8 : 𝐵𝑢𝑟𝑛 𝑖𝑡

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"I've been sober for a year, now it's time for me. To go back to my old ways, don't you cry for me" The Weeknd

Point de vue Eliott

Quelques minutes plus tôt.

- Je suis dans la merde Marlon.

Il me toise du regard sans même relever la gravité de l'info. Un simple haussement d'épaules me répond, il a tellement l'habitude qu'il en devient nonchalant. Ses pieds traînent au sol avant de frapper dans un cailloux, son attitude me gonfle.

- Tu es en retard.

Il se fout de ma gueule ?

- Il faut que tu me débarrasses d'un sac de bijoux.

- Non.

- Si, je contre avec un grand sourire à la limite du suppliant.

Marlon soupire lourdement en pivotant vers moi, sa froideur me fait face. Son regard est si vide, puissant comme un puits sans fond; son allure décontractée est synonyme de son désintérêt. Pourtant je sais qu'il va m'aider et qu'il va tout mettre en œuvre pour.

En un instant, il disparaît dans la foule tel un spectre, un inconnu presque déjà mort en se faufilant entre les corps à moitié vivant. C'est à peine s'ils se laissent vivre, la plupart ne savent même pas ce que c'est. Ils prétendent profiter de cette jeunesse illusoire sans se rendre compte que nous sommes tous déjà morts.

Ma théorie se confirme lorsque je rentre dans la maison bien trop grande pour trois personnes. Ces étudiants sont tous des inconnus le jour mais prétendent être compagnons la nuit. Des faux amis pour une soirée qui finira vite oubliée.

Je tente de me servir un truc fort mais tombe sur mon insupportable voisine qui joue les gamines privilégiées. Je m'attends à la voir se fondre dans la masse mais au lieu de ça, elle les évite, tous, sans exception.

Aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres, aucune parole ne tente de s'en échapper. Elle les retient tous prisonniers; elle tente peut-être même de les étouffer.

- Qu'est-ce que tu fous ici, Minimoys ?

Son corps se tourne à peine vers moi. Elle lève les yeux au ciel en soupirant avant de passer à côté de moi pour m'esquiver de justesse. Cette témérité me fait doucement rire, je déteste qu'on m'ignore.

Ses tentatives de fuite sont vaines, je la suis jusque dans l'escalier puis le long du couloir. Elle ouvre une porte qu'elle ferme à la volée juste derrière moi.

J'apprécie le fait d'être pris au piège si c'est par elle.

- Tu peux arrêter de me suivre.

- Tu peux arrêter de m'ignorer.

- Ce n'était pas une question, cingle-t-elle amèrement.

- La mienne n'en était pas une non plus.

Cette tendance qu'elle a de s'énerver pour si peu me fait jubiler, la pousser à bout va être plus simple que prévu.

Un simple regard, un simple soupir, ma simple existence la fait vriller. Son esprit se suicide à ma présence, la flamme ardente de son regard m'incendie sans crier gare. Son aura pourtant si peu imposante tente d'écraser la mienne d'une hargne foisonnante.

Ce dont elle pense me reste inconnu, chacune de ses expressions est un mystère. Toute sa peine emplit l'atmosphère, pourtant j'espère retrouver cette lueur que l'on n'a plus vue et qui un jour, a disparu.

Begin againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant