Chapitre 8

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Chapitre 8 : Chûya – Se souvenir et oublier

Trois ans plus tôt

- Voilà, je crois que j'ai tout dit, termine ma mère. Chûya, tu veux bien l'aider à s'installer ?

- Bien sûr.

Je me tourne vers la fillette en partie cachée derrière ma mère, et lui demande doucement :

- Tu viens ? Je vais te montrer ta chambre.

Elle hoche la tête et me suit à travers la maison. J'en profite pour l'observer un peu. Elle est terriblement maigre, et son visage est couvert de bleus et de coupures.

- Est-ce que Maman t'a soignée ?

- Non. J'ai pas voulu.

Je commence vraiment à me demander ce qu'elle a pu vivre pour être dans un tel état...

Je lui montre sa chambre et lui donne les quelques affaires achetées pour elle.

- Cette pièce servait de bureau, alors ce n'est pas aussi grand que les autres chambres, ça ira quand même ?

- Oui.

Je ne l'ai pas entendue prononcer plus de cinq mots à la suite depuis tout à l'heure. Je me souviens de scènes difficiles avec Kiôka, parfois elle réagissait de la même manière. Je tente différentes approches, sans succès. Kiôka n'a jamais été aussi difficile...

Je me lance dans un nouvel essai :

- Excuse moi, je ne me suis pas vraiment présenté... Tu veux que je te parle un peu de moi ?

Elle acquiesce, les yeux brillants. J'ai peut-être trouvé.

Je m'assieds en tailleur sur le sol et la laisse faire de même.

- Tu le sais déjà, mais, je m'appelle Chûya. J'ai douze ans, je suis le deuxième plus âgé dans la famille, après Tachihara.

Je poursuis en m'attardant sur mes loisirs, ma vie, mes amis. Kyûsaku m'écoute en silence, attentive au moindre de mes gestes.

Enfin, je me tais et attends une réaction de sa part.

Elle me regarde fixement :

- J'ai mal.

Une ouverture.

- Je peux te soigner ? Je ferai ça doucement, promis.

- D'accord.

C'est gagné. Je souris intérieurement, en pensant que Kyûsaku vient officiellement de devenir ma petite sœur. Elle me fait confiance, au moins suffisamment pour me laisser voir et soigner ses blessures.

C'est déjà beaucoup.

~~

Présent

- Hé, limace, c'est l'heure !

On me secoue par l'épaule.

- Laisse... moi... dormir. Abruti.

Une soudaine sensation de froid me force à ouvrir les yeux. Dazai vient de retirer la couverture.

- J'ai froid ! Rends moi ça !

Je me relève malgré moi, tentant d'attraper cette fichue couverture qui est maintenue hors de portée par cet enfoiré.

Comme pour m'énerver encore plus, ce dernier ouvre brusquement les rideaux, et je me retrouve aveuglé par la lumière.

- Allez, Chûya, fais un effort !

- Va te faire voir.

- Quelle bonne humeur dès le matin... T'es toujours aussi grognon au réveil ?

- Et toi, toujours aussi chiant ?

Dazai finit par m'attraper par le bras et me force à me lever. De mauvaise grâce, je le suis dans la pièce d'à-côté, un petit bureau où nous attend Yosano, une tasse de café à la main.

Mon estomac repère immédiatement les petits gâteaux et les viennoiseries posés sur le bureau.

- Je peux ? je demande, affamé.

- Sers toi. Je vous laisse, je vais ranger un peu ! Bon appétit !

L'infirmière pose sa tasse et nous laisse là sans autre transition.

Je m'assieds et commence à manger en silence. Après quelques minutes, Dazai se tourne vers moi :

- Bien dormi ?

Mieux que jamais, mais je ne vais certainement pas le lui dire. Il a insisté pour dormir dans le même lit que moi, et au final ça nous convenait à tous les deux. Le problème, c'est que je ne sais plus vraiment comment je le vois. On n'est pas amis, mais ce qu'on a partagé prouve qu'on ne se déteste pas non plus.

- Ouais, je réponds finalement.

- Tant mieux.

- Et toi ?

- Plutôt bien. Après tout, j'avais de la place, t'es tout maigre en plus d'être petit.

Je manque de m'étouffer et me tourne vers lui, furieux :

- Espèce de... Je suis pas petit !

Dazai me renvoie un sourire moqueur et recommence à manger.

En l'observant un peu, je remarque qu'il a vraiment des mains magnifiques. Elles sont plutôt grandes, fines sans être squelettiques, et mises en valeur par les mouvements gracieux de leur propriétaire. Son visage de profil, aussi, est vraiment-

- Tu rougis, remarque-t-il.

Oh. je devrais peut-être partir en courant ?

- Oui, euh, il fait un peu chaud ici.

Dazai se retient clairement de rire.

Je me sens rougir encore. Qu'est-ce qui m'arrive ?! Je dois me reprendre. Il ne s'est rien passé, rien du tout, je-

- Si tu as vraiment trop chaud, déshabille toi.

Je m'appelle Nakahara Chûya et je voudrais disparaître sous terre.

~~~~

Hey ! 
En me relisant, j'ai remarqué que l'action était un peu lente. Si ça peut vous rassurer, sachez que je sais où je vais - où cette histoire va.
J'essaie de corriger les fautes, mais ce n'est pas parfait alors, n'hésitez pas à me dire si vous repérez des problèmes au niveau de l'orthographe, ou des incohérences.

Il ne me reste malheureusement plus beaucoup d'avance (mes problèmes de santé ralentissent beaucoup l'écriture), mais j'espère pouvoir rester à un chapitre par semaine. J'essaierai de vous prévenir si je dois prendre une pause.
Pour le reste, je fais de mon mieux pour décrire la relation si particulière du soukoku. Je ne sais pas si le rendu est correct, j'avoue que je n'ai pas encore beaucoup de recul. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

Dans les prochains chapitres, on se concentrera davantage sur l'évolution dans le temps, puisque pour le moment ils ne se sont rencontrés que depuis quelques jours.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui ! Merci d'avoir lu !

{Soukoku} Et les feuilles mortes tombèrent dans l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant