Gabriel déboula en trombe dans le bureau présidentiel. Volta avait eu la bonne idée de lui voler sa deuxième chaussette pile au moment où il allait enfiler ses chaussures. Il avait dû lui courir après pendant 10 bonnes minutes pour finalement devoir trouver une autre paire, l'autre ayant succombé aux canines de son chien minuscule.
En jurant dans sa barbe, il avait alors couru dans les couloirs, rattrapé au vol ses dossiers au bureau de ses collaborateurs, amusés, et s'était précipité vers le bureau d'Emmanuel, où une réunion de la plus haute importance s'y tenait.
Emmanuel leva un sourcil en le voyant arriver en nage, les cheveux en désordre mais ne releva pas et continua sa conversation avec sa ministre, Prisca, la porte-parole du gouvernement, qui, elle, s'esclaffa bruyamment. Elle ne ratait jamais une occasion pour se moquer de lui et prendre un verre tard le soir, c'était une très bonne collègue mais Gabriel n'en ferait jamais une amie. Il avait même hésité à la ranger dans la case "amie" avant de la laisser avec les autres dans le tiroir "collègues".
Il savait ce qui se tramait dans le bureau de la porte-parole, où tous les collaborateurs de la jeune femme démissionnaient l'un après l'autre. Un véritable dragon qu'il ne fallait pas trop énerver et dont il se méfiait comme de la peste. Il y avait eu quantité d'articles sur elles ces derniers temps et ça n'arrangeait rien, elle était irritable et tout le monde évitait de la brusquer. En politique, les attaques les plus violentes viennent du propre camp, c'est bien connu. Les amitiés sont à bannir, les confidences à proscrire et les petites attentions et bien...sont privilégiées. Tout était bon pour brosser dans le sens du poil et trahir la seconde d'après. Gabriel n'était pas de ce genre là mais il savait très bien que la majorité de ses collègues n'hésiterait pas une seule seconde à le "jeter sous le bus".
Gabriel ajusta sa cravate, la réunion n'avait pas encore commencée, malgré ses dix bonnes minutes de retard. Il n'avait plus vraiment la tête dans le travail depuis quelques temps et leur conversation d'hier l'avait quelque peu remué. Il connaissait sa vraie valeur mais ça le confortait. Depuis qu'il était entré au gouvernement, depuis qu'il avait gagné la confiance des plus grands, il avait toujours trouvé le moyen de tirer son épingle du jeu, son travail passait avant tout le reste. Quand il était arrivé à Bercy, chez Bruno Le Maire, ce dernier l'avait pris sous son aile, avait tout fait pour qu'il s'intègre et progresse. Résultat quelques années plus tard : Gabriel était Premier ministre et Bruno était le ridicule ministre de l'économie responsable des 3 000 milliards d'euros de dette. Jackpot. L'un était l'étoile montante, l'autre le vieux débris. Et Gabriel n'avait rien eu à faire pour avoir une si belle image. Il comptait bien continuer sur cette voie là. Rien ne pourrait lui résister. 2027, c'était pour lui.
- « Le grand danger, ça reste Bardella » dit Prisca, coupant court aux divagations de Gabriel. Le premier ministre était tellement plongé dans ses pensées qu'il avait presque oublié qu'il venait de s'asseoir en face du président et que les ministres autour avaient repris leur conversation.
- « Pour 2027 ? » releva Marie, la ministre chargée des relations avec le Parlement, qui venait pour la première fois de quitter son écran de téléphone des yeux.
Gabriel évalua sa collègue du regard. Hier soir, Emmanuel avait demandé à son Premier ministre (slash amant secret, Gabriel se retint même de dire amour secret), de convoquer une réunion d'urgence sur la campagne des européennes. Le 9 juin allait vite arriver et jamais la majorité présidentielle n'avait été autant en danger. Jordan Bardella, fleuron du Rassemblement National, caracolait toujours en tête des sondages et la candidate machiniste Valérie Hayer était talonnée par le puissant Raphaël Glucksmann, du Parti socialiste. Il fallait donc préparer une offensive. Emmanuel avait volé au secours de sa candidate la semaine passée en tenant un beau et grand meeting à La Sorbonne sur l'Europe.
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TENTATIONS - Emmanuel Macron x Gabriel Attal
Fiksi PenggemarDeux monstres politiques. L'un, président depuis près de 7 ans, l'autre fraîchement nommé premier ministre. L'un est fatigué par le pouvoir, habitué aux frasques politiques, l'autre est dynamique, ambitieux et veut plaire aux Français. Un renouveau...