Chapitre 23

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Chapitre 23 - Dazai : Confiance

Il a fallu se justifier.

Chûya et moi avons enduré des heures entières de questions "de la plus haute importance".
Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, mais je ne pense pas que savoir combien de fois on s'est embrassés soit vraiment essentiel.
Enfin, après quelques jours de chaos, tout le monde s'est habitué à nous voir côte à côte.

Le lendemain de notre rendez-vous, j'invite Chûya à venir dormir chez moi. Odasaku, blasé, n'a fait aucun commentaire.
On passe la journée à se disputer et à s'embrasser, deux activités qui résument plutôt bien notre relation.

Le soir, Chûya me fait asseoir sur mon lit, avec la ferme intention de me voir honorer notre marché.
Le pire, c'est que je me sens capable de le faire.
Bien sûr, j'ai appris à connaître Chûya, et je le sens plus proche de moi que personne ne l'a jamais été.
Mais faire confiance à ce point là ? Non. Ce n'est pas normal.

- Je vais pas te faire mal, tu sais, affirme la principale source de mes problèmes.

- Je ne te crois pas.

Chûya lève les yeux au ciel. Plus d'une demi-heure déjà qu'il essaye de me convaincre d'honorer notre contrat, sans succès.

- Arrête, je suis pas la première personne à te voir, tu devrais avoir l'habitude avec toutes tes visites à l'infirmerie.

Je croise les jambes, mal à l'aise. Je suis assis sur mon lit, Chûya à côté de moi.

- C'est différent, je réponds.

Sa main se resserre sur le tissu ocre de mes draps. Son agacement est palpable, et, même si j'en ai été responsable plus d'une fois, aujourd'hui je me sens honteux de le voir dans cet état.

- Laisse-moi juste le temps, je demande enfin, plus doucement.

Le regard de Chûya s'adoucit.

- Excuse-moi, je voulais pas...

Il passe une main dans ses cheveux, gêné.

- Je voulais pas te forcer.

Je glisse ma main dans la sienne pour le rassurer. Ce geste est devenu naturel avec le temps.

Je ferme les yeux et me décide enfin à retirer ma chemise. Je peux ressentir les bandages propres et le désinfectant qui m'attendent sur le côté, l'habitude les ayant gravés dans mon esprit.
Je comprends pourquoi Chûya tient à m'aider sur ce point.
Ça ne m'empêche pas d'être profondément agacé. Chûya pourrait très bien s'occuper de ses affaires. Je ne veux pas qu'il me prenne en pitié comme un chiot trouvé sur le bord de la route.

- Hé, je suis toujours là !

Un sourire étire aussitôt mes lèvres.
Impatient, maladroit, Chûya est mon exact opposé.
Étrangement, son caractère enflammé m'apaise.
Je le comprends comme si nous étions liés au-delà de tout ce que l'on pourrait imaginer, comme si nos cœurs et nos esprits étaient reliés.

- Je sais, le nain, je réponds enfin. Je sais.

Je tends le bras dans sa direction et m'efforce de rester immobile.

- Vas-y.

Chûya laisse tranquillement ses doigts courir sur le tissu. Je ressens cette légère pression au plus profond de moi, alors même que ma peau est encore protégée.
Il tire lentement sur les bandages, les défait un à un tout en surveillant mes réactions.
Je reste silencieux. Il y a cette tension dans l'air, celle qui ralentit l'écoulement du temps, qui s'enroule autour de nous comme pour nous mettre mal à l'aise.

Ma peau frissonne au contact de l'air froid de ma chambre. Mon bras me paraît blanc comme neige, meurtri, saccagé.

Chûya n'y prête même pas attention.
Il soigne consciencieusement les plaies, et à travers elles, mon coeur encore blessé.

Il ne prononce pas un mot, mais il prend soin de moi.

Lorsqu'il enroule le dernier bandage propre autour de mon torse, je ferme les yeux, apaisé.
Il sait. Il n'en a rien à faire.
En quelques mois seulement, il s'est rendu indispensable pour moi. Pire : je me suis attaché à lui.

Alors je le laisse m'embrasser, me câliner, se serrer contre moi tout en me rappelant à quel point "je te déteste, hein".
Alors je lui rends son étreinte, en murmurant :

- Moi aussi, je t'aime... Chûya.

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Hey !
Un chapitre un peu court, et publié très en retard. J'ai dû le retravailler un peu et ça m'a pris plus de temps que prévu ⊙⁠﹏⁠⊙.
Enfin, l'histoire est quasiment terminée, il reste juste l'épilogue que je vais terminer au plus vite ! ᕙ⁠(⁠⇀⁠‸⁠↼⁠‶⁠)⁠ᕗ
Sur ce, bon courage à tout le monde (les fameux examens de juin arrivent... rip), prenez soin de vous !

{Soukoku} Et les feuilles mortes tombèrent dans l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant