Chapitre 27

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Gabriel ressassait les paroles de la première dame pendant qu'il remontait lentement les marches le menant à ses appartements. Il n'avait rien ajouté de plus, il ne se sentait pas de dire quoi que ce soit et elle n'aurait rien voulu entendre, ce qu'il comprenait parfaitement. Il avait quitté la pièce sans un bruit, sans un mot pour elle, sans se retourner. Il était parti presque comme un voleur, comme un enfant qu'on avait puni et qui n'osait pas se retourner et s'excuser. 

Il avait toujours su qu'entamer une relation avec le Président était synonyme de danger, voire de mort politique imminente si quelqu'un venait à le découvrir. Même si certains d'anciens présidents avaient été pris la main dans le sac à tromper leurs conjointes, là c'était radicalement différent. Gabriel sera accusé de favoritisme et un président qui met son plan cul premier ministre, ça ne rend pas hommage au pays. Que leur relation ait commencée après sa nomination ne changeait rien, les Français n'allaient retenir que ça. Déjà, lorsque Gabriel avait mis Stéphane, son compagnon, sur la liste des ministres ça avait beaucoup jasé et pour cause. Il ne s'imaginait pas les réactions si quelqu'un venait à découvrir qu'il couchait avec le Président et que leurs sentiments s'étendaient au delà de ce qu'ils pouvaient concevoir. Nombreux députés et ministres couchaient allègrement entre eux mais les médias n'étaient pas encore au courant. Enfin, pas au courant de tout. S'ils pouvaient rester dans l'ignorance le plus longtemps possible, Gabriel les en remercierait. 

Quand il tourna la clé dans la porte de son appartement, il fut accueilli en fanfare par Volta, qui bondissait déjà autour de lui. Il soupira, ce n'était pas le bon moment. L'une de ses collaboratrices s'en occupait régulièrement quand il ne pouvait pas le faire (c'est à dire 90% du temps). Elle avait été sortie, nourrie, cajolée mais elle faisait la fête à Gabriel dès qu'il rentrait. Il prit le temps de la caresser gentiment avant de rejoindre son salon mais n'était pas très partant pour une promenade nocturne dans les jardins. Finalement, c'était peut être le moment d'entamer cette fameuse bouteille de vin qui lui faisait envie. Il s'assit confortablement dans l'un de ses fauteuils et prit le temps de déguster sa boisson. Son appartement grand, vide et silencieux (en dehors du bruit des coussinets de Volta sur le parquet) le rassurait. Autrefois, il adorait rentrer et retrouver Stéphane, qui lui détaillait toute sa journée, l'assénait de question. Maintenant, il préférait largement le silence de son chez-lui. Il savoura son précieux breuvage et rejeta la tête en arrière.  

Peut être que Brigitte avait raison et que tout ceci était une très mauvaise idée. Mais il en avait vraiment envie. Envie de lui. Rah, il enrageait. Même avec de l'alcool dans le sang Emmanuel venait monopoliser ses pensées. Il n'arrivait même pas à comprendre comment le président était devenu aussi important dans sa vie alors qu'une partie de lui projetait toujours de le faire tomber pour prendre sa place. Et surtout que toute cette histoire s'était finalement déroulée en si peu de temps. Tout s'était passé si vite. Ils ne s'étaient pas tournés autour, ils s'étaient jetés dessus. Ses ambitions politiques l'effrayaient par moments. Il avait été choqué de la manière dont Emmanuel avait traité Brigitte, la forçant à accepter leur relation, n'ayant aucun mot d'excuse ni de compassion pour elle. Mais Gabriel était-il vraiment différent ? Il avait ce côté inhumain, immoral, qui ressortait. Cette relation faisait sortir le meilleur de lui même mais à la fois le pire. Mensonge, trahison, complot. La politique l'avait habité à ce triptyque mais pas la vie, pas lui. 

Emmanuel avait dit qu'il l'aimait. Tout s'était passé tellement dans la cohue qu'il n'avait pas saisi l'ampleur de sa déclaration. Il ne s'y attendait pas vraiment. Déjà l'autre jour, quand il avait avoué son attirance presque trop sentimentale, Gabriel avait senti que quelque chose se tramait. Depuis le début, c'était Emmanuel qui le manipulait, jouait avec lui, lui faisait du mal. Mais il s'était pris à son propre jeu et ce besoin d'être aux côtés de Gabriel était devenu vital. Le retournement de situation par excellence. Et le premier ministre était resté silencieux. Il s'était souvent fait la réflexion qu'entre les deux, il était celui qui était le plus emphatique et compatissant, le plus humain, puisqu'Emmanuel était par essence une sorte de coeur de pierre bien trop sûr de lui pour s'abaisser à dévoiler son jeu. Mais cette fois, il avait pris les choses en main. Était-ce vraiment de l'amour que le président ressentait ? Gabriel n'en savait rien, ce qu'il savait c'est qu'il était dans la merde. Brigitte pouvait parler, elle pouvait craquer. Ce serait la descente aux enfers assurée, pour lui comme pour Emmanuel. 

TENTATIONS - Emmanuel Macron x Gabriel AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant