Chapitre 02

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Harry Potter.

Le Grand Harry Potter.

Le Sauveur.

Le seul et l'unique à avoir survécu à un Avada Kadavra.

Celui qui, alors qu'il n'était qu'un nourrisson, a réussi à vaincre Voldemort lui-même.

Harry Potter.

Harry Potter se regardait dans le miroir. Ses cheveux noirs commençaient à lui tomber sur les yeux. Mais il ne pouvait pas demander à sa tante de les lui couper. Il n'avait pas les moyens d'aller chez un coiffeur. Et il ne connaissait pas de sorts qui pourraient l'aider avec un tel problème. 

Alors il fixait du regard cette mèche qui touchait ses lunettes.

Harry Potter. Apparemment, quelque part, cela voulait dire quelque chose. Il n'avait jamais compris pourquoi. Parce que quand il se regardait, il ne voyait pas un sauveur, un mage ou quoi que ce soit de tel. Non. Il voyait juste un garçon, maladroit, maigre, pas très beau, avec une cicatrice qui courait depuis son front jusqu'à sa tempe en un éclair étrange. Quand c'était un bon jour, il arrivait à se regarder sans se voir. Mais aujourd'hui, ce n'était pas un bon jour.

Aujourd'hui, les vacances étaient finies, et il devait retourner à Poudlard. Il avait parfois l'impression de quitter un enfer pour un autre. Il savait déjà qu'il allait être entouré de murmures, de regards, et de rire. Que Draco Malefoy allait s'assurer qu'il n'oubli pas qu'il n'était personne. Parfois, Harry avait envie de se révolter. Il avait envie de lui dire qu'il savait déjà qu'il était un moins que rien, qu'il n'avait pas besoin de lui pour le savoir. Mais il ne disait rien.

Il se taisait devant les insultes, ne se défendait pas quand il se faisait frapper, et attendait sagement que la tempête passe. Il avait bien appris sa leçon. Il savait que si il ripostait, il serait en tord, et que les choses allaient empirer. Il savait qu'il n'avait aucune solution, et qu'aucun des professeurs ne ferait rien pour lui.

Alors il sortit de la salle de bain, habillé, pour rejoindre la gare. Le seul service que son oncle acceptait de lui rendre. L'amener à la gare. Harry soupçonnait que c'était pour s'assurer qu'il montait bien dans le train, car si il le manquait, il ne pourrait pas aller à Poudlard. Alors Harry ne disait rien. Il portait son énorme valise, ainsi qu'Hedwige, le plus discrètement possible, malgré ses muscles assez faible, jusque dans le coffre. Puis, il s'installait à l'arrière, attachait sa ceinture, s'allongeait sur les sièges, en prenant garde que ses chaussures ne salissent pas les fauteuils, et il se couvrait de ce drap gris, qui n'avait probablement pas été lavé depuis plusieurs années.

La route se faisait en silence. Pas de radio, pas de commentaires. Juste son oncle qui râlait contre un automobiliste de temps à autre. Harry était ensuite déposé dans une ruelle, à l'abri des regards. Il savait exactement le temps que prenait le trajet, et comment organiser les trente secondes qu'on lui accordait pour vider la voiture de toutes ses affaires.

La valise à côté de lui, Hedwige battait méchamment des ailes, alors que la voiture s'éloignait pour se mélanger au trafic londonien.

Les voilà. Ses quelques minutes de calme. Les quelques minutes où personne ne savait où il était. Où on ne pouvait le trouver, où il pouvait respirer librement. Il ferma les yeux.

3 minutes s'écoulèrent. Il s'avoura chaque seconde. Puis, il prit sa valise, et entra dans la gare. Il baissa les yeux, attrapa un chariot, et s'éloigna. Il savait où allait, exactement. Il savait comment éviter d'attirer l'attention des moldus. Il savait aussi où Malefoy et sa bande passaient.

Il lui avait fallut quelques temps pour réussir à attendre le Poudlard Express sans se faire attraper. Mais quand il mit le pied dans le train, au moment où les portes se refermaient, il soupira de soulagement.

Il parcourut le couloir, tête baissée, évitant autant que possible les regards, ignorant les rires et les murmures. Finalement, après des minutes qui lui semblèrent interminables, il trouva Ron et Hermione, assit l'un face à l'autre, qui se racontait tranquillement leurs vacances.

-Harry ! Tu es enfin là ! On a eu peur que tu ais manqué le train.

-Salut mon vieux. Hermione s'inquiète trop comme toujours. Je lui ai dit que tu monterais juste avant la fermeture des portes ! Tout ça pour éviter ta horde de fans.

Ron lui mit un coup de coude dans les côtes en riant. Harry s'obligea à un sourire également.

-Ca va Harry ? Tu as l'air fatigué ?

-Hermione, je te dis ça à chaque rentrée. Je ne dors jamais très bien les veilles de départ. Je suis toujours trop impatient de revenir à l'école pour fermer l'œil.

-Oh que je te comprends ! Moi c'est pareil ! J'ai passé les vacances à réviser. Surtout la...

La voix d'Hermione se perdit dans un murmure, alors qu'il regardait par la fenêtre, ne l'écoutant déjà plus. Le rythme régulier du train sur les rames ne tarda pas à lui faire fermer les yeux, et à s'endormir.

-N'est-il pas trop mignon quand il dort ? Ce doit être de sauver des gens à longueur de journée qui doivent l'épuiser. En tout cas, ce ne doit pas être le temps qu'il prend pour s'occuper de lui. Non mais regarde ses vêtements.

Harry se figea. Il garda les yeux fermés, soudainement plus que conscient de ce qui l'entourait. Il entendit des rires. Deux rires graves et un, plus léger, plus sarcastique également. Draco était là... Avec ses amis évidemment. Il fut prit d'un tremblement léger, mais assez fort pour que le blond le remarque.

Harry ne vit pas son sourire en coin. Il ne le vit pas non plus donner un coup de coude léger à ses amis. Il ne vit pas le sceau qui voler vers lui. Mais il se leva en hurlant quand l'eau glacée trempa ses vêtements.

Frigorifié, surpris, en colère, il se tenait face à Draco. Encore lui. En même temps, qui d'autre ?

Harry trembla, serra les poings. Il pouvait sentir la magie crépiter au bout de ses doigts. Ce serait tellement facile de l'envoyer valser dans le lac qu'ils étaient en train de surplomber. Mais si il faisait ça, alors plus de Poudlard. Si il faisait ça, il lui donnerait raison. 

Alors quand le coup de poing à la tête l'assoma, il ne fit rien pour l'arrêter, et sombra dans de nouveaux rêves.

Tourner le dos à la vérité [Drarry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant