Chapitre 22

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Chapitre 22 - Chûya : Rendez-vous

- Tu viens ? demande Dazai à travers la porte.

J'enfile ma veste et passe un dernier coup de peigne dans mes cheveux.

- J'arrive.

Quand Dazai disait vouloir officialiser notre relation, hier, je pensais qu'il voulait m'embrasser en public et se vanter dans tout le lycée.

Cet idiot a préféré débarquer chez moi et demander à ma mère si il pouvait m'avoir pour aujourd'hui.
Ma mère a calmement replacé une mèche de cheveux derrière son oreille et a posé un doigt pensif sur ses lèvres roses, avant d'acquiescer lentement.
Dazai s'est incliné en remerciement, et je me suis retrouvé dans ma salle de bains, un samedi matin, en train de me demander ce que j'étais sensé porter.
Dazai a opté pour un costume sur mesure noir et blanc, qu'il porte avec une élégance parfaite.
Pour ma part, j'ai longuement hésité avant de choisir une chemise et un pantalon noir, avec une veste longue qui descend jusqu'à mes genoux. J'ai ajouté un chapeau pour compléter le tout.

Je tremble un peu en observant une dernière fois mon reflet dans le miroir.
J'ai l'impression d'avoir grandi trop vite. Dazai n'est pas un adolescent comme les autres, et je ne sais jamais exactement ce qu'il pense.

- Ça a intérêt à être bien, je marmonne en actionnant la poignée de la porte.

~~

Dazai et moi nous frayons un chemin à travers la foule amassée dans les rues. Je jette parfois un regard sur nos mains entrelacées, ne parvenant pas à m'habituer à l'idée de m'afficher ainsi en public.

- Tu te souviens de cette histoire de défis ? crie soudain Dazai par-dessus son épaule. On a perdu, enfin, on a fait toute la liste mais ils ont tiré au sort pour le prix.

- Sérieux ?! je grimace. Tu veux dire que je t'ai embrassé pour rien ?

Il resserre doucement sa prise sur ma main :

- Pas pour rien, non.

Je réprime un sourire et sens le rouge teinter mes joues.

Je le laisse m'entraîner dans les rues sans vraiment faire attention au trajet.
Tout ce que l'on voit peut nous pousser à nous arrêter, à nous embrasser, à admirer le ciel pourtant nuageux.
Dazai nous fait prendre des ruelles étroites dans lesquelles je n'avais jamais mis les pieds avant aujourd'hui.
Je finis par comprendre que la pente douce que je perçois monte à flanc de colline.

- Dis moi où tu m'emmènes, je demande, de plus en plus curieux.

- Non.

Je lève les yeux au ciel, exaspéré, et m'éloigne légèrement de lui.
Je veux qu'il comprenne à quel point il m'énerve.
Ma réaction le fait simplement sourire.
Abruti de maquereau.

~~

- Ah.

C'est vraiment beau.
Un chemin à l'écart de notre petite ville, caché au milieu des arbres, nous a permis d'atteindre le haut de la colline.
D'ici, tout apparaît plus petit et insignifiant. Un monde entier s'étend loin devant nous.

- On peut s'asseoir ici, si tu veux, et... profiter, tous les deux... marmonne Dazai, un peu gêné pour une fois.

Cet effort de romantisme me touche plus que je n'aurais voulu l'admettre.
On s'installe dans l'herbe, l'un contre l'autre, à parler de tout et de rien.

~~

- Si on prend une photo et qu'on l'envoie aux autres... Ça sera officiel, non ?

Je réinstalle correctement ma tête sur ses cuisses et replie tranquillement une jambe contre moi avant de répondre.

- J'imagine, oui.

- Parfait.

Je le laisse nous prendre en photo et l'envoyer à tous nos amis plus ou moins proches.
Je me relève et enroule mes bras autour de lui :

- Merci.

Dazai sourit et pose tendrement ses lèvres sur les miennes... avant de me faire basculer en arrière.

Quand son téléphone reçoit les premières réponses à son message, ni lui ni moi n'y prêtons attention, trop occupés à nous battre - pour de faux, cette fois.

{Soukoku} Et les feuilles mortes tombèrent dans l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant