Chapitre 19

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Chapitre 19 - Dazai : Plongée

Avertissement : mentions d'automutilation

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Quand je ferme les yeux, je vois une mèche de cheveux roux dans la lumière, un regard azur et un sourire brûlant.
Quand je les ouvre à nouveau, je vois les lignes boursouflées qui parcourent mes bras.

Ma chambre a pris des airs d'hôpital depuis que j'y ai emménagé, peut-être à cause des murs d'albâtre et des étagères remplies de pansements et de crèmes cicatrisantes.
Je n'y passe que peu de temps, au final, mais elle se remplit peu à peu de souvenirs agréables.
C'est vrai, après tout, je peux y dormir en paix et aucune lame ne traîne sur ma table de chevet.

Assis sur mon lit, j'essaie de ne pas regarder mon corps.
Je suis dégoûté des cicatrices, des plaies, de mes côtes saillantes.
J'ai peur que Chûya ne découvre cette chambre. S'il me déshabille ici et qu'il voit...

Je secoue la tête et enroule à la hâte une nouvelle bande de tissu autour de mon bras.
Je trouverai forcément une solution d'ici-là.

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Deux semaines plus tard

-  Dazai, c'est l'heure. Réveille-toi.

- Non, je marmonne en aggripant fermement mon oreiller comme s'il allait m'échapper.

Les pas d'Odasaku se rapprochent de moi et je sens bientôt ma couverture être jetée à terre.

- Rends-la moi ! Il fait froid !

- Va te doucher et t'habiller, alors.

Vaincu, je me lève tant bien que mal et cours  me préparer.

Je grimace en sentant le poids de mes vêtements sur mes blessures.
J'avais progressé, pourtant. Mais plus je suis heureux avec Chûya, plus j'ai l'impression de ne pas être à ma place. Ces quelques marques supplémentaires sur ma peau me rappellent qui je suis.
Mon corps tout entier est apaisé par la brûlure piquante de mes blessures.
Qu'y a-t-il de mal à ça ?

Une fois prêt, je m'installe à la table de la cuisine pour manger. Odasaku affirme que le petit-déjeuner est important pour ma santé, alors je l'écoute, même si je m'étais habitué à ne pas en prendre.
Je tiens mon portable dans une main et ma fourchette dans l'autre pour pouvoir parler avec Chûya.

- Retrouve-moi au même endroit que d'habitude. On commence à neuf heures, on a un peu de temps.

Je lis son message en souriant et réponds que j'ai hâte de le revoir. Je sais qu'il sera gêné et j'adore m'imaginer ses joues pâles se teinter de rouge fraise pendant qu'il m'insultera de tous les noms.

Une main se pose sur mon bras, interrompant mes pensées.

- Tu devrais passer voir Yosano, aujourd'hui, recommande Odasaku d'un air sévère.

- Si tu veux, je réponds sans lever les yeux de mon téléphone.

Il quitte la pièce en marmonnant :

- Ne me prends pas pour un idiot, je sais que tu as recommencé.

Je ne le prends pas pour un idiot. Je n'ai simplement pas envie d'en parler.

~~

Doux orage en moi, battements de mon cœur et picotements électriques.
Mon cerveau en surchauffe m'empêche de réfléchir, tout se mélange en moi et je suis incapable de donner un sens aux paroles que je prononce.
Les lèvres de Chûya se joignent enfin aux miennes, et je m'enivre de sa présence.
Son odeur m'envahit et j'enfouis ma tête dans son cou tout en le serrant contre moi.

- Je t'ai manqué ? je souffle.

- Ta gueule.

J'éclate de rire et embrasse tendrement sa joue.
Ses mains posées sur mes avant-bras sont un douloureux rappel de mon état psychologique, mais l'espace d'un instant, je me sens apaisé.

Je finis par m'asseoir contre le mur et invite Chûya à s'installer entre mes jambes. Il tente d'afficher un air impassible, mais un sourire lui échappe alors qu'il se love contre moi.
Après quelques secondes, il demande doucement :

- Dazai ?

- Ma limace ?

- Tu... Tu vas bien ?

Je reste un moment silencieux, surpris par la question. Chûya n'a pas l'habitude d'exprimer ses sentiments ou de montrer son inquiétude. Avec les heures passées à ses côtés, je suis capable de savoir lorsqu'il masque sa tristesse en colère et sa peur en ambition.
Aujourd'hui, je n'ai pas besoin de le lui demander pour savoir qu'il est réellement inquiet pour moi.
Il pourrait avoir remarqué quelque chose...
Je cherche un changement dans mon attitude, fouillant dans mes souvenirs pour trouver une faille.

- Je suis pas con, t'as pas les mêmes gestes quand tu t'es blessé, reprend-il sans me regarder.

En un éclair, je visualise aussitôt toutes les fois où j'ai décalé légèrement mon bras pour éviter la douleur.

- Tu m'impressionnes, je ne te savais pas si observateur.

- Réponds.

Je ferme les yeux et laisse ma tête se poser contre le mur avant de répondre.

- C'est pas la première fois.

Le ton de Chûya devient brusquement plus cassant :

- Ouais, et moi j'en ai marre. T'es rien de mieux à faire que de te découper la peau ?

Il a raison. Pourquoi ?

- J'ai oublié comment faire autrement.

- Comme ça.

Il se retourne de manière à me faire face, et m'embrasse presque violemment. Ses dents mordent ma lèvre inférieure et sa langue se fraie un chemin jusqu'à la mienne.
Je réponds à son baiser, un peu surpris.
Je passe mes mains derrière sa nuque et le tire vers moi. Comme à chaque fois, mon esprit se retrouve embrumé, anesthésié, et une envie brûlante me dévore. Je me concentre tant bien que mal pour ne pas y céder, mais je rêve de pouvoir glisser ma langue sur sa peau et de découvrir tout son corps.
Enfin, Chûya s'écarte de moi, à ma grande déception. Je me penche à nouveau vers lui, mais il pose un doigt sur mes lèvres et murmure :

- Tu vois ? On peut toujours trouver un autre moyen de s'exprimer.

Je voudrais l'embrasser encore, mais je me contente de hocher la tête.

- On va à l'infirmerie, maintenant, reprend-il.

J'hésite à le renverser sur le sol pour l'embrasser, mais le mal-être qui me dévore me pousse à accepter.
Un peu perdu, je me relève à la suite de mon partenaire. Il me tire sans ménagement jusqu'à la porte, et je m'entends finalement acquiescer :

- D'accord.

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Hey !
Bon, soyons honnêtes, je ne sais pas dire quelle est la dernière fois où j'ai été vraiment satisfaite d'un chapitre. Breaking news : ce n'est toujours pas le cas pour celui-ci. Help me... Pourtant il est un peu cute, non ? (⁠๑⁠•⁠﹏⁠•⁠)
Bref, sur ce je vous laisse, je vais écrire la suite au plus vite. Il reste encore quelques chapitres !

{Soukoku} Et les feuilles mortes tombèrent dans l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant