Chapitre XXIII : Éclats de Nuit

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Point de vue Insalya,

Retour à l'appartement,

Une douleur me lança dans la pointe de mes pieds. Je m'arrête au milieu des escaliers, le souffle court, le cœur battant encore de la tension de la soirée. La douleur est vive, tranchante, et m'oblige à m'asseoir sur les marches, retirant mes escarpins avec précaution.

Une tache rouge colore le fond de ma chaussure, le contraste saisissant avec le cuir noir brillant. En regardant la pointe de mon pied, je remarque qu'un bout de verre avait transpercé ma chaussure pendant la soirée. La surprise me fige un instant. Comment ai-je pu ne pas sentir cela ? Je n'avais pas senti la blessure se faire, trop concentrée sur notre mission. Le pique d'adrénaline m'avait anesthésié.

Zayane, qui était un peu plus haut dans les escaliers, redescend, intrigué par mon soudain arrêt. Ses pas sont rapides, presque précipités. Lorsqu'il s'agenouille devant moi, son visage se plisse d'inquiétude en regardant ma blessure.

— Lève-toi, me dit-il d'une voix basse, autoritaire mais empreinte de sollicitude.

Surprise, je ne réagis pas immédiatement, mes yeux fixant encore le bout de verre ensanglanté. Mais avant que je ne puisse protester, il attrape mes chaussures d'une main et passe l'autre dans mon dos, me soutenant avec fermeté. Puis, sans effort apparent, il glisse son autre bras sous mes jambes et me soulève. Instinctivement, je me retiens à son cou, mes doigts agrippant le tissu de sa veste.

Mon cœur s'emballe, non plus de peur, mais de ce geste inattendu et de la proximité soudaine.

Il monte les marches avec détermination, son regard fixé droit devant lui, ne semblant pas prêter attention à la douleur ou à l'inquiétude qui m'assaille. Je ne devais pas faiblir avant que tout ne soit fini.

Une fois dans l'appartement, il me dépose doucement sur le canapé, ses mouvements mesurés et précautionneux. Sans un mot, il se détourne et revient quelques instants plus tard, une trousse de secours en main.

Je le regarde ouvrir la trousse avec une efficacité froide, méthodique. Il saisit mon pied avec une délicatesse inattendue, ses doigts inspectant la plaie avec soin. Je serre les dents alors qu'il commence à nettoyer la blessure, le désinfectant picotant ma peau déjà enflammée. La douleur est vive, mais son attention calme et précise me rassure étrangement.

— Ça va aller, murmure-t-il, ses yeux concentrés sur sa tâche.

Ses mots, simples mais sincères, me réconfortent. Je sens la tension quitter peu à peu mon corps, remplacée par une étrange sensation de sécurité. À l'aide d'une pince, il retire les boues de verres encore insérées dans ma chaire. Il bande ensuite la plaie avec soin, ses gestes sûrs et maîtrisés. Lorsqu'il a terminé, il lève les yeux vers moi, son regard cherchant le mien.

— Tu devrais éviter de marcher dessus pendant un moment, dit-il doucement, presque en murmurant.

Je hoche la tête, incapable de trouver les mots. Zayane range la trousse de secours, puis s'assied à côté de moi, son visage grave mais détendu.

— Merci, dis-je enfin, ma voix brisée par l'émotion.

Il me regarde, un léger sourire adoucissant ses traits sévères.

— On veille l'un sur l'autre, c'est tout.

La nuit est encore longue, et bien des dangers nous guettent. Mais pour l'instant, ici, sur ce canapé, je me sens en sécurité. Avec Zayane à mes côtés, je sais que je peux affronter ce qui viendra.

Je me lève en direction de ma chambre, essayant de ne pas trop appuyer sur mon pied blessé. Quand je me lève, il me suit de près, son pas léger contrastant avec la lourdeur de la nuit qui nous entoure. Une fois à l'entrée du couloir menant à ma chambre, je me tourne pour le regarder. Il me fixe d'un air hébété, ses yeux exprimant une combinaison de surprise et de confusion. Comme pris au dépourvu, il semble hésiter, ne sachant pas vraiment comment réagir. Une envie de le taquiner me prend, un besoin soudain de détendre l'atmosphère de cette nuit tendue et éprouvante.

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