Chapitre 09

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Harry regardait les flammes danser, il n'entendait même plus les Gryffondor qui étaient, comme toujours, bien trop bruyant. Fred et Georges avaient encore piqué des affaires à leur sœur, qui hurlait qu'on les lui rende. Ron mangeait. Hermione lui faisait des réflexions, et lui hurlait dessus dès qu'il s'approchait un peu trop de son précieux parchemin.

Harry regardait les flammes danser, et il pensait à Draco. Il ne l'avait pas revu depuis quelques jours. En fait, il l'avait entraperçu, avant de s'enfuir en courant. Il ne savait pas vraiment quoi penser de ce qu'il s'était passé entre eux. Ou même ce qu'il  s'était réellement passé entre eux.

Draco voulait être son ami. D'accord. Mais pourquoi ? Est-ce qu'il pouvait réellement lui faire confiance ? Le blond l'avait trop habitué à ses mauvais coups pour qu'il y parvienne totalement. Il avait la drôle de sensation que cette relation lui briserait le cœur.

Mais au finalement, n'était-ce pas lui qui faisait preuve de méchanceté et de préjugé en refusant de lui parler ? Les réflexions contradictoires ne faisaient que tourner et retourner dans son esprit, sans qu'il ne parvienne à trouver de réponse parfaite.

Pendant une seconde, il contempla l'idée de se confier à ses amis, mais quand il tourna la tête pour les regarder, ils étaient bien trop occupé à se chamailler pour faire attention à lui. Alors ses yeux retrouvèrent le confort du feux de cheminée qui brulait devant lui.

Ses pensées filaient, loin de lui, sans qu'il ne puisse complètement comprendre ce qu'elles lui disaient, ou là où elles voulaient l'amener.

La colère de Draco le frappa de  plein fouet.

-Qu'est-ce que tu veux ?

Harry baissa les yeux. Il avait tenté d'aller voir le Serpentard à plusieurs reprises, mais avait mit quelques jours avant de réussir à le voir, presque, seul à seul. Malgré ses supplications silencieuses, Blaise était resté planté aux côtés de son meilleur ami, un grand sourire blanc barrait son visage.

Draco, lui, avait les bras croisés sur sa poitrine, son regard rivé par dessus l'épaule du Gryffondor.

-Je... Je voulais juste...

-Accouche, j'ai pas toute la journée.

Blaise donna un coup de coude à son ami, qui répondit en le fusillant du regard.

-C'est... En fait... Désolé. Je suis désolé.

Et Harry s'enfuit en courant. Il ne vit pas le regard de Draco le suivre, et n'entendit pas Blaise l'enguirlander comme jamais.

-Mais t'es devenu aussi stupide que Crabb ma parole ! Pourquoi tu as été aussi froid et méchant avec lui ? Je croyais que tu voulais être son ami !

-J'ai paniqué !

-Mais de quoi tu me parles encore ? Draco, il faut vraiment que tu te bouges les fesses, sinon tu vas finir par le perdre pour de bon. Déjà que votre situation c'est n'importe quoi, si en plus tu laisses ton ego te dicter ce que tu dois faire, on n'est pas sortit du sable.

-Tu étais là, et il avait l'air tellement triste. Je n'ai même pas réussi à regarder son visage. J'avais tellement envie de le prendre dans mes bras, que j'ai dû les croiser pour ne pas faire quelque chose d'idiot.

-Idiot comme le consoler par exemple ? Ou idiot comme de devenir ami avec lui ?

Draco hocha piteusement la tête. Oui, il avait vraiment foiré sur ce coup là. En le voyant, son cerveau avec complètement disjonté, et il ne savait plus quoi dire. Son coeur s'était soudainement mit à battre la chamade. Sa perte avait été le bref instant où il l'avait regardé. Ses cheveux en bataille, ses yeux tout triste, ses joues rouges, et cette façon qu'il avait de se triturer les doigts. 

Il avait immédiatement eu envie de le prendre dans ses bras, et de chasser tous les malheurs du monde pour lui. 

Ce qui lui faisait le plus peur, en revanche, c'était de ne pas comprendre cet élan  de sentiment à l'égard de Potter. Jamais il n'avait fait montre de romantisme, et encore moins ressenti le besoin de contact physique, avec qui que soit. Même le bras de Blaise passé autour de son épaule le dérangeait fortement.

