1 : 𝑅𝑒𝑚𝑒𝑚𝑏𝑒𝑟 ℎ𝑖𝑠 𝑔𝑎𝑧𝑒

93 14 9
                                    

« This is the moment of just letting go. » Ghost

Le froid qui s'installe, les feuilles mortes qui annoncent le début de l'automne, les jours qui rallongent. Un cadre idyllique qui donne envie de se pendre si vous voulez mon avis.

Les jours sont tous les mêmes. Ils se ressemblent tous, les uns après les autres.

Les informations passent en fond sonore en parlant toujours de la même chose, même l'actualité est fade. Si je me noie dans ma mélancolie, Linh danse avec sa musique dans les oreilles.

Ses hanches bougent au rythme de sa chanson pop; elle s'éclate, je m'ennuie à mourir.

Le son de la télévision augmente, cela fait maintenant deux semaines que le tueur du vigile de la bijouterie a été arrêté. Cette soirée là me hante depuis maintenant un an et demi. J'y repense chaque nuit, chaque jour, chaque putain d'heure; ce cycle infernal recommence encore et encore sans le moindre répit.

Je vais devenir folle.

- Vous vous rendez compte ? S'étonne Marlon en éteignant ce foutu écran télévisé. Il leur a fallu un an et demi pour choper ce salopard.

Marlon - le cousin de Linh alias "ma meilleure amie asiate super sexy" comme elle aime le dire - adore parler de cette affaire quand je suis là. À chaque fois, c'est comme si un coup de couteau se plantait dans ma poitrine, comme s'il l'enfonçait à chaque fois plus profondément en le remuant à travers mes organes.

Je revoie son regard, sa cagoule squelette, son arme pointée sur moi. Je revis tout ça continuellement et je ne peux même pas en parler. Je dois taire mes peurs et ensevelir mes angoisses, comme toujours.

Linh retire ses airpods avant de menacer son cousin du regard. On sait toutes les deux qu'il recommencera ce cinéma, il aime me pousser à bout et il aime suivre ce fait divers de très près.

- Dommage que tu n'es pas été là Wright, tu aurais pu arrêter "ce salopard" comme tu le dis si bien.

Un rictus prend place sur ses lèvres, je sais ce qu'il va me dire, sa raillerie est toujours la même. Rien ne change, tout recommence encore et encore.

- En tout cas, je n'aurais pas laissé un type me mettre un flingue sur la tempe, moi.

- Non ça c'est sûr puisqu'il t'aurait descendu avant ! Espèce de-

- Oulalalalala, trop de mauvaises ondes ! s'exclama Linh en nous séparant. On arrête d'en parler.

Marlon et moi nous lançons un regard mauvais qui se jette des insultes à la volée. À chaque fois, ça finit comme ça.

Ce débile fonce dans sa chambre en claquant la porte. Parce qu'en plus d'être irritable et un véritable chieur, monsieur a des problèmes de colère. C'est inné chez lui.

Beaucoup de bleus prennent place sur ses phalanges, ses pommettes ou encore ses côtes. Cette brute ne sait pas garder son calme, il doit provoquer les autres pour se sentir exister.

C'est sûrement dû à un manque affectif.

Linh s'excuse encore et toujours de son comportement en sachant très bien que nous aurons la même discussion la prochaine fois que je viendrai ici, mais je ne lui en veux pas.

Son visage s'illumine lentement, son sourire met en avant ses pommettes rosées. Ses lèvres s'incurvent en un rictus machiavélique.

Alors quoi ? On va encore mettre du miel dans ses draps ?

Begin againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant