Chapitre XVII : Ivresse

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Une semaine plus tard,

La nuit avait étendu son voile sombre depuis déjà une heure. Je me trouvais là, seul, à errer dans les ténèbres, autour de cette propriété isolée. Une lueur de clair de lune tentait timidement de percer à travers les nuages, mais elle échouait misérablement à dissiper l'obscurité oppressante qui régnait.

Dans ce silence épais, seul le bruissement des feuilles mortes sous mes pas résonnait, accompagné par intermittence par le hululement sinistre d'un hibou caché dans les profondeurs de la forêt environnante. Le paysage, autrefois paisible et accueillant, avait pris une teinte lugubre, comme si la nature elle-même retenait son souffle, attendant quelque chose d'indéfinissable.

Un brouillard dense s'élevait des arbres, enveloppant chaque arbre, chaque buisson dans un voile spectral. Il semblait danser, se mouvoir lentement, comme s'il était animé par une volonté propre, traçant des formes étranges et indistinctes dans l'air glacial de la nuit. L'atmosphère était chargée d'une tension presque palpable, comme si chaque souffle était empreint d'une menace latente, prête à se déchaîner à tout moment.

Je me sentais scruté, observé par des yeux invisibles qui me fixaient depuis l'ombre. Une vague de frissons parcourait mon échine, et l'instinct me criait de fuir, de m'éloigner au plus vite de cet endroit maudit. Mais quelque chose me retenait à cette atmosphère glaçante.

Alors, je continuai à avancer, à travers ce paysage de cauchemar, même si cela signifiait affronter les horreurs tapies dans l'obscurité.

Mes souvenirs.

Au sein de l'étreinte oppressante de la nuit, mes souvenirs ressurgissent, insidieux et déchirants, comme des lambeaux de cauchemar que je tente désespérément de repousser.

— Aller, ma Insalya, je sais que tu peux le faire. Cours plus vite. Tu peux leur échapper , résonne la voix de Kayla, une voix empreinte d'urgence et de détermination, comme un phare dans l'obscurité étouffante de notre fuite désespérée.

Je serre la main de Kayla dans la mienne, nos doigts entrelacés dans un élan de solidarité et de courage. Ensemble, nous nous élançons à travers les sinistres sentiers de la forêt, notre souffle saccadé par la terreur et l'adrénaline. Mais Kayla prend de l'avance, se détachant lentement, je m'efforce de suivre le rythme effréné imposé par notre fuite.

Alors que je tente désespérément de rattraper mon amie, la forêt semble se refermer sur moi, ses branches tordues et épineuses s'entremêlent comme pour entraver ma progression. Mais Kayla disparaît soudainement, ne laissant derrière elle que le souvenir de sa voix résonnant dans les ténèbres, comme un écho lancinant de notre lutte désespérée pour la liberté.

— Kayla, je ne vais jamais y arriver , murmure-je, la voix tremblante de peur et d'épuisement. Où es-tu ? J'ai peur dans le noir...

— Juste devant toi, avance un peu plus , répond sa voix, teintée d'encouragements inflexibles. J'entends ta voix qui se rapproche de plus en plus de moi. Tu peux le faire.

Portée par l'espoir fragile que m'offre sa présence fantomatique, je poursuis ma quête à travers les méandres insondables de la forêt, mes pas nus martelant le sol humide et meurtri par les obstacles. L'idée d'atteindre enfin la route tant espérée, celle que Kayla m'a tant promis, m'insuffle un ultime souffle de détermination.

Mais alors que j'émerge enfin sur le bitume rugueux de la route, je réalise avec un frisson d'horreur que la voix de Kayla s'est tue, laissant place à un silence aussi glacial que la tombe. Seule, épuisée, brisée, je m'effondre sur le macadam froid, mon souffle haletant se mêlant au murmure plaintif du vent, emportant avec lui les échos d'un passé hanté par la terreur et la souffrance.

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