ALIVE

Chapitre VI : Initiation

Cette soudaine demande énigmatique de la part du cousin de Yuri, son regard perçant scrutant mon âme en quête de la moindre hésitation. Les murmures du passé résonnent dans ma tête, mais je ravale mes doutes, mes remords, et je hoche la tête avec une assurance feinte. Alors, commence ma formation à l'utilisation de tous types d'armes. Du couteau aux armes à feu.

C'est ainsi que je deviens un pion dans l'échiquier cruel des ténèbres, un exécutant des ombres, effaçant des vies pour des raisons qui me dépassent. Les ruelles deviennent le théâtre de mes actes, chaque coin obscur cachant des secrets inavouables. Le poids de ma conscience s'amenuise, englouti par la noirceur de ma nouvelle réalité.

Les jours s'écoulent en une danse macabre, marquée par le froissement de billets et les ordres tacites. Chaque mission me rapproche des hautes sphères de cette organisation sinistre. La lumière de ma propre humanité semble s'éloigner davantage, laissant place à une froide détermination, une indifférence calculée.

Chaque nuit, lorsque je rentre dans le modeste appartement que j'appelle désormais chez moi, les ombres s'étirent sur les murs comme des spectres silencieux. Le reflet dans le miroir me confronte à un visage méconnaissable, où les cicatrices de mes choix se dessinent de manière indélébile.

Le visage de mes victimes, imprimé derrière mes paupières à l'encre indélébile, perturbe mon sommeil. Bien que je ne laisse rien percevoir, mes nuits mouvementées me hantent. Le poids de mes actions passe devant mes yeux comme un film déchirant, dessinant des ombres torturées dans les recoins de mes rêves. Chaque regard suppliant, chaque cri étouffé résonnant dans le silence nocturne. Les regrets s'entremêlent avec la froide réalité de mes actes, créant un nœud insoutenable dans ma poitrine.

Je suis pris dans un tourbillon d'émotions contradictoires. La culpabilité, telle une enclume, écrase mon cœur. Chaque battement semble résonner avec le poids de mes choix. Pourtant, une ombre d'indifférence se faufile parfois, un mécanisme de défense pour m'empêcher de sombrer dans la folie. La justification, même fragile, cherche à apaiser la tempête intérieure, mais elle est toujours balayée par le souffle glacial de la réalité.

Mère que penserais-tu si tu me voyais agir de la sorte... Les larmes, retenues dans la lumière du jour, trouvent leur libération dans l'obscurité de la nuit. Mes draps deviennent le témoin silencieux de ma souffrance, imprégnés des tourments que je tente en vain de dissimuler pendant mes jours éveillés. Mon reflet dans le miroir ne me laisse aucune échappatoire, les yeux vides me renvoyant l'image d'un homme perdu, en proie à ses propres démons.

Les mots... Ils n'ont pas leur place dans ce monde, alors mes douleurs restent intérieurs.

Alors, je fuis le sommeil comme on évite le regard d'un miroir accusateur. La fatigue devient mon ennemie, mais elle est préférable à la terreur qui hante mes nuits. Chaque insomnie est une fuite désespérée, un échappatoire fragile à la hantise de mes propres actions. Et pourtant, même épuisé, je continue à errer dans l'ombre, fuir le sommeil comme on fuirait un juge implacable, car c'est dans l'obscurité de mes pensées que mes crimes prennent vie, et c'est là que je dois affronter le monstre que je suis devenu.

Les retrouvailles avec ceux que j'ai connus semblent lointaines, comme des échos lointains d'une vie antérieure. Les barreaux de la prison ont laissé place à une cage invisible, celle de mes propres actions. Alors que je m'enfonce plus profondément dans cette obscurité, le sentiment d'isolement grandit, étouffant toute lueur d'humanité qui pourrait subsister en moi.

Et ainsi, je m'enfonce dans l'abîme, une marionnette des ténèbres, guidée par une main invisible vers des horizons toujours plus sombres. La vengeance, autrefois mon fardeau, devient maintenant mon alliée dans cette danse macabre où la ligne entre bien et mal s'efface dans les ombres de mes propres choix.