« Love's the death of peace of mind » Bad Omens
Point de vue Zoë
Encore une nuit bercée par les insomnies, encore une crise d'angoisse qui ne passe pas et qui me force à sombrer dans mes peines les plus enfouies. Je tente en vain de les cacher, elles réapparaissent et je me laisse dominer contre mon gré.
La solitude m'assaille et m'envoie dans une introspection malsaine. Sans cesse, mes pensées passent en revue des éléments de ma vie pour la juger ou la remettre en question.
J'inspecte la pile de livres en soupirant, j'en ai déjà lu la plupart. Cette perspective de déjà lu m'ennuie, il faut que je sorte.
Sac sous le bras, je pars en courant d'air en direction de la librairie. Je ne saurais expliquer dans quel atmosphère me plonge cet espace si sain, bordé d'émerveillement. Une certaine lueur de plaisir se dégage de ces pages, tout est si calme et paisible.
Je manque de tomber à la renverse, j'ai failli percuter un homme avec un large dos. Il attend devant l'ascenseur, les mains dans les poches et son casque de moto à la main. Mon voisin.
Juger les gens ne fait pas partie de mes habitudes mais lui, il est étrange. Son regard aussi est étrange, son visage est perturbant tant il est presque doux et ses sourcils sont trop bien dessinés pour être réels. Étrange.
- Salut, je lance en tentant une approche amicale.
- Bonjour.
Son ton froid me confronte, ses iris ne trouvent jamais les miennes tant elles m'évitent. Des iris glaciales et froides, comme celle du garçon étrange à la bibliothèque du campus.
Un spécimen étrange.
- Bizarre, je pense à voix haute avant de plonger dans l'ascenseur.
- Qu'est-ce qui est bizarre ?
- Rien, quelque chose qui me traversait l'esprit.
L'angoisse.
- Qu'est-ce qui te traversait l'esprit ? demande l'inconnu en soupirant.
- Pas grand chose, juste...
- Je m'en fous.
Ah, ok.
La douceur de l'automne se confronte à mon visage, les couleurs de l'été prennent encore sagement place sur mes traits. Si le froid semble s'installer paisiblement, tout le monde redoute les retombées.
Les livres attendent sagement d'être feuilletés, leur patience se confond avec mon engouement. Si je le pouvais, je les prendrai tous; or, je ne peux me le permettre financièrement.
Je m'enfonce dans le coin poésie en espérant dénicher la pépite, la nouveauté qui me fera vibrer, celle qui me poussera à rêver. Les vers finissent poussière, se faisant désintégrer par les rimes et les rejets. Ils perdent de leur essence mais gagnent en valeur.
Les strophes donnent un sens à ces lignes, les quatrains et les tercets se fondent en leur origine. La crainte de l'enjambement fait trembler le vers, le plaisir d'être rejeté alimente cette douceur amère.
Des livres doux et agréables attendent impatiemment de se trouver un compagnon de trajet, pour une heure ou deux entre des mains avides de savoir et de comprendre la mélodie des phrases. Les mots se bousculent, ils tentent de sécher des larmes.
Je ne sais que choisir, tous sont tentants, tous ont l'air de vouloir réparer un cœur abîmé.
Mon choix se porte sur une anthologie, un regroupement de plusieurs poèmes, de quoi me faire vibrer pour une soirée.
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Begin again
RomanceUne frêle larme sur le coin de la joue, Lorsqu'un regard froid la tient en joue. Depuis ce jour, Zoë ne dort plus, elle ne respire plus, elle ne vit plus. En arrêtant de vivre, elle survit en combattant l'auteur de ses cauchemars. Eliott, lui, ne...