{Soukoku} Et les feuilles mortes tombèrent dans l'océan

Chapitre 18

Chapitre 18 - Chûya : 24h comme une éternité

J'aurais aimé pouvoir arrêter le temps.
Le weekend passe à toute vitesse. Je me réveille le dimanche matin aux côtés de mon partenaire, et la journée se déroule comme dans un rêve.
Dazai n'en est pas plus supportable pour autant. Nos disputes résonnent en permanence dans la maison, et M.Oda finit par nous envoyer dehors, excédé.
Dazai en profite pour m'emmener en ville. Il en a appris le plan par cœur et se repère encore mieux que moi, à mon grand désespoir.

Il m'emmène dans une librairie, puis un café, avant de s'arrêter sur une place ensoleillée, protégée du reste de la ville. Un fontaine trône en son centre, un filet d'eau coulant tranquillement de la statue en forme de lion qu'elle entoure.

- C'est beau, je murmure, étonné.

- Je savais que ça te plairait.

Il m'embrasse doucement avant de prendre ma main pour m'emmener à quelques mètres de là, sur un banc de pierre protégé par la fronde des arbres.

Je ferme les yeux et laisse mon coeur se lier au sien.

~~

Le lundi amène avec lui son lot d'ennuis habituels.
Kyôka me force à me lever et me traîne hors de ma chambre.

- Laisse-moi dormir... je marmonne, les yeux encore mis-clos.

Elle ne répond rien et se contente de me pousser dans le couloir.

- Tiens, bonjour Chûya, salue ma mère avec un sourire. Tu as l'air en pleine forme.

- Hmm.

Je m'installe dans la cuisine avec le reste de la famille.
Je suis habitué à cette atmosphère fourmillante du matin. Avec trois frères et sœurs, la maison ne reste jamais calme bien longtemps.
Mon père me tend l'assiette de pancakes, en prévention de Tachihara et Kyôka qui ne m'en laisseront pas.
Je me sers et commence à manger, la tête encore dans les étoiles.

- Chûya, appelle doucement Kyôka.

Je relève la tête, un peu surpris malgré tout puisque je ne participais pas à la conversation.

- Je te demandais si tu voulais bien m'aider à me coiffer après manger, reprend-elle.

- Ah, oui, bien sûr.

Ma mère lâche un soupir.

- Ça te dérangerait d'être un peu avec nous ?

Je rougis et baisse à nouveau la tête dans mon assiette. Je suis incapable de rester en place, et mes pensées sont accaparées par une certaine personne.
Je termine d'ailleurs de manger le plus vite possible, pressé de retrouver mon téléphone.
Je me lève de table, débarrasse mon assiette, m'occupe rapidement des cheveux de Kyôka et retourne dans ma chambre. Là, je m'assieds sur mon lit encore défait et appelle celui qui est, désormais, mon petit ami.

- Oui ?

Sa voix a le don de me calmer autant que de m'agacer.

- Salut, je réponds froidement.

Je l'entends rire et m'apprête à raccrocher, mais il s'arrête et me demande si j'ai bien dormi.
Je sens ma poitrine se réchauffer doucement, mais, encore sur mes gardes, je reste distant.

Je me prépare entièrement tout en discutant avec Dazai. Celui-ci est tellement insupportable que je manque de lancer mon téléphone contre le mur plus d'une dizaine de fois, mais cet abruti s'arrête toujours au bon moment.

~~

- Je dois y aller, on se retrouve tout à l'heure.

Je raccroche et cours dans le couloir pour rejoindre le reste de ma famille.