Chapitre 21

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Chapitre 21 - Dazai : Aimer

Je voudrais passer le restant de mes jours à regarder ses yeux.
Je n'avais jamais fait attention à la beauté de ces orbes colorés jusqu'à rencontrer ceux de Chûya. Je m'y noie, encore et encore, comme si je plongeais dans l'océan.
Mille nuances d'émotions, de couleurs, de vie.

- Dazai ? Dazai !

Une main agacée s'agite devant moi.

- Oui ? Excusez-moi, Monsieur, j'ai eu... une absence.

- Je m'en étais rendu compte, rétorque monsieur Kunikida en soupirant.

Je lui adresse un sourire d'excuse et me lève pour résoudre l'équation notée au tableau.

Ces derniers jours, je suis particulièrement insupportable. Perdu entre la souffrance et l'amour qui me guide, je passe mes journées aux côtés de Chûya et mes nuits seul avec mes rêves.
Je passe de plus en plus de temps avec ma sœur, à élaborer mille stratégies pour pousser Chûya à bout - à tel point qu'il refuse de rester avec nous.
La vie suit son cours, et j'entrevois enfin la lumière pour la première fois depuis des années. J'ai envie de vivre encore un peu, voir jusqu'où je pourrais aller.

- C'est la pause, Dazai, réveille-toi.

Chûya me secoue sans ménagement.

- Je ne dormais pas, tu sais.

- Je m'en fous de savoir ce que tu faisais. Tu viens ?

Je me lève en râlant contre la terre entière et me laisse entraîner dans le couloir. Par réflexe, je dirige ma main vers celle de Chûya, avant de me figer en le voyant reculer.

- Désolé. Je voulais pas-

- C'est bon, c'est pas grave.

~~

Atsushi nous jette un regard surpris en nous voyant arriver ensemble dans le hall.

- Vous vous entendez bien, finalement.

- Non !

- Jamais de la vie, ajoute Chûya.

- On avait un travail à finir, j'explique en m'écartant à la hâte de mon partenaire.

Les jumeaux Akutagawa s'échangent un regard entendu.
Je me doutais que cacher ma relation avec Chûya serait impossible, mais j'espère au moins que la nouvelle mettra du temps à circuler. Chûya serait affreusement gêné de s'afficher devant tout le lycée.
Pourtant, éviter de le regarder devient de plus en plus difficile. Est-ce que je pourrais convaincre Chûya d'annoncer aux autres notre relation ?

~~

- Baisse-toi un peu ! J'ai l'air ridicule, là.

- J'entends pas de là-haut.

Le poing de mon petit ami s'abat sur mon bras, alors qu'il m'insulte de tous les noms. Amusé, je me penche vers lui pour l'embrasser.
Je goûte prudemment ses lèvres, sa langue, ses dents, je parcours son dos de mes mains, les yeux fermés et le cœur en attente.
Cette salle isolée est devenue notre refuge, et au fil des jours, notre organisation est devenue parfaite au point où pas un jour ne passe sans que l'on s'y retrouve.

- Bordel, Chûya, j'en peux plus de temps voir en uniforme comme ça. C'est... indescriptible.

- Arrête tes conneries deux minutes, tu veux ? En-dehors de cette salle, on n'est pas ensemble.

- Chûya...

Je pose mes mains au creux de ses hanches pour le rapprocher de moi.

- Pourquoi tu veux absolument te cacher ? je demande ensuite calmement.

Il soupire et détourne les yeux, visiblement hésitant.

- Je sais pas...

- T'as peur ?

Il me jette un regard espiègle :

- Non. Et toi ?

Je me jette à nouveau sur ses lèvres, le cœur battant.
Est-ce que j'ai peur ?
Peur d'être amoureux, de faire confiance, de m'ouvrir aux autres ? Peur d'admettre qu'au fond, je suis bien loin de détester Chûya ?
Bien sûr que j'ai peur.
Je m'écarte de mon partenaire, le manque d'oxygène devenant douloureux.

- J'ai peur de rien, et certainement pas de dire à tes amis que je te plais.

- N'importe quoi !

- Ah oui ?

Je glisse une main sous sa chemise et caresse doucement le bas de son dos. Son corps entier frissonne. Savoir que j'ai un tel effet sur lui tord étrangement mon ventre.
Chûya laisse tomber sa tête contre mon torse, les yeux brillants. Les minutes passent, et je laisse courir mes doigts sur sa peau, savourant à l'infini cette chaleur qui annihile mes pensées.

Pourtant, quand Chûya approche sa main de ma chemise, ma peur se réveille brusquement.

- Pas encore... je supplie. Laisse-moi du temps...

Il saisit délicatement mon menton entre ses doigts et me force à me pencher pour le regarder dans les yeux.

- Je te laisse m'embrasser en public, et en échange tu me laisses changer tes bandages. Marché conclu ?

J'en viens à me demander comment j'en suis venu à me retrouver dans une pièce abandonnée du lycée avec mon partenaire de travail. Mes mains sont toujours logées sous sa chemise, son visage attentif est à quelques centimètres du mien, à peine. Je peux sentir son parfum sucré et distinguer le moindre reflet de ses cheveux.

- Marché conclu.

De toute manière, je suis déjà perdu.

~~~~

Hey !
J'ai tellement de retard TT... Désolée !
J'espère que ce chapitre reste un minimum qualitatif (je viens de le terminer...), je vais me dépêcher pour la suite !
Prenez soin de vous, lisez du Soukoku, bref, je vais me dépêcher pour le prochain chapitre (promis (⁠◍⁠•⁠ᴗ⁠•⁠◍⁠)) !


{Soukoku} Et les feuilles mortes tombèrent dans l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant