TENTATIONS - Emmanuel Macron x Gabriel Attal

Chapitre 17

Gabriel sortit de la chambre de Stéphane quelques instants plus tard. Il lui avait brièvement dit au revoir, encore chamboulé par la nouvelle. Et aussi quelque peu suspicieux. Que venait faire le président dans l'équation entre lui et Stéphane ? De quoi s'étaient mêlés le duo Alexis-Emmanuel ? Adeptes des coups politiques en douce, ils étaient au courant de tout ce qui se passait au gouvernement et plus largement au sein de la majorité macroniste. Ils s'en donnaient parfois à coeur joie sur les rumeurs et les conséquences qu'eux même en tiraient. 

Pendant le trajet du retour, Gabriel repensa à sa discussion avec Stéphane, puisque depuis qu'il était sorti il ne pensait qu'à ses révélations. 

Mais son ex, celui qui avait été aussi son meilleur ami, avait failli se suicider parce qu'il se sentait complètement abandonné. Gabriel ne prenait plus de nouvelles, n'avait le temps pour rien ni pour personne et s'en fichait éperdument. Tout ce qui comptait était son travail et il avait suffisamment de contacts humains la journée pour rentrer le soir et juste s'affaler sur son canapé avec Stéphane. Rien de plus, rien de moins. 

Le simple fait pourtant d'imaginer qu'il aurait pu se tuer l'autre soir le rendait vraiment dans une humeur bizarre. Mi dévasté mi épuisé, il ne savait plus où donner de la tête. Un beau début de burn-out alors qu'il ne travaillait en tant que premier ministre depuis quelques semaines à peine. C'était joli. 

Ce qui effrayait Gabriel, c'est qu'une partie de lui en avait rien à faire de Stéphane, mais l'autre éprouvait toujours beaucoup de culpabilité. 

Coincé entre deux sentiments, il avait fait alors le choix de ne pas choisir et de rester dans l'indifférence, de continuer à avance. Il ne pouvait pas tout lui pardonner sous prétexte de son accident et de ce qu'il avait pu ressentir pour en arriver là quand même. Non, ils avaient fait le point désormais et chacun allait avancer de son côté. 

Mais Stéphane allait rendre les clés de son ministère. Hors de question de garder aux Affaires Étrangères un type qui ne sait même pas gérer ses relations sans vouloir se tuer. Le principe du ministre était d'apaiser les relations entre les États et en créer de nouvelles. Franchement, on ne pouvait pas avoir choisi pire personne que Stéphane pour s'en charger. Pourtant, il avait été excellent au Parlement européen. 

Tout ça était peut être vraiment de la faute de Gabriel. Il évacua vite cette idée. Non, il n'avait rien fait de mal. Stéphane était juste instable psychologiquement. Du moins en ce moment. 

Il retourna à Matignon et s'enferma dans son bureau. Il n'allait pas transformer ce fait en une histoire mélancolique et pseudo dramatique où tout le monde se courrait après pour avouer des sentiments cachés. Stéphane et lui allaient régler ça comme des adultes, en en discutant calmement. Au final, c'est ce qu'il demandait depuis plusieurs jours mais que Gabriel n'avait jamais accepté. 

Comment consentir à discuter avec quelqu'un qui vous avait trompé de la pire des manières ? 

Stéphane avait tenté le tout pour le tout pour attirer son attention. C'était un comportement des plus toxiques. Gabriel ne serait pas surpris de le voir revenir en rampant les jours suivants, prétextant que leur conversation avait fait remonter les bons moment qu'ils avaient pu vivre ensemble. Il était un aussi bon politique que lui, il savait prendre par les sentiments et pousser l'autre à faire tout ce qui était nécessaire. 

Le reste de la journée et le lendemain passèrent sans encombres. Jeudi arrivait à grand pas. Gabriel ne croisa pas Emmanuel du tout, qui était parti en urgence en déplacement en Guyane avec le ministre de l'Intérieur, qui cumulait la fonction de ministre des Outre-mer. Ils échangeaient uniquement par messages et quelques appels brefs.