Chapitre 2

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– Je...C'est un immense honneur Monsieur le Président, et je l'accepte, finit par dire Gabriel en se levant de table, surplombant son supérieur, avec respect et dignité. 

Il ne pouvait pas accepter dignement sa nouvelle fonction en restant simplement assis, un croissant à la main.

Emmanuel hocha gravement la tête puis sourit à nouveau en l'invitant à se rasseoir.

– Ne me fais pas croire que cette nomination est une surprise, glissa le président en se servant un verre de jus qu'il vida d'une seule traite. Tu es de loin le plus brillant au sein de ce gouvernement, je sais que tu le voyais venir depuis un moment. Elisabeth n'a rien senti, elle.

Gabriel sourit malicieusement. Il avait un profond respect pour Elisabeth mais cette dernière s'était trop reposée sur ces acquis dernièrement. Persuadée d'être la "femme du Président jusqu'au bout", elle ne s'était pas remise en question plus que cela. 

Mais le vent tournait en France. L'opinion publique était de plus en plus favorable aux idées du Rassemblement National. Et malheureusement pour Elisabeht, de plus en plus défavorable à cette dame âgée qui vapotait, tenait le gouvernement d'une main de fer et se moquait des élus.

– Je compte sur toi pour être mon bras droit jusqu'au bout. Tu connais tes responsabilités. Tu as le courage et l'intelligence politique nécessaires pour faire de grandes choses, Gabriel. Je crois en toi et je mise beaucoup sur toi. Je sais que tu ne me décevras pas, conclut le Président en posant un bras rassurant sur celui de Gabriel.

Ce dernier cligna des yeux presque bêtement. Il savait qu'il avait un certain talent en politique, un talent depuis de nombreuses années, si ce n'est un talent inné. Mais de l'entendre de la bouche du président en personne, c'était quelque chose. 

Il avait déjà reçu des éloges quand il avait été promu à ses fonctions précédentes, que ce soit aux comptes publics, porte-parole, puis à l'éducation. Mais jamais des propos de cette teneur-là. Et ce geste physique, peut être symbolique, signifiait beaucoup pour lui. 

Tout cela donnait une atmosphère à la fois détendue dans la salle, mais aussi empreinte d'une certaine tension. Une tension d'un autre genre. Que ne semblait pas ressentir le président, sûrement immunisé depuis longtemps à toute forme de pression.

– Merci beaucoup Emmanuel. Je saurais vous rendre honneur et je serais votre homme jusqu'au bout, affirma Gabriel en reprenant ses esprits. J'ai tellement de projets pour la France, pour le parti, pour vous. 

– Pour moi ? sourit malicieusement Emmanuel en levant un sourcil.

Gabriel se pinça les lèvres. 

Évidement il parlait de projets purement politiques, pour rendre la figure présidentielle plus appréciée par l'opinion publique. Le Président avait été réélu dans la souffrance, c'était un fait. Et pas grand-chose n'avait réussi à le remettre dans les bonnes grâces des Français dernièrement. 

L'arrivée de Gabriel à Matignon allait déjà changer des choses, mais ce dernier avait aussi des idées, des coups politiques comme des coups de communication. Tout était bon à prendre, du moment que c'était mûrement réfléchi et planifié. 

Mais le fait que le président prenne cette remarque sur un autre ton le rendait quelque peu...fébrile. Il y avait depuis quelques secondes comme un double discours. Le Président et son premier ministre. Emmanuel et Gabriel. Deux discussions, quatre hommes, qui ne désiraient que parler librement. S'affranchir des barrières qu'ils s'étaient érigés l'un contre l'autre. Du moins, c'est ce que ressentait Gabriel dans son for intérieur. 

Ce qu'il interprétait au travers de quelques maigres directives, à travers deux mots glissés en fin de réunion ou d'un simple texto. Mais tout est resté strictement professionnel, à son plus grand regret. Il aurait voulu plus, apprendre à le connaître, pour aspirer ensuite à plus haut. Heureusement pour lui, les choses étaient bien faites. Il avait eu le poste avant d'avoir eu à fournir des efforts importants de sociabilisation auprès du Président.

– Oui, disons qu'il y a du pain sur la planche pour relever votre image, finit par lâcher Gabriel pour se rattraper.

Emmanuel sourit brièvement, les yeux rivés sur son téléphone. Il passa une minute à pianoter furieusement et finit par reposer son IPhone, cette fois-ci à l'autre bout de la table, après s'être assuré de l'avoir mis en silencieux. Il focalisa à nouveau toute son attention sur Gabriel.

– Tu peux me tutoyer Gabriel, je pense que nous avons une fois de plus dépassé le stade de simples collègues, lui dit le Président, toujours en arborant un sourire parfait, mais un sourire sincère. Disons qu'avec les nuits de travail en tête à tête qui se profilent à l'horizon, autant ne pas nous encombrer de vagues politesses de rigueur.

Gabriel eut du mal à contenir un sourire. Il hocha la tête aux mots du président et la discussion reprit. 

Le nouveau Premier ministre eut du mal à se faire au tutoiement, un signe qui traduisait désormais d'une certaine proximité avec Emmanuel. Mais après les deux heures que durèrent le petit déjeuner, Gabriel était déjà plus détendu. Le Président avait raison, autant se débarrasser de tout ce qui pourrait rendre les discussions soporifiques.

Aujourd'hui, ils étaient le tandem de la République. Le rempart contre l'extrême droite, le bouclier contre l'idéologie de la gauche décomplexée, les soldats contre les fantasme de la droite républicaine. 

Une fois de plus, Emmanuel Macron et Gabriel Attal étaient seuls contre tous. Deux hommes, deux époques, une seule vision pour la France : gagner. Et ils en étaient capables. Des ministres s'étaient opposés fermement à cette nomination, le Président avait tenu bon et réaffirmé sa confiance dans Gabriel. Les partis politiques s'étaient insurgés, le Président leur avait répondu fermement. L'opinion publique semblait acquise pour une partie. L

es frustrés rentraient chez eux et Gabriel sortit du bureau, suivi par le président, désormais son seul allié dans le combat qui l'attendait et l'objectif ultime : 2027. 

TENTATIONS - Emmanuel Macron x Gabriel AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant