwichs que l'un de ses collaborateurs lui avait laissé "au cas où", connaissant la manie de Gabriel de vouloir parfois rester seul sans voir personne. Un comble pour un premier ministre. 

Alors qu'il allait se lancer dans un dossiers urgent, son téléphone sonna. Gabriel grimaça, c'était Emmanuel. Prenant une grande inspiration, il décrocha. 

- « Oui ? »

- « Tout est prêt ? » la voix d'Emmanuel était neutre, calme et posée. 

- « Votre collaboratrice a reçu la version finale en tout cas. » Gabriel avait repris le vouvoiement. Il ne pouvait pas le mépriser du regard, alors autant le faire par la parole. Emmanuel ne le releva pas. 

- « Bien »

Et il décrocha. Autant ce genre d'appel était courant, autant là cette fois il résonnait d'une manière différente, plus froide. Même si de toute évidence Emmanuel s'était comporté tout à fait normalement (forcément puisque lui vivait très bien la situation). 

Gabriel grommela mais n'eut pas le temps de lancer un juron que le président déboula dans son bureau et prit le soin de bien fermer la porte derrière lui. 

- « Qu'est ce que tu..vous faites là ? » balbutia Gabriel, surpris. 

Emmanuel avait l'air sévère. Il était impeccable dans son costume et donnait l'impression d'être pressé, il avait vite fait jeté un coup d'oeil à l'heure sur sa montre avant de reporter son regard sur Gabriel. 

- « Visiblement, il faut qu'on parle » soupira-t-il en tirant une chaise pour s'asseoir face à Gabriel, de l'autre côté de son bureau. 

Gabriel haussa un sourcil. 

- « Je n'ai pas le temps, repassez plus tard » il saisit son stylo et fit mine de porter une grande attention au document qu'il lisait. Il était au final incapable de dire de quoi ça parlait exactement. Il avait lu six fois la même ligne et n'avait pas retenu un seul mot. Son cerveau était préoccupé par autre chose que des lignes administratives inintéressantes. Le parfum d'Emmanuel avait empli toute la pièce et rendait Gabriel presque fébrile. Il n'arrivait plus à se concentrer sur autre chose et osait à peine respirer trop fort. Il y avait une tension dans la pièce depuis qu'il était entré. Emmanuel l'avait deviné, évidement. 

- « Ne fais pas semblant, pas avec moi »

Emmanuel le fixait du regard. Gabriel sentit son estomac se contracter. 

- « Semblant de quoi ? Que je vais être fusillé ? Je vois pas en quoi c'est faux » lâcha le premier ministre. 

- « Ça c'est ce qui arrive, mais ne crois pas que je te refile ça exprès » rectifia Emmanuel. Il se leva et contourna le bureau pour s'approcher de Gabriel. Il passa derrière sa chaise et mit ses deux bras sur les accoudoirs, entourant presque son premier ministre et son souffle chaud s'écrasait dans la nuque de Gabriel. Il frissonnait rien qu'à ce contact. C'était sûr, il n'allait jamais pouvoir finir de lire ce rapport. 

Mais non, il ne pouvait pas le laisser gagner de la sorte. Prenant une grande respiration, Gabriel se leva brusquement de sa chaise, poussa un des bras d'Emmanuel et contourna le bureau. Il ouvrit grand la porte. 

- « J'ai beaucoup de travail » dit-il tout simplement. 

Emmanuel fit un rictus mi amusé mi moqueur. Soit. Il passa devant lui avant de sortir et lui fit un clin d'oeil. Gabriel claqua la porte, ignorant les gens de passage dans le couloir qui auraient pu surprendre cet échange houleux entre les deux têtes de l'État. 

Emmanuel n'était venu que pour lui prouver une seule chose : qu'il le contrôlait. Rien que sa présence, son odeur, avaient complètement déstabilisé Gabriel. Lui qui de base voulait presque lui hurler dessus, n'en était venu qu'à deux trois phrases complètement bancales. Comment avait-il pu devenir à ce point si accro en l'espace de quelques semaines uniquement ? C'était une simple relation, avec Stéphane il ne s'était jamais senti aussi fébrile. Il perdait chaque jour un peu plus le contrôle sur les réactions de son corps, qui jouait presque contre lui ces derniers temps. C'était un jeu dangereux, à ce poste il ne pouvait pas se permettre de perdre tous ses moyens pour un quelconque accrochage. Il fallait se reprendre. 

Une chose était sûre : Emmanuel jouait avec ses sentiments et il y arrivait à merveille. 



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Coucou ! Désolée pour le retard de ce chapitre mais j'ai de moins en moins le temps d'écrire en ce moment, je vais faire une petite pause, le temps de réécrire tranquillement et d'avoir + de chapitres d'avance la prochaine fois ! 

Bisous et à pluss 


TENTATIONS - Emmanuel Macron x Gabriel AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant