2 : 𝐹𝑜𝑟𝑔𝑒𝑡 𝑡ℎ𝑖𝑠 ℎ𝑒𝑙𝑙

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« I'll tell you all the ways he's misunderstood. » Palaye Royale

Point de vue Eliott

J'étouffe, je me perds, je sanglote. Où je suis ? Je n'en sais rien, je ne sais plus. Les grincements du parquet viennent me narguer en accentuant ma peur. Chaque pas équivaut à un coup de couteau dans ma poitrine.

Enfermé entre ces quatre murs étroits, une goutte de sueur s'écoule le long de ma tempe. Chaque seconde semble durer des heures; j'ai chaud et froid en même temps, je tremble en essayant de garder mon sang froid.

Le bois craque encore une fois sous le poids de ce salopard, je lui dois tellement de fric que je risque de me noyer dedans.

Le moi de dix-sept ans n'est qu'un idiot, un imbécile qui croit être au-dessus de tout. La vérité est que l'on veut ma peau, que la mort me traque, et rêve de me ramener avec elle. La faucheuse me fixe et rit de moi, elle se moque et convoite le jour où elle me traînera avec elle en me tirant par la main.

Je vais finir par mourir, là est ma fin.

Mes yeux se ferment ne voulant pas assister à ma fin misérable. L'odeur de poussière et de moisissure vient me provoquer, chaque minute est interminable.

Le type à qui je dois du fric abandonne très vite l'idée de me mettre la main dessus. Il grince des dents, tape dans une poutre déjà peu stable qui menace de s'écrouler sous l'impact du coup et jure avant de tourner les talons.

Il passe plusieurs appels, désespère lorsque ses sous fifres lui annoncent qu'ils m'ont perdu de vue et que je reste encore une fois introuvable. C'est la troisième fois cette semaine que je suis contraint de fuir et de me cacher, je commence presque à être à court d'idées de planque.

Cette fois-ci, c'est entre deux murs en bois.

Les toiles s'emmêlent autour de mes cheveux, je ne sens plus mes jambes coincée entre les planches tandis qu'une araignée géante de la taille d'un arbre danse juste au-dessus de ma tête.

Pitié, je n'aime vraiment pas les araignées.

Une énième goutte de sueur glisse le long de ma tempe lorsque les pattes de l'insecte bougent. Il fait tellement chaud que j'ai la forte impression d'avoir déjà mis un pied en enfer.

Le salopard claque la porte et toute la baraque se met soudain à trembler à tel point que l'arachnide me tombe sur le front.

Je réprime un cri suraigu et indigne de mon espèce avant d'éclater mon front contre le fin mur en bois juste devant moi. Je peine à m'extirper de cet endroit bien trop étroit en me demandant par quelle folie j'ai décidé d'écraser cette fichue araignée contre mon crâne.

Un regard furtif à mon téléphone s'assure de l'heure et se rend rapidement compte qu'il est beaucoup trop tard. Mon paternel va me défoncer.

La poisse, fais chier.

***

En errant dans les rues recouvertes de feuilles mortes, mes baskets traînent contre le goudron. Mes pensées me consument et me font douter de mes choix; l'appréhension fatigante de ne pas être à la hauteur donne un sens à mes insomnies. J'erre encore et toujours comme un chien errant qui ne sait pas où se foutre.

Le ciel est clair ce soir, les rues sont encore animées. Les amoureux se rejoignent pour leur centième date, les vieux profitent de leurs derniers instants et les enfants dorment bien au chaud à la maison en rêvant de leur héros préféré. Pathétique.

Begin againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant