Chapitre 17

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Draco marchait. Toujours tout droit. Il n'avait pas à se soucier de son environnement, alors que les élèves s'écartaient sagement du chemin.

Harry.

La raison de son tumulte. Blaise lui aurait certainement répondu qu'il était la raison de ses états d'âme depuis leur plus jeune âge. Et que, depuis leur première année, il ne savait rien faire d'autres que de parler de lui.

La raison de sa souffrance physique aussi. Peut-être que Blaise avait raison, peut-être qu'il devrait s'éloigner. Lui dire la vérité, et arrêter de le voir. Peut-être que c'était finalement la seule chose à faire, et la plus intelligente. Peut-être que, pour une fois, il devrait faire preuve de courage. Ou alors était ce faire preuve de lâcheté que d'abandonner Harry pour ne plus souffrir ?

Son bras était encore vierge de tout tatouage, mais il savait que la prochaine fois qu'il rentrerait au manoir, il n'aurait pas d'autres choix que d'accepter la marque de celui qui deviendrait son nouveau maître. Il savait qu'il ne pourrait résister aux demandes de son père et qu'alors sa vie sera terminée avant même d'avoir commencée.

Sûrement qu'Harry en avait également conscience, et qu'il était prêt à tout pour l'aider, et le sauver de son destin. Peut-être qu'Harry tenait réellement à lui, et qu'il resterait, malgré la tête de mort sur son avant-bras, couvrant ses cicatrices. Il frissonna, serrant son poing rien qu'à cette pensée.

Sauf que Harry pouvait aussi l'abandonner. Il pouvait aussi décider qu'un mange mort ne valait pas la peine d'être sauvé. Que Draco, malgré ce qu'il découvrait de lui un peu plus tous les jours, ne valaient pas mieux que les autres. Qu'il n'était pas mieux que son père. Et peut-être qu'il aurait raison.

Le vent le frappa de plein fouet. Il avait atteint le haut de la tour d'astronomie. L'un de ses refugent. Ravi de voir qu'il était seul, il s'accouda à la barrière. L'air frais s'engoufraient dans ses vêtements. Il pouvait sentir sa cape voler derrière lui. Au loin, un loup hurla. Un oiseau attrapa un proie. Le son des feuilles des arbres qui bruissaient endormi son âme torturée. Il pouvait imaginer les lapins se cacher dans leurs terriers, les insectes qui volaient, les oiseaux qui planaient, à la recheche d'une prochaine proie. Même la surface du lac n'était pas perturbée par les poissons et autres créatures.

Tout était calme, harmonieux. Ici, il avait l'impression que sa vie avait un sens. Il pouvait être un jeune homme, sans que toute son histoire tragique vienne le hanter. Ici, il pouvait être Draco, sans être Malefoy.

Parfois, il se demandait si le sentiment serait le même après la guerre. Si, malgré tout, il pourrait retrouver un semblant de paix. Son père voulait le marier à Astoria. Peut-être qu'elle accepterait de s'isoler à la campagne ? Loin de Londres, quelques part sur des terres isolées, où les visiteurs sont rares, et la magie libre. Il soupira.

L'image d'Harry, dans un champ, en train d'apprendre à voler à un enfant blond s'imposa à lui. Il sourit tendrement. Draco connaissait Astoria et savait qu'elle n'aimait que trop la vie mondaine pour supporter longtemps une vie solitaire. En revanche, Harry pourrait s'accomoder parfaitement à un mode de vie plus simple, certainement épuisé d'être le centre de l'attention depuis son plus jeune âge.

Il ferma les yeux, pour apprécier encore plus la scène qui se déroulait devant lui. Le vent soufflait aussi, adouscissant le soleil du début de l'été. On pouvait encore sentir l'odeur de la pluie dans l'air. Harry était debout, le nez en l'air, l'angoisse déformait légèrement les trais de son visage. Un peu plus haut au dessus de lui, un garçon, d'à peine 8 ans, tenait son balais à deux mains, le visage très sérieux, avec un bout de langue qui dépassait de ses lèvres.

-Tu vas y arriver Scorpius !

Soudainement, le jeune garçon s'élança, tira sur le manche de son balais, et alors qu'il arrivait à l'horizontale, il força un peu plus, jusqu'à faire un looping complet.

-Papa ! Papa j'ai réussi !

A sa grande surprise, le petit garçon ne fixait pas Harry, mais bien lui. Avec son sourire édenté, ses cheveux blonds ébourriffaient et ses yeux verts brillant, il attendait son approbation. Le regard d'Harry était sur lui aussi. Doucement, le Gryffondor tendit le bras, l'invitant à le rejoindre. Draco fit un pas en avant. Puis un autre. La main chaude attrapa la sienne. Le sentiment de plénitude qui l'envahit soudainement le prit par surprise. Les larmes roulèrent sur ses joues.

Draco ouvrit les yeux. Sa main tendu devant lui était vide. La nuit s'installait doucement sur le château. Le vent se faisait plus violent, l'empêchant de respirer. La gorge nouée, il toucha sa joue où coulait encore des larmes.

-Pourquoi tu pleures ?

Il ne l'avait pas entendu arriver, pourtant il ne sursauta pas. C'est comme si il avait supplié de le voir apparaître à ses côtés.

-Je disais adieu à un rêve.

Harry s'accouda à son tour à la barrière. Ils ne se regardaient pas, ne se touchaient pas. Ils étaient juste là, l'un pour l'autre, attendant que l'autre se dévoile encore un peu.

-Pourquoi lui dire adieu si c'est un rêve ?

-A quel genre de rêve crois-tu que j'ai droit ?

Harry haussa les épaules. Il ne s'était jamais posé la question. Il n'avait pas beaucoup de rêves non plus. Aucun qui aille au delà de son affrontement avec Voldemort, et peu qui le précède. Peut-être juste que ses amis soient toujours en vie, qu'ils puissent vivre leur vie dans un monde appaisé ?

-Je n'ai droit qu'à un rêve, en tant que serviteur. Et celui-là n'en fait pas parti.

-Alors raconte-le moi. Que je le rêve avec toi.

Pour la première fois, Draco osa le regarder, un sourire triste barrait son visage.

-Rêver avec moi ? Tu le ferais ?

Harry plongea son regard dans les orbes grises devant lui. Il pouvait sentir une détresse qu'il ne parvenait à déchiffrer. Il mourrait d'envie de l'aider. Il accepterait de renoncer à lui si il avait la certitude que cela lui garantirait la vie et le bonheur. Mais pour la première fois de sa vie, Harry voulait être égoïste. Il voulait espérer que leur histoire serait possible.

Il tendit une main tremblante de froid devant lui, paume vers le haut, et il attendit. Bientôt, des doigts blancs serrèrent les siens.

Le Gryffondor serra la mâchoire. La détresse dans le regard de Draco le transperça de part en part. Il voulait être celui qui le rendrait heureux. Alors Harry tira sur la main, rapprochant soudainement le corps du blond du sien.

La chaleur de leurs respirations constrataient avec le vent froid qui avait engourdi leurs membres.

-Qu'est-ce que tu fais ?

Draco chuchota, ne voulant briser le moment. En même temps, il avait peur qu'Harry parvienne à entendre les battements de son coeur. Le brun avait l'air d'être déterminer. Ses yeux passaient des siens aux lèvres rougies. Draco voulait espérer, mais n'osait le faire. La déception serait trop grande. Il se fit aussi vaguement la réflexion que ce baiser qu'il désirait tant pourrait être la cause de sa mort. Il n'eut le temps d'aller plus loin.

Les lèvres tentatrices s'étaient posées sur les siennes. Le souffle chaud sur son visage lui coupa la respiration. Il ferma les yeux, soudainement effrayé qu'en les ouvrant, il ne se rende compte que tout n'était qu'une illusion. Pourtant, la main qui aggripait sa cape, dans son dos, semblait être tellement réelle.

Au bout de quelques secondes, il sentit le contact se briser. Un gémissement de déception passa la barrière de ses lèvres.

-Tu peux ouvrir les yeux.

-Jamais. Laisse moi continuer de rêver.

Le rire léger d'Harry courut sur sa peau comme des milliers de papillons.

-Ne veux-tu pas les ouvrir, et découvrir que c'est encore mieux qu'un rêve ?

Draco obéit, se plongeant instanément dans le regard vert impatient devant lui.

-Comment cela serait possible ?

-C'est la réalité. Je... Je t'aime Draco.

Draco admira un instant la rougeur qui s'était installée sur les joues d'Harry. Il se demanda si c'était le froid ou la confession.

La douleur dans son dos le pris par surprise. Le cri qu'il poussa déchira la nuit, alors qu'il s'effondra sur le sol, déjà inconscient.

Tourner le dos à la vérité [Drarry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant