Tourner le dos à la vérité [Drarry]

Chapitre 15

Harry l'avait dit. A voix haute. Devant témoin. Et maintenant il ne savait pas quoi faire. Hermione était au courant de son secret, et il devait l'assumer. Le dire à Draco ? Certainement pas. Le blond allait se moquer de lui, le rejeter, lui apprendre que ces derniers mois n'étaient qu'un plan pour le faire souffir, et lui briser le coeur, et rire de lui avec Blaise.

Mais Blaise avait dit qu'il faisait souffrir Draco... Comment ? Pourquoi ? Est-ce que le blond aurait des sentiments pour lui ?

Non. Bien sûr que non. L'idée était absolument ridicule.

Alors diable pourquoi le regardait-il avec ses grands yeux gris ? Pourquoi il avait ce petit sourire, qui n'était apparu qu'en le voyant ? Pourquoi avait-il l'air aussi blessé alors qu'Harry s'éloignait de lui, alors même qu'il l'avait vu ?

Le Gryffondor ne voulait pas de réponses à ses questions. En tout cas, il ne se sentait pas prêt à les chercher, et à les assumer. Alors malgré le sourire qui avait eclipsé tous les élèves du Grand Hall, il s'était détourné, sans prendre de petit déjeuner, et avait rejoint son dortoire le plus rapidement possible.

Hermione l'avait vu, et fixa Draco quelques instants. Comme elle le pensait, le blond semblait blessé, et toucha à peine à sa nourriture, n'acceptant de grignoter que quelques morceaux de pain, forcé par Blaise.

C'est ce dernier qu'elle décida d'abborder en premier. L'aura de mauvaise humeur autour du blond était assez effrayant pour qu'elle ne souhaite pas s'en approcher.

-Qu'est-ce que tu veux l'intello ?

-Que tu m'expliques ce qu'il se passe.

Blaise croisa ses bras sur la poitrine, énervé d'être dérangé par une Gryffondor aux cheveux fous, et de ne pas pouvoir passer un savon à Draco pour la situation dans laquelle il se retrouvait.

-Je ne vois pas de quoi tu parles.

-Donc l'amitié soudaine des deux crétins, les sentiments d'Harry, et les yeux de chiens battus de Malefoy ne sont que le fruit de mon imagination ?

Le Serpentard grogna devant sa perspicacité. Evidemment que les querelles avec le rouquin n'avaient pas suffit à la détourner complètement du héros.

-Si tu veux des réponses, pourquoi tu vas pas les voir directement ?

-Parce que tu passes ton temps à les observer, et tu te démènes pour prendre soin de ton meilleur ami. Alors je suis spure que tu comprends mon envie de faire la même chose avec le mien.

Après un dernier soupir, et sentant qu'il ne pourrait se sortir de cette situation sans lâcher quelques informations, il soupira, et finit par se mettre à parler.

-Draco voulait faire du mal à Harry. Il s'est débrouillé pour qu'il se retrouve seul. Mais il s'est passé un truc, je sais pas quoi. En tout cas, Draco a commencé  à vouloir être ami avec Potter. Sauf que j'essaie de le convaincre d'arrêter. Et il est plus têtu qu'une mandragore, il m'écoute pas.

-Pourquoi tu veux le convaincre d'arrêter ? Tu as peur qu'il ne soit plus du côté de Tu-sais-qui ? 

-Au contraire ! Je ne demande que ça. Sauf que son amitié avec Potter est littéralement en train de le tuer. Et ton ami est trop stupide pour s'en rendre compte.

Hermione serra les dents en entendant les insultes utilisées contre son ami, cependant elle préféra ne pas relever pour le moment.

-Alors explique moi si tu veux que je t'aide ! Sinon je dis à Harry d'avouer ses sentiments à Draco.

-Non !

Cette fois, Blaise avait réellement l'air complètement paniqué. Il regarda nerveusement autour de lui, comme si le simple fait de dire cette phrase à voix haute pouvait avoir des conséquences néfastes. Elle l'avait vu rire à l'utilisation du nom du mage noir, mais il paniquait en parlant de sentiments ?

-Pourquoi il ne faut pas qu Harry dise la vérité à Draco ? Pourquoi tu veux à ce point les séparer, si tu sais que ça l'aiderait à revenir du bon côté.

Les secondes s'écoulèrent, alors que le noiraud cherchait à quel point il pouvait se confier à la Gryffondor sans risquer l'amitié de Draco. Finalement, il sembla décider que le simple fait de le garder en vie était plus important que tout.

-Quand Draco était à l'hôpital, son père a appris qu'il a protégé, et sauvé, Potter. Ensuite, on lui a rendu visite. Il a des plaies dans le dos. Des plaies magiques. Le seul moyen pour lui de les guérir c'est de rester loin de ton ami. Mais évidemment il se refuse strictement à le faire. Alors je le soigne tous les soirs, mais à chaque fois qu'ils sont ensemble, elles s'ouvrent de nouveau.

Hermion devint blanche, la nausée lui montait, alors qu'elle osait à peine imaginer le dos du Serpentard. Cela devait être une véritable torture, qu'il s'infligeait depuis des mois, sans jamais se plaindre, sans laisser personne voir sa douleur. Elle ne savait plus trop si elle voulait le traiter d'idiot, ou le féliciter pour son courage.

-Il faut l'aider...

-Tu crois que j'essaie de faire quoi? Ça fait des mois que je dors à peine. Mais Draco refuse de tout dire à Harry. L'autre jour je me suis énervé, je lui ai dit qu'il était en train de le tuer... Et malgré ça il veut quand même le voir.

-Je suis désolée Blaise...

Le noiraud la regarda, touché par la compassion dans son regard. Il eut un sourire triste, l'un de ceux qui remercie mais qui veut dire qu'en même temps on ne peut rien à la situation.

-Je m'occupe de faire des recherches et de Harry. Je te laisse continuer de faire ce que tu sais faire de mieux. Mais viens me voir si la situation empire.

Épuisé, soulagé d'avoir enfin une personne de son côté, Blaise retourna aux côtés de son patient. Pour la première fois depuis des semaines il parvint à faire une nuit complète.

Même si leurs maisons étaient rivales, il savait que Hermione ne laisserait pas Draco souffrir plus longtemps. Et après tout, elle était une spécialiste des recherches en bibliothèque.

Il regarda le profil blond profondément endormir à côté de lui.

-J'espère que tu ne m'en voudras pas trop. Je veux juste pas que tu meurs. Qui sera mon meilleur ami dans ce monde de fou après ?

Blaise ferma les yeux pour sombrer dans un sommeil sans rêve.