Chapitre V : Survie

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Trois mois plus tard,

- Avancez jusqu'à vos cellules en silence et restez en rang.

L'hiver se fait rude à la prison carcérale Colonie éducative n° 77 à Balashikha près de Moscou. Je souffle sur mes mains afin qu'un semblant de chaleur m'aide jusqu'à ce que j'arrive dans ma cellule respective, que je partage avec trois autres garçons qui ont presque mon âge.

Vitaliy avait été pris en train de vendre de la drogue dans une ruelle sombre. Zakhar lui avait participé à un cambriolage avec des personnes plutôt douteuses car seul lui avait été arrêté pour ce crime. D'après son avocat, qui ne l'avait pas vraiment défendu selon lui, quelqu'un l'aurait dénoncé, donc rien n'allait changer la décision finale du juge. Et Yuri partage aussi ma chambre. Il était plutôt discret. Il ne parlait que très peu. Quand j'avais demandé pourquoi il se trouvait ici, il disait que quelqu'un lui avait tendu un piège et qu'à sa sortie il l'éliminera pour prendre la place qui lui revient de droit.

L'ennui se fait ressentir, maintenant que je suis allongé ici, sur un lit constitué d'une planche de bois et d'un matelas de deux centimètres d'épaisseur, me donne de fortes douleurs de dos. Bien que je sois entouré de trois compagnons de cellule, l'atmosphère reste pesante. Le temps semble s'étirer lentement, chaque minute devenant une éternité dans ce lieu où les journées se confondent dans la monotonie grise des murs décrépits.

Vitaliy, assis dans un coin, marmonne des paroles inaudibles, peut-être en proie à ses propres pensées ou aux souvenirs qui le hantent. Zakhar, les yeux fixés au plafond, semble perdu dans ses propres pensées, revivant sans doute les événements qui l'ont conduit derrière les barreaux. Quant à Yuri, son regard fixe trahit une détermination froide, une volonté farouche de se venger de celui qui a tramé sa chute.

Pour ma part, je m'efforce de trouver des moyens de tromper l'ennui qui s'installe insidieusement. Mes pensées vagabondent, cherchant une échappatoire à cette réalité austère. Je me remémore les moments qui ont précédé mon arrivée ici, les choix qui ont mené à cette impasse. Les regrets et les "si seulement" résonnent dans ma tête comme un écho inévitable.

La prison semble être un univers à part, une dimension où le temps s'écoule différemment, où les espoirs semblent étouffés par la froideur des barreaux. Les rires sont absents laissant place aux éclats de voix des autres détenus résonnent à travers les couloirs, témoignages d'une adaptation à cette vie entre quatre murs, une vie à laquelle je ne participe plus.

Le sentiment d'isolement grandit, renforcé par le froid qui s'infiltre dans la pièce. Les murs semblent se rapprocher, le plafond s'abaisser. La promiscuité devient étouffante, chaque respiration résonnant comme un rappel constant de notre captivité. Mon regard se perd dans les ombres qui dansent sur les murs, cherchant quelque chose, n'importe quoi, pour briser la monotonie.

Les heures passent lentement, ponctuées par le bruit sourd des portes qui se ferment et se rouvrent. La routine carcérale devient un rituel monotone, un ballet incessant de pas dans les couloirs, de grincements de serrures, de murmures étouffés, les coups de bâton sur les barreaux des cellules pour calmer les occupants. L'ennui, semblable à un poids invisible, pèse sur nos épaules, érodant lentement notre résilience.

Et dans cette ambiance oppressante, nous sommes condamnés à attendre, à espérer que le temps apporte un changement, même infime, à nos destins entremêlés par le fil sombre de nos choix passés.

Trois ans plus tard,

Dans une semaine, je quitterai ce milieu où j'ai fait de bonnes rencontres. Ma libération approche, et malgré l'amertume qui persiste, je ressens une lueur d'espoir. La perspective de retrouver ma liberté éveille en moi un mélange d'excitation et d'appréhension.

ALIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant