Chapitre 14

290 28 6
                                    

Les jours suivants eurent le même goût amer pour Blaise. Toute la journée, il pouvait voir les deux némésis, riant ensemble, allant à la bibliothèque, se regarder à travers la Grande Salle, ou s'asseoir à côté lors des cours de potion.

Pourtant, le soir, c'était toujours vers lui que Draco se tournait quand il fallait nettoyer les plaies sanguinolentes. Chaque soir, Blaise s'occupait de lui avec toute la douceur et l'amour dont il était capable. Néanmoins, rien ne semblait faire changer son ami d'avis. Malgré le fait qu'après toutes ses semaines, les plaies n'aient pas montré le moindre signe d'amélioration. Malgré le fait qu'il avait de plus en plus de mal à retenir des gémissements de douleur.

Draco pleurait beaucoup aussi. De douleur, de frustration, de fatigue. La nuit, son corps tentait de se remettre des blessures de la journée. Le Quidditch, autrefois sport de plaisir, devenait véritablement une séance de torture.

Pourtant, personne ne savait ce qu'il se passait pour lui. Pas même Harry, avec qui il passait la plupart de sa journée. Blaise les regardait de loin. Il se demandait si le brun était aveugle, ou vraiment juste idiot. Il les voyait chahuter, courir, rire. Mais à chaque fois, son regard était rivé sur le dos de Draco, il imaginait les plaies, et l'état dans lequel il allait les trouver le soir venu.

Jusqu'à un nouveau jour, une nouvelle blague, qui, cette fois, arracha un cri de douleur à Draco.

-Tu vas bien ?

Harry le regardait, inquiet, prêt à l'amener à l'infirmerie sur son dos si nécessaire.

-Oui, oui, t'inquiètes pas.

Pourtant, sa voix était faible, et sa respiration courte.

Blaise arriva rapidement. D'un signe de tête, et sans vraiment lui laisser le choix, il attrapa Draco pour le conduire à sa chambre.

-Draco ? Draco !

Mais les deux Serpentard étaient déjà parti. Sa tête à peine posée sur l'oreiller, que Draco s'endormait déjà. Blaise s'occupa de son dos, tentant de ne pas le réveiller. Pourtant, même dans ses rêves, il pouvait voir les grimaces de douleurs sur son visage. La fièvre était montée.

Il serra les dents. Une fois de plus, Harry faisait souffrir son ami, et ne s'en rendait même pas compte. De toute façon, qu'est-ce qu'il prenait à Draco de vouloir absolument être ami avec lui ? Voir même plus ? Il devait certainement savoir quelque chose que Blaise ne savait pas parce que pour lui, toute cette situation restait un grand mystère.

Le noiraud se résolu à quitter la chambre, pour aller chercher quelque chose à manger en cuisine, pour lui, et son malade. Il doutait que le blond veuille avaler quoique ce soit, mais au moins, ce sera à côté de lui quand il le voudra.

Alors qu'il passait la porte en pierre, décorée de serpend, quelqu'un l'interpella.

-Blaise ! Comment va-t-il ?

Evidemment, il fallait que le parfait petit gryffondor ait fait le pied de gru devant l'entrée pour avoir des nouvelles de son ami. Blaise retint de justesse un soupir exaspéré, serra les dents, et afficha son sourire le plus hypocrite possible.

-Qu'est-ce que tu veux Potter ?

-Juste savoir comment il va.. Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé tout à l'heure. On ne faisait rien de particulier et soudainement... Je te promet que ce n'est pas moi qui l'ait mit dans cet état !

-Et qu'est-ce que tu en sais ?

-De quoi ?

Blaise passa une main sur son visage fatigué, se détourna, et continua sa route. Malheureusement pour lui, le brun semblait décidé à le suivre, et à continuer de poser des questions, encore et encore.

-Que lui arrive-t-il ? Est-ce qu'il va bien ? Pourquoi tu penses que je suis responsable ? Est-ce que je peux au moins aller le voir ? Il faut que j'aille chercher l'infirmière ?

Finalement à bout de nerfs, le serpentard explosa :

-Assez ! Tu ne vois pas que tu m'emmerdes avec toutes tes questions ? Je ne sais pas ce qu'il se passe entre vous, et j'en ai rien à foutre. Je m'efforce de ne pas laisser mon meilleur ami crever la bouche ouverte pour tes beaux yeux ! Alors si tu as des questions, tu les lui poses, et tu me laisses faire mon travail. Maintenant tu dégages et tu vas pleurer dans les jupes de quelqu'un autre.

Il se détourna, et s'éloigna, sans même attendre une réponse, ou vérifier si l'autre le suivait toujours. Il savait que Draco lui en voudrait d'avoir hurlé comme ça sur son petit chéri, mais il n'en pouvait plus de l'inquiétude, des nuits blanches à veiller sur lui, de la peur qui lui tordait les entrailles à chaque fois qu'il les voyait ensemble. Si seulement Harry était moins égoïste, et qu'il laissait Draco tranquille, alors il aurait une véritable chance de survivre. Blaise décida qu'il survivrait à la crise de colère de son meilleur ami, si ce dernier passait la nuit.

Il récupéra de quoi manger, un peu de soupe, de pain, de l'eau et du porridge, et remonta rapidement jusqu'à la chambre.

Harry, de son côté, était encore plus perdu qu'avant.

Il ne comprenait pas les mots de Blaise, ni même sa colère contre lui, ou pourquoi il semblait persuadé que ce qui arrivait à Draco était de sa faute. Pourtant, il n'avait réellement rien fait pour le blesser. Au contraire, il avait même... Harry rougit rien que d'y penser.

-Il paraît que Malefoy est blessé ?

Hermione venait de se laisser tomber dans le fauteuil à côté du sien. Elle fixait le feu, mais parlait clairement à son ami. Il se dandina, mal à l'aise.

-Oui, il paraît.

-Il paraît aussi que tu étais avec lui.

Harry se contenta d'hausser les épaules. Honnêtement, il ne savait pas quoi lui dire. Ils étaient toujours amis, évidemment, mais elle passait tellement de temps à se disputer avec Ron ou le nez dans ses bouquins, ou sur un nouveau projet avec Luna et Ginny qu'ils avaient à peine le temps de se voir, et encore moins de se parler.

Il ne lui avait pas dit à quel point il se sentait seul. Il ne lui avait pas raconté pour les cicatrices dans son dos. Il ne lui avait pas dit pour sa nouvelle amitié avec Draco, bien qu'il se douta qu'elle fusse au courant. Il ne lui avait rien dit des tourments de son coeur, ou de la vérité derrière son accident.

Pourtant, quand il croisa son regard noisette, il eut l'impression qu'elle savait. Qu'il n'avait pas besoin de lui raconter quoi que ce soit pour qu'elle réponse à ses questions.

La salle était calme, personne ne faisait attention à eux. La plupart des élèves étaient réunis dans la cour, à regarder les dernières inventions de Fred et Georges.

-Il est malade. Blaise dit que c'est de ma faute. Mais je n'ai rien fait, je te le promets !

-Je te crois. Vous avez eu vos différents, mais cela fait un moment que tu n'es plus capable de lui faire du mal.

La tête de poisson ahuri que fit Harry eut le mérite de lui arracher un rire. Elle posa sa main sur la sienne.

-Je suis désolée Harry. Je sais que je n'ai pas été présente pour toi ces derniers temps. Mais ce n'est pas parce que j'ai eu trop peu de temps, que ça veut dire que j'ai arrêté de veiller sur toi. Et je sais que tu n'aimes pas qu'on te presse de parler de tes sentiments. Tu peux me croire, je n'ai pas cessé de garder un oeil sur toi. Et tu veux que je te dise ce que j'ai vu ?

Harry hocha timidement la tête, soudain peu certain de vouloir une réponse à sa question. Pourtant, il l'écouta parler.

-J'ai vu Draco heureux, et je l'ai vu rire, sincèrement, avec toi. J'ai vu la façon dont il te regarde, et qu'il te protège sans même que tu t'en rendes compte. J'ai vu comme tu sembles plus libre, plus toi-même quand tu es avec lui. Alors je ne sais pas ce qu'il se passe entre vous, ou si je cautionne réellement ça. Je me méfie de lui, et je ne peux pas vraiment m'en empêche. Je crois que j'ai surtout peur qu'il finisse par te faire du mal honnêtement. Mais quoi que ce soit, tu peux venir me voir, m'en parler, et je serais là pour toi.

Hermione lui offrit un sourire doux, tout en serrant sa main dans la sienne. La gorge nouée, Harry parvint à peine à murmurer quelques mots, alors que les premières larmes coulaient sur ses joues :

-Je crois que je suis amoureux de lui...

Tourner le dos à la vérité [Drarry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant