Chapitre XX : Ren

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Après ses menaces, il raccroche, mais le bip persistant du téléphone m'arrache à mon état de tétanie. Je saisis l'appareil, mes doigts tremblant légèrement sous l'effet de l'adrénaline. D'un geste brusque, je l'éteins et le brise d'une balle tirée dans l'écran, un cri de frustration s'échappant de mes lèvres alors que la colère et l'angoisse se mêlent en un tourbillon tumultueux dans ma poitrine.

Mes mains se crispent sur mes tempes alors que je tente de rassembler mes pensées dans le chaos qui règne dans mon esprit. Comment tout cela a-t-il pu arriver si soudainement ? Une question qui tourne en boucle dans ma tête, alimentant mes craintes les plus sombres. Ai-je été suivie ? Localisée ? Traquée ?

L'idée que quelqu'un puisse me surveiller, connaître mes moindres faits et gestes, me glace le sang.

Il sait où je me trouve, ce que je possède sur lui, et cette réalisation pèse lourdement sur mes épaules, comme une épée de Damoclès prête à s'abattre à tout moment.

J'essaie vainement de faire du tri dans le chaos de mes pensées, mes pas résonnent en un écho lugubre dans cette pièce qui semble empreinte de la mort elle-même. L'odeur du sang, âcre et métallique, envahit mes narines, s'infiltrant dans mes poumons et s'accrochant à mes sens tel un spectre sinistre. La sensation de fer en train de s'oxyder dans l'air me vrille les nerfs, chaque inspiration me rappelant la présence du cadavre qui a souillé cet endroit.

Une nausée viscérale me saisit alors que les images horribles dansent devant mes yeux, la réalité de ce qui s'est passé ici menaçant de m'engloutir tout entier. D'un geste tremblant, je coulisse la fenêtre, espérant trouver un répit dans l'air frais de cette journée de printemps. Un soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres alors que je m'accroche désespérément à ce mince filet d'espoir étouffant qui m'entoure.

Le temps s'écoule lentement, chaque minute qui passe faisant monter l'anxiété qui serre mon cœur dans un étau de plus en plus étroit.

Aucune nouvelle du groupe, aucune indication sur leur état ou sur le déroulement de leur mission. Une inquiétude grandissante me ronge alors que je m'efforce de comprendre ce qui a pu retarder leur retour.

Azumi avait mentionné qu'ils partaient ce matin pour régler une affaire urgente pour son oncle, une tâche qui, selon elle, ne devait pas prendre plus de quatre heures. Mais le silence radio persistant me fait craindre le pire, chaque instant d'attente se transformant en un supplice insupportable.

Un calcul rapide me ramène à la réalité. S'ils sont partis vers neuf heures, ils ne rentreront pas avant treize heures. Le poids de ces heures qui s'étirent devant moi dans un interminable océan d'incertitude me pèse comme une montagne, et je m'accroche à l'espoir fragile que tout se passe bien malgré les apparences.

Ce qui me paraît particulièrement troublant, c'est que Azumi m'avait assuré avoir laissé un homme en poste pour monter la garde avant leur départ ce matin. Pourtant, je n'ai ni vu ni entendu la moindre présence humaine depuis leur départ. Un frisson d'inquiétude me parcourt l'échine alors que je resserre ma prise sur le dossier précieux que j'ai soigneusement dissimulé sous mon tee-shirt, la sensation du papier froid contre ma peau servant de rappel constant à la gravité de la situation.

D'un geste habile, je saisis le Glock que j'avais précautionneusement dissimulé derrière ma ceinture, prêt à être dégainé à la moindre menace, tandis que le poids du fusil chargé repose lourdement sur mon épaule, une présence rassurante dans cette atmosphère lourde de tension.

J'ouvre la porte avec précaution, un craquement léger résonnant dans le silence oppressant de la maison. Mes sens sont en alerte maximale alors que je parcours méthodiquement les pièces du haut, chaque ombre dansant sinistrement dans la pénombre, avant de descendre prudemment au rez-de-chaussée.

ALIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant