19 : 𝐾𝑛𝑜𝑤 𝑦𝑜𝑢 𝑡𝑜 (𝑛𝑜𝑡) 𝑑𝑒𝑐𝑒𝑖𝑣𝑒 𝑦𝑜𝑢

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« There's no comfort in the truth. Pain is all you'll find. » Seether

L'étendue de cet appartement surpasse la mienne mais l'espace reste étroit. Je pensais que mon appartement était mal rangé, je n'avais jamais vu un bordel si phénoménal.

Cette pièce est à l'image de son esprit : éparpillé, désordonné, hors de contrôle. Son attitude imprévisible et impulsive fait de lui quelqu'un étranger à sa propre conscience. La différence entre le bien et le mal n'est que plus abstraite pour un être comme lui.

- Tu vis dans le chaos, donc.

- Il n'y a que les gens bêtes qui vivent dans l'ordre et la mesure. Les vrais artistes ne mettent pas de frontières à leur génie.

- Je suis prête à parier que contrairement à toi, ils sont propres au moins, je contre en souriant. Tu ne t'es pas lavé depuis combien de temps ?

Un faible rire me répond, Eliott apparaît et disparaît en me laissant seule dans son petit salon aménagé pour des soirées jeux. Seul son petit chaton me tient compagnie, son corps malicieux glisse entre mes jambes pour quémander des caresses.

Ses doux miaulements me font craquer, si bien que je cède à ses demandes. Mon mental ne vaut rien face à un chaton trop mignon, putain, je me fais pitié.

- Si tu t'inquiètes au sujet de mon hygiène, sache que je me lave tous les jours, reprend Eli en sortant de sa chambre avec un sweat sur le dos.

Les effluves boisées et légères se soumettent à mes sens pour mieux m'enivrer. Je n'arrive pas à cerner sa façon d'être. Entre attention et sarcasme, il cherche sans cesse à me remettre en place, comme si la mienne n'était qu'au sol.

A sa place au sommet, il règne en maître comme un charognard ayant soif de sang. Je ne fais pas le poids face à ses méthodes déloyales mais heureusement, il ignore bon nombre de mes talents.

Dans cette partie sans règles ni mesure, je compte bien me démarquer et le mettre sur le banc de touche. Il n'est pas envisageable de perdre face à un homme qui sait à peine lire deux phrases sans bégayer.

C'est très petit ça, comme réflexion.

- Je me fous de ton hygiène.

- Ouais, tu préfères mon chat. Il y aura des représailles, Vador, menace-t-il en le pointant du doigt.

Vador ? Comme Dark Vador ?

Eliott s'assoit sur son canapé de fortune en allumant Netflix, une façon de détourner mon attention. Je ne mordrais pas à l'hameçon, je ne lui laisserai pas l'avantage.

- Il va falloir qu'on parle de ce soir, tu n'as pas eu trop peur ? J'ai fait au plus vite, j'ai flippé de ne pas te voir.

Sa nonchalance se ressent à mesure qu'il passe un bon nombre de films comme si aucun ne méritait vraiment son attention. Au fond, je sais qu'il ne minimise pas les actions de cette soirée mais il cherche à me mettre à l'aise en lui donnant peu d'importance.

Détourner l'attention pour parvenir à ses fins semble être une stratégie courante vers la gente masculine, dommage que la discrétion n'entre pas dans le plan.

Dans cette génération ignorée et abandonnée en plein milieu du chemin, il est impossible de conserver le moindre point de repère. On continue à blâmer nos erreurs mais personne n'ose nous guider pour les éviter.

L'hypocrisie constante qui oppose deux camps ment sans cesse pour tromper le peu de vérité qui nous est offerte. J'aime à croire que l'on tente de nous tromper pour mieux nous dominer.

Begin againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant