{Soukoku} Et les feuilles mortes tombèrent dans l'océan

Chapitre 17

Chapitre 17 - Dazai : Un pas en avant - Kyûsaku : Sang et cœur

Dazai

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Au final, Chûya a accepté de dormir avec moi. Pire : aucun d'entre nous ne parvient à se détacher de l'autre. Nos mains sont restées entrelacées et je m'étonne moi-même du sourire ridicule qui s'affiche probablement sur mon visage.

- Pousse-toi un peu.

Je me décale sur le côté. Chûya est insupportable sur ce point. Depuis que l'on est couchés, il se tourne dans tous les sens en prenant toute la place.
Étonnamment, je n'en ai pas grand chose à faire tant qu'il ne me fait pas tomber.
À la place, je serre un peu plus fort sa main dans la mienne avant de demander :

- Ma limace... C'est quoi, ta couleur préférée ?

Je l'entends souffler près de moi, amusé.

- Pourquoi tu veux savoir ça tout à coup ?

- Je ne sais pas... J'ai l'impression de ne pas te connaître assez.

Chûya se colle tendrement à moi et prend tout son temps pour répondre.

- Le rouge, j'aime bien.

Rouge... Est-ce que je devrais lui offrir des roses ?

- Et toi ? reprend-il.

- Aucune idée.

- Sérieux ?! Tout le monde a une couleur préférée !

- Tout le monde sauf moi, apparemment.

- Pff.

D'ordinaire, j'aurais argumenté sur l'inutilité de faire un choix sur des éléments aussi dérisoires. Aujourd'hui, je préfère en rire.
Je crois que c'est ce qui a le plus changé depuis notre rencontre.
J'ai une bonne raison de sourire.

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Kyûsaku

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Je vais le tuer. Je vais le tuer !

J'ouvre les yeux en sursaut, trempée de sueur, terrorisée. Encore plongée dans mon rêve, j'appelle à l'aide en criant.
La porte s'ouvre bientôt en grand sur Tachihara, dont la chambre est attenante à la mienne.

- Kyûsaku ? Ça va ?

Les larmes roulent le long de mes joues. Je murmure :

- J'ai fait un cauchemar.

Il allume la lumière et s'assoit sur mon lit avant de me tendre ma poupée tombée au sol :

- Je vais rester jusqu'à ce que tu te rendormes, d'accord ?

- Oui.

Je serre la peluche contre moi, encore tremblante.
Je ne peux pas fermer les yeux à nouveau. Je ne veux pas les voir.

Est-ce que Dazai, les voit, lui aussi ? Est-ce qu'il a été vendu comme moi ou bien est-il resté avec notre oncle ?
Autant de questions qui me hantent chaque nuit mais que je n'ose pas lui poser. Après tout, je n'ai vécu cet enfer que quelques semaines. S'il y est resté trois ans...

- Dis, Tachihara.

- Oui ?

- Pourquoi Dazai a mis autant de temps à venir me voir ?

Mon frère se réinstalle sur mon lit, l'air mal à l'aise.

- Ça n'était pas facile pour lui non plus, j'imagine... Et puis, il y avait Chûya...

Je me redresse un peu malgré mes yeux brûlants de sommeil.
Moi-même, j'ai remarqué que Chûya et Dazai étaient amoureux. Mes frères de sang et de cœur n'avaient jamais été aussi heureux qu'ensemble.

- Heureusement qu'on a aidé Chûya, alors. Ils vont dormir ensemble maintenant, et Dazai viendra me voir !

- Tu es bien égoïste, Kyû.

- Je suis contente pour eux ! je proteste aussitôt.

- J'espère bien.

Je ferme les yeux en souriant. Tachihara n'a pas tort. Le monde entier se réjouirait devant le spectacle donné par ces deux-là.