D'ailleurs, son ami dû le sentir, car il le lâcha.

-Je ne sais pas quoi te dire vieux. Mais à mon avis, tu vas galérer à rattraper cette bourde. Dire qu'il a dû mettre des jours à réfléchir à la façon de t'approcher, quoi te dire. Je sais que tu l'as vu te tourner autour ces derniers jours. Maintenant, il doit probablement être seul, à pleurer dans un coin, tremblant de froid. Pauvre orphelin, déjà abandonné par ses amis, et rejeté par celui qui disait vouloir être le sien. Oh mon dieu ! J'espère qu'il ne va pas être-

-Putain tu fais chier.

Et comme ça, Draco était parti en courant. Blaise le regarda faire, fier de lui, avant de tourner les talons, et repartir vers les dortoirs, les mains dans les poches, sifflotant joyeusement.

Le Serpentard blond mit un moment avant de réussir à trouver Harry. Aucun Gryffondor ne voulait le renseigner, bien évidemment, et entre la cape d'invisibilité, et les milliers de cachette possible dans le château, c'était une mission presque impossible.

La pluie battait les fenêtres quand il eu une idée. Bien sûr, seul un Gryffondor plus qu'idiot pouvait avoir eu cette idée par un temps pareil, alors que l'orage se rapprochait de plus en plus.

Il n'avait pas fait quelques pas dans la Cour, qu'il était déjà trempé jusqu'aux os. Maudissant allégrement son nouvel ami, la pluie, l'orage, les nuages, le froid, Blaise, cette idée idiote de vouloir être ami avec un Potter, et tout ce qu'il s'est passé depuis, Draco avançait malgré tout vers le terrain de Quidditch.

Cela sembla lui prendre une éternité, et quand il arriva enfin, il ne ressemblait vraiment plus à rien. Il eut au moins la satisfaction de savoir qu'il avait raison, quand il distingua un balais qui voltigeait au loin.

-HARRY ! HARRY !

Les mains de chaque côté de sa mâchoire angulaire, il tentait d'attirer l'attention du brun, en vain. Résigné, et après quelques insultes à l'univers de plus, il attrapa un balais, et s'envola immédiatement.

Dès qu'Harry le repéra, il s'empressa de monter un peu plus haut vers les nuages.

-Mais arrête-toi espèce de crétin ! Je veux juste parler, et tu vas nous faire tuer ! HARRY BORDEL ARRETE !!!

Il hurlait de toutes ses forces. Finalement, la nature sembla vouloir être de son côté, puisque le vent amena ses paroles vers le principal intéressé, qui stoppa net sa course. Tellement brutalement que Draco manqua de justesse de lui rentrer dedans.

Même aussi proche l'un de l'autre, ils étaient obligés de hurler pour se faire entendre par dessus l'orage. Ce qui rendait des excuses assez peu crédible. Finalement, Draco arrêta d'essayer de vouloir avoir cette conversation en l'air, et fit signe à Harry de le suivre.

Les deux adolescents redescendirent prudemment, et soupirèrent de soulagement une fois le pied à terre. L'herbe verte s'était transformée en un véritable champ de boue, qui manqua de les faire glisser à plusieurs reprises.

Finalement, ils atteignèrent l'abri, au moment même où la tempête arriva sur le château. Derrière les petites fenêtres, ils regardaient le vent et la pluie tout détruire sur leurs passages.

-C'est vraiment pas passé loin.

-J'avais entendu parler d'un orage, mais pas d'une tempête... Désolé, c'était idiot.

-Ca, c'est sûr. Mais on va bien.

Ils s'observaient du coin de l'oeil, ne sachant pas réellement comment commencer cette conversation, qui les terrifaient tous les deux.

Dehors, la tempête faisait rage, et ils ne pouvaient prendre le risque de sortir. Finalement, Draco se laissa tomber sur un banc, observa le dos d'Harry pendant quelques instants.

-Il faut qu'on parle.

Tout le corps du Gryffondor se tendit alors, tandis qu'il voyait le reflet du blond derrière lui. Un frisson parcouru son échine.

-D'accord.

Tourner le dos à la vérité [Drarry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